SENEGAL-POLITIQUE
Dakar, 23 mars (APS) – Il n’était pas encore 20 heures cette soirée du 24 mars 2024, lorsque les rues de Dakar et de certaines grandes villes du pays commençaient à être investies par des jeunes excités à mesure que les radios et les chaines de télévisions relayaient en direct les résultats de l’élection présidentielle affichés devant les bureaux de vote à travers le Sénégal.
Ils étaient sans doute certains en ce moment que l’histoire était déjà écrite : Bassirou Diomaye Faye venait de remporter l’élection présidentielle.
Un an après, les souvenirs de cette soirée sont restés intacts dans la mémoire de bon nombre de citoyens. Main de Dieu ! délivrance ! allégresse ! Joie indescriptible ! Victoire salvatrice. Chez certains, les mots manquent encore pour décrire le sentiment et l’ambiance qui ont régné ce jour. Il est tout aussi vrai que la nature de la dernière Présidentielle, le caractère rocambolesque du processus ayant débouché sur sa tenue, combinés à l’histoire personnelle du Président, constituent des éléments qui renforcent la dimension inédite de ce scrutin.
Le plus jeune Président élu de l’histoire politique du Sénégal, avait été désigné candidat, alors qu’il était en prison, par son mentor, Ousmane Sonko, actuel Premier ministre du Sénégal. Dix jours avant la tenue du scrutin, le cinquième Président du Sénégal croupissait à la prison du Cap Manuel de Dakar. Dans leurs souvenirs, beaucoup de ses partisans savent qu’une issue victorieuse n’était pas garantie. Difficile d’oublier le climat tendu dans le pays pendant plus de trois ans, envenimé, par la suite, par la décision d’un report sine die du scrutin par l’ancien Président Macky Sall, le 3 février 2024, la veille de l’ouverture officielle de la campagne pour la Présidentielle qui devait se tenir le 25 février.
‘’Une joie indescriptible m’a envahi à l’annonce des résultats, après la fermeture des bureaux de vote. J’étais si content que je n’ai pas diné ce soir-là, malgré le fait que j’avais jeûné’’, s’est souvenu Abdou Diaw, un vendeur de lunettes, rencontré à la Place de l’Indépendance en plein centre-ville dakarois, où il tient son petit commerce.
Comme la plupart de ses concitoyens, M. Diaw, la soixantaine révolue, a vu cette élection du Président Bassirou Diomaye Faye comme une ‘’délivrance’’ pour le Sénégal.
Le commerçant qui affirme n’être membre d’aucun parti politique n’en dit pas moins avoir été ‘’foncièrement hostile’’ au régime de Macky Sall qu’il accuse d’avoir ‘’pillé le Sénégal et dilapidé toutes ses ressources’’.
Le pays avait besoin d’un nouveau souffle
‘’À la lumière des scandales financiers et du gangstérisme foncier révélés depuis quelques jours par les rapports des corps de contrôle de l’Etat, je suis davantage convaincu d’avoir fait le bon choix en votant (Bassirou) Diomaye (Faye)’’, clame-t-il.
À l’image de son congénère, Papa Demba Khoudiougou, se rappelle l’euphorie qui a accompagné cette élection. Comme si c’était hier.
Cet employé d’une institution financière de la place se remémore cette soirée électorale du 24 mars 2024 dans ses moindres détails.
‘’Cette soirée restera à jamais gravée dans ma mémoire. Ce sont des instants magiques qu’on ne vit qu’une seule fois dans sa vie. J’ai ressenti une très grande joie avec la victoire du Président Bassirou Diomaye Faye, parce qu’un jeune de ma génération est arrivé au pouvoir’’, a dit M. Khoudiougou avant de formuler des prières pour la réussite des nouvelles autorités.
Dans d’autres lieux de la capitale sénégalaise, le même sentiment de délivrance et de joie anime les interlocuteurs de la journaliste de l’APS.
Trouvé dans son taxi communément désigné sous le vocable de ”clando”, stationné non loin de l’annexe de la Direction générale de la Police nationale, en face de la Porte du millénaire, Daouda Diouf attend patiemment d’hypothétiques clients en cette matinée frisquette du mois de mars.
L’ancien employé de l’Assemblée nationale ne peut s’empêcher d’afficher un large sourire à l’évocation du dernier scrutin présidentiel qui a consacré l’accession de Bassirou Diomaye Faye à la magistrature suprême.
‘’Dès que les résultats ont commencé à tomber, j’ai ressenti une joie immense. On en était arrivé à un stade où il fallait qu’on change de Président pour apaiser la tension et panser les blessures et traumatismes’’, a estimé le conducteur.
Une élection et d’immenses espoirs
Aux fins de son analyse, ‘’le pays avait besoin d’un nouveau souffle, les gens étaient fatigués, la tension grande, l’argent public détourné. On était au bord du chaos’’.
Daouda Diouf ne manque pas de réaffirmer ses grands espoirs qu’il place sur les nouvelles autorités pour que le Sénégal prenne son envol économique.
Venue observer sa pause de la journée dans un atelier de couture non loin de son lieu de travail, Fatou Fall, s’emballe également lorsqu’on lui demande de raconter sa soirée électorale du 24 mars 2024.
‘’Oh, c’était la délivrance. (Ousmane) Sonko a été calomnié, trainé dans la boue, brimé et incarcéré, mais par la grâce de Dieu, le candidat qu’il a désigné est arrivé au pouvoir, et avec la manière, puisqu’il a été élu dès le premier tour’’, s’exclame cette agente dans l’administration publique.
Emmitouflée dans une belle robe en velours de couleur bleue, elle considère le Président Faye comme un messie, ajoutant : ‘’sa victoire est salvatrice’’.
Dès que les premières tendances ont donné largement vainqueur le candidat Bassirou Diomaye Faye, elle se souvient s’être engouffrée dans son véhicule pour jubiler dans les rues de Sangalkam, à la périphérie de Dakar.
‘’Ce 24 mars-là, le jour de mon anniversaire, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Ma famille et moi étions sortis jubiler dans la rue et j’avais vu des jeunes pleurer de joie. C’était la liesse populaire’’, s’est encore remémorée Mme Fall.
Au moment de célébrer l’an un de la troisième alternance politique, elle invite les nouvelles autorités à davantage se focaliser sur l’emploi des jeunes et la réduction du coût de la vie, afin que ‘’l’année 2025 s’achève sur une note positive’’.
Le même sentiment d’espoir habite également Lawratou Diallo. Cette dernière, gérante d’un salon de coiffure au populeux quartier de la Médina, s’est souvenue de sa nuit blanche le jour du scrutin, en signe d’euphorie naissante.
‘’Dieu venait d’exaucer le vœu de tous les Sénégalais, parce qu’on priait tous les jours pour la victoire de Diomaye. Je ne peux pas décrire la joie qui m’a animée ce jour-là. Les résultats ont éveillé en nous un immense bonheur. Ce jour-là, je n’ai pas dormi’’, a-t-elle fait savoir.
Elle poursuit : ‘’Je ne pensais qu’à la défaite des partisans de Macky Sall, je me disais que j’étais dans un rêve. Par la suite je suis sortie pour aller jubiler sur la Corniche, je me disais que seul Dieu est capable d’un exploit pareil’’.
Ses propos sont aussi largement partagés par Sarata Sonko, qui dit avoir été ‘’aux anges’’ cette nuit-là avec la victoire de son candidat, insistant sur ses immenses souhaits pour que Bassirou Diomaye Faye réussisse son mandat à la tête du Sénégal.
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