SENEGAL-HABITAT-SECURITE
Dakar, 26 mai (APS) – Le président de l’Ordre des architectes, Massamba Lamsar Diop, a souligné la nécessité de respecter les règles en matière de construction de bâtiment à usage d’habitation, rappelant que leur non-respect est à l’origine des effondrements d’immeubles notés ces derniers temps.
‘’L’érection de bâtiment obéit à des règles. A partir du moment où elles ne sont pas respectées ou qu’on n’en a pas tenu compte, il faut s’attendre à tout’’, a-t-il dit dans un entretien à l’APS, au lendemain de l’effondrement d’un immeuble à Ngor, à Dakar.
Le 8 mai dernier, cet édifice de cinq étages s’est affaissé dans ce quartier de la capitale sénégalaise, coûtant la vie à deux personnes. Le 25 mai, à Touba, dans le centre du pays, un autre immeuble s’est également effondré, causant la mort de onze personnes et sept blessés, ont indiqué plusieurs médias citant des sources sécuritaires.
Pointant la même raison que le président de l’Ordre des architectes, le directeur national de la Construction, Moussa Tine, dans une déclaration, lundi, à la presse locale, a attribué ce drame survenu dans la deuxième ville pays au ‘’non-respect des normes de construction’’.
La survenue des effondrements d’immeubles trouve une explication dans la non-implication, dans la chaîne de construction, des architectes, considérés comme des ‘’dessinateurs’’ par l’imaginaire populaire, selon Massamba Lamsar Diop.
‘’Malheureusement, on fait fi des prescriptions des hommes de l’art pour pouvoir réaliser ces bâtiments (…). Souvent on pense que nous sommes des dessinateurs. Nous ne sommes pas des dessinateurs’’, a souligné le président de l’Ordre des architectes.
Leur mise à l’écart dans la réalisation des immeubles peut engendrer, selon lui, ‘’ beaucoup de problèmes’’, car ‘’l’architecte est le maitre d’œuvre et doit tout faire pour qu’il n’y ait pas de sinistre’’.
Pour éviter les effondrements d’immeubles, Massamba Lamsar Diop estime qu’il faudrait que chaque intervenant, dans la chaine de construction, respecte ses prérogatives et fasse son travail normalement.
‘’Quelque fois, vous bougez une porte sans mesurer les conséquences que cela peut avoir’’, a-t-il averti, assimilant le travail de l’architecte à celui du ‘’généraliste [qui] demande aux spécialistes de venir travailler dans différents domaines du projet’’ immobilier.
‘’Même si vous achetez une parcelle, dès le départ, je peux vous dire s’il faut la prendre ou pas. Je pourrais également vous orienter selon la qualité du sol, s’il s’agit d’une voie d’eau, d’une zone inondable ou si elle comporte de l’argile gonflante’’, a-t-il dit faisant prendre conscience de l’importance de solliciter les services d’un architecte même avant l’achat de la surface à construire.
Évoquant les facteurs explicatifs globaux de l’effondrement d’un immeuble, le président de l’Ordre des architectes en a dressé une liste non exhaustive.
‘’Sans entrer dans les détails, il y a un faisceau de facteurs qui fait qu’un bâtiment s’effondre. Par exemple, une extension d’étages, sans qu’on ne sache sur quelle base cela a été fait. Est-ce que ce bâtiment existant était prévu pour supporter ces étages ? Il peut également s’agir d’une excavation à côté d’un bâtiment sans qu’on ne prenne les dispositions pour le protéger, alors qu’un marteau piqueur peut le faire vibrer’’, a fait savoir Massamba Lamsar Diop.
ABB/OID
