SENEGAL-FINANCEMENT-STRATEGIE
Dakar, 16 déc (APS) – L’option des nouvelles autorités de recourir aux “Diaspora Bonds” pour lever des fonds destinés aux investissements publics s’inscrit dans une volonté de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des marchés financiers internationaux classiques et de l’aide publique au développement.
Le Sénégal a décidé de recourir au financement endogène de son économie. Dans cette perspective, le pays a lancé, le 18 septembre 2025, son tout premier “Diaspora Bond”, un instrument inédit destiné à mobiliser directement l’épargne des Sénégalais de l’extérieur, par le biais d’un emprunt obligataire d’un montant de 300 milliards FCFA
Cette innovation mise sur une meilleure implication des Sénégalais de l’extérieur, véritable mine financière à travers ses transferts d’argent.
Le potentiel économique des Sénégalais de l’étranger est non négligeable, avec plus de 2 200 milliards de francs CFA transférés par la diaspora en 2024. Des ressources qui jusque-là servaient majoritairement au soutien des familles.
Les autorités sénégalaises ambitionnent désormais de canaliser une partie de ces flux financiers vers l’investissement productif.
Il s’agit, pour le gouvernement, de changer de paradigme et d’approche en réorientant ces envois ou épargnes des émigrés vers le financement du développement.
L’État entend aussi solliciter régulièrement le financement participatif de la diaspora dans un contexte de tensions sur les finances publiques, alors que les autorités sont en quête de financement pour le Plan de redressement économique et social (PRES), lancé le 1er août dernier.
La “jurisprudence” du Grand barrage de la renaissance éthiopienne
La diaspora sénégalaise peut aller plus loin que ses transferts et ses bonds en étant un acteur et actionnaire majeur dans le financement des grands projets de l’Etat.
C’est en cela que la contribution de la diaspora éthiopienne au montage du Grand barrage de la renaissance éthiopienne (GERD), inauguré en septembre 2025 après plus d’une décennie de construction, est une source d’inspiration.
Le plus grand projet hydroélectrique du continent, qui produit 5 150 mégawatts d’électricité, a été financé principalement par des sources nationales avec près de 91 % du coût couvert par les banques d’État et des obligations publiques, des contributions salariales et des dons de citoyens et de la diaspora.
Les Ethiopiens de l’extérieur ont investi plus de 56 millions de dollars, soit près de 37 milliards de FCFA dans le projet de construction de la centrale hydroélectrique de Grand Renaissance (6 450 MW).
Ce financement a été fait à travers la cession, depuis le lancement du projet en 2011, de plus de 2 millions de Bonds de trésors et dénote de la volonté du gouvernement éthiopien d’intégrer ses ressortissants résidant à l’étranger dans son processus de développement.
De plus en plus de pays émergents, notamment en Afrique et en Asie, étudient ou lancent des diasporas bonds pour financer les ODD (Objectifs de développement durable) et les infrastructures, en s’appuyant sur des communautés expatriées importantes et financièrement solides.
La célébration de la première édition de la Journée nationale de la diaspora est prévue ce mercredi au Centre international de conférences Abdou-Diouf (CICAD).
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