SENEGAL-CULTURE-PROFIL

Par Cheikh Tidiane Sarr

Kaffrine, 25 mars (APS) – L’artiste peintre autodidacte, Papa Elimane Guèye, plus connu sous le nom d’Elias, est un jeune talent sénégalais, qui commence petit à petit à se faire de nom dans le milieu artistique, de par ses belles œuvres, visibles partout au Sénégal.

Originaire du département de Birkelane, dans la région de Kaffrine, Papa Elimane Guèye, de son nom d’artiste Elias, reste un passionné de la peinture.

Ce jeune, âgé de la vingtaine, a débuté sa carrière en 2020 dans son quartier Thierere, à Birkilane, à travers des œuvres inspirées par des dessins sur des bouts de papier, malgré le désaccord de son père, qui voulait qu’il se concentre plus sur ses études.

De taille moyenne, il a toujours une casquette bien vissée sur sa tête. D’un sourire facile, l’air timide, une sensibilité artistique énorme, doublée d’une maîtrise technique, Elias reste très actif et créatif. Il a toujours aimé la peinture, avec les petits dessins, qu’il ne cessait de faire à l’école.

Très doué à l’école, Elias a finalement arrêté ses études en classe de première au lycée de Birkelane, pour se concentrer à la peinture.

L’enfant de Birkelane n’a jamais fréquenté l’école des beaux-arts. Il n’a fait aucune formation de base artistique, mais, aujourd’hui, il fait partie des jeunes espoirs sénégalais les plus innovants dans ce milieu.

‘’Mon père n’était pas d’accord au début, mais finalement, il m’a encouragé et a prié pour moi, car, il savait que, j’ai la passion’’, a- t-il raconté, ajoutant qu’il a commencé à montrer son talent sur des contreplaqués.

L’appétit venant en mangeant, le jeune artiste commence à créer sur toile en utilisant des techniques d’aplat, avec seulement deux couleurs neutres : le noir et le blanc.

Plusieurs thèmes abordés dans ses œuvres

L’enfant de Ndoucoumane utilise différents types de peinture dans ses œuvres dont l’huile, l’acrylique, l’aquarelle, la gouache, les pinceaux, couteaux à peindre et éponges artistiques.

Inspiré par son père, qui fait partie de ses conseillers, Elias aborde plusieurs thématiques dans ses œuvres notamment ‘’la foi’’, ‘’la souffrance’’, ‘’la paix face cachée’’ et ‘’le monde demain’’.

‘’Je suis fier d’être un autodidacte, mais dans toute chose, il faut avoir de la passion’’, a-t-il soutenu.

Toutefois, il dit être un passionné de la lecture, des voyages, la découverte d’autres horizons et d’autres artistes.

Aujourd’hui, malgré son jeune âge, Elias a pu se faire un nom partout à Kaffrine et ailleurs. Il aime créer des tourbillons de couleurs et de formes qui laissent sans voix beaucoup d’artistes, avec une seule particularité : l’utilisation des couleurs, la diversité des techniques et la simplification des formes.

‘’J’ai participé à un concours national des maîtres de la peinture à Thiès en 2022 et Dieu merci, j’ai remporté la troisième place’’, se réjouit le jeune artiste.

Il a dessiné avec un marqueur feutre en 2020, son premier tableau intitulé : ‘’le monde à l’envers’’. Il l’a offert à Makhtar Dia, un ami de son père, mais également à d’autres personnalités, dont le président du Conseil départemental de Birkelane, Omar Sarr.

En 2023, lors de la onzième édition du festival national des arts et de la culture (FESNAC), tenu à Kaffrine, le jeune artiste s’est aussi distingué en exposant ses différentes œuvres. L’ancien ministre de la Culture, Aliou Sow, lui avait même demandait de faire un tableau pour le président Macky Sall lors de la clôture de cet événement culturel qui met en exergue les arts scéniques, la danse, le théâtre et la musique.

Malgré le temps un peu court, le jeune artiste a réussi ce défi en impressionnant tout le monde.

‘’Le fesnac m’a permis aussi d’être connu par le grand public et je remercie vivement le ministre Aliou Sow pour son encadrement et son accompagnement, car, même après le fesnac, il m’a permis d’aller au festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) au Burkina Faso et ailleurs et d’élargir mon réseau et mes contacts’’, a-t-il rappelé.

Un jeune discret, travailleur et très ambitieux, selon ses proches

Conscient de l’importance de l’internet dans son travail, Elias n’hésite pas à utiliser les réseaux sociaux à travers les différentes plateformes : You tube, Instagram, Facebook, Tik tok et WhatsApp.

Aujourd’hui, il est le seul et unique artiste peintre à faire des ”live performance” en deux heures de temps durant les grands évènements religieux comme : le Magal et le Gamou.

‘’Mon combat ce n’est pas de vendre. La peinture, c’est une passion. J’ai vendu des tableaux à 25 000 et 30 000 francs CFA. (…) mon dernier tableau a été vendu à 1,5 un million de francs CFA. La patience est amère, mais son fruit est doux. L’essentiel, c’est d’avoir de l’ambition’’, philosophe t-il.

Il signale par ailleurs qu’il a des commandes partout dans le monde : au Maroc, en Côte d’Ivoire, en Allemagne et en France.

Elias reste un jeune discret, calme, discipliné, travailleur et très ambitieux, qui mérite d’être soutenu et accompagné, selon certains de ses proches.

‘’Dès son arrivée à Ouagadougou, le jeune artiste peintre, Elias de Birkelane a réussi son intégration parmi les grands. Il a réalisé sur place ce tableau d’art offert au ministre en charge de la Culture du Burkina Faso en ma présence. J’aime ceux qui ont le sens de l’initiative et surtout du devoir’’, avait salué l’ancien ministre de la Culture du Sénégal, Aliou Sow.

Le directeur du centre culturel régional de Kaffrine, Abdourahmane Diallo, a pour sa part, donné à Elias le nom de ”roi” de la technique d’aplat qui consiste à étaler des couches de peinture sans aucune épaisseur, de telle sorte qu’aucune trace du pinceau n’apparaît.

A l’en croire, Elias est un ”visionnaire” qui redéfinit les codes de l’art contemporain. Un ”pur talent” à découvrir, selon lui.

Très ambitieux, l’enfant de Birkelane a créé aussi sa propre marque dénommée ‘’FLEO’’.

‘’C’est une marque qui transcende les ombres pour révéler la lumière intérieure qui brille en toi. De la résilience à la réussite personnelle, chaque trait de notre art incarne la détermination et la force qui sommeillent en toi. Le Fleo, célèbre la persévérance, la confiance en soi et la volonté inébranlable de surmonter les obstacles’’, a-t-il expliqué.

Le jeune artiste indique aussi avoir créé sa propre technique unique dans le monde  ‘’Oculame’’, à partir de la fusion deux idées fondamentales.

‘’Oculus, un mot latin qui signifie œil, symbole universel de la vision, de la perception et de la conscience. Et l’âme représente l’émotion profonde et la vérité intime de chaque être’’, a-t-il dit.

Elias a réalisé beaucoup de fresques murales, toiles ou œuvres. Elles sont visibles partout à Kaffrine, dans les rues surtout à la devanture du centre de santé Saliou Ndao, à la sphère administrative régionale. Il a offert des tableaux aux différents services de l’État, au centre culturel régional, à des collectivités dont Mbour, Foundiougne et Dakar.

Il rêve d’être connu dans le monde entier et d’exposer ses œuvres avec les plus grands artistes dans les plus grandes galeries et musées en tant que fils du Saloum et digne représentant du Sénégal.

 CTS/ASB/OID