Environ deux tiers des mineurs ont menti sur leur âge pour accéder aux réseaux sociaux (officiel)    
Environ deux tiers des mineurs ont menti sur leur âge pour accéder aux réseaux sociaux (officiel)    

SENEGAL-ENFANCE-TIC

Kaolack, 23 oct (APS) – Environ deux tiers des mineurs sénégalais reconnaissent avoir menti sur leur âge pour pouvoir s’inscrire sur les réseaux sociaux, a rapporté mercredi, la magistrate Aïssa Gassama Tall, directrice générale de la protection judiciaire et sociale (DGPJS).

D’après elle, les dernières données de l’Agence de régulation des télécommunications (ARTP) de 2024 rapportent que le Sénégal compte ‘’plus de 8 millions’’ d’utilisateurs d’internet, dont 62% sont des jeunes de moins de 25 ans.

‘’Selon une étude de l’Alliance régionale des ONG pour la cybersécurité (ARONCY), près d’un enfant sur deux utilise les réseaux sociaux avant 13 ans, soit 44%, et environ deux tiers des mineurs interrogés à ce sujet, reconnaissent avoir menti sur leur âge pour pouvoir s’y inscrire’’, a-t-elle notamment rapporté.

Elle s’exprimant à Kaolack (centre) au démarrage d’un atelier de formation sur ‘’Abus et exploitation en ligne des enfants: réponse judiciaire et prise en charge des victimes’’, à l’initiative de la Direction générale de la protection judiciaire et sociale (DGPJS) du ministère de la Justice.

Le paysage numérique évolue à une vitesse vertigineuse, et les mécanismes de l’abus et de l’exploitation évoluent avec lui, a signalé la magistrate.

‘’Lors du lancement de la plateforme E-ARONCY, il y a quelques semaines, en présence du directeur de Village d’enfants SOS et du représentant du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, il a été révélé des données préoccupants’’, a souligné Mme Tall.

Cette ‘’connectivité accrue’’, bien que ‘’bénéfique’’, s’accompagne de ‘’risques majeurs” notamment la cybercriminalité pour laquelle en 2024, la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) a enregistré une augmentation de 40% des signalements liés à l’exploitation en ligne des enfants, notamment des cas de chantage sexuel et de diffusion d’images intimes, de terrorisme et de radicalisation.

‘’Les réseaux sociaux et les messageries cryptées sont de plus en plus utilisés pour le recrutement de jeunes. L’année dernière, trois cas de radicalisation en ligne ont été démantelés dans la région de Ziguinchor’’, a-t-elle signalé.

Selon elle, le proxénétisme numérique en fait partie également avec des prédateurs qui exploitent les plateformes sociales pour piéger les mineurs.

‘’En 2023, une douzaine de réseaux de proxénétisme a été démantelée au Sénégal, dont plusieurs impliquant des adolescents via des applications comme WhatsApp et Tik-tok’’, a-t-elle dit.

Pour faire face à ce danger émergent, la directrice générale de la protection judiciaire et sociale estime que la Convention de l’Union africaine (UA) sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel, adoptée à Malabo, en 2014, pose les fondations d’un espace numérique africain sûr et fiable.

‘’Au-delà de la seule sécurité, la politique de l’UA promeut l’autonomisation numérique de l’enfant. Il s’agit de trouver un équilibre crucial qui consiste à protéger nos enfants des prédateurs en ligne – qu’il s’agisse d’abus sexuels, d’exploitation, de harcèlement ou de divulgation non consentie d’images – tout en leur permettant d’accéder aux immenses opportunités qu’offre le numérique pour leur éducation, leur épanouissement et leur participation citoyenne’’, a ajouté Mme Tall.

Pour elle, cet atelier de formation est une ‘’réponse concrète’’ à cette double exigence: renforcer le bouclier protecteur sans fermer la porte aux savoirs et aux innovations.

ADE/ASB/SKS/HB/MTN