SENEGAL-POLITIQUE
Dakar, 24 mai (APS) – Des acteurs du monde politique et de la société civile anticipent le débat sur l’opportunité de remplacer la Commission électorale nationale autonome (CENA) par une Commission électorale nationale indépendante (CENI), un des points soumis à l’appréciation des participants au dialogue national qui s’ouvre mercredi à Diamniadio.
La mise en place d’une CENI à la place de la CENA est une promesse électorale du président Bassirou Diomaye Faye. Un point qu’il a continué à évoquer lors de différentes sorties publiques. Une proposition qui fera sans doute objet de discussion au dialogue national consacré au système politique sénégalais.
Ibrahima Thiam, le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), trouve ‘’inopportune’’ et ‘’mal fondée’’, l’idée de remplacer la CENA par une CENI.
‘’Il n’existe aucune urgence politique ou crise électorale pouvant justifier une telle réforme’’, a-t-il commenté lors d’un entretien accordé à l’Agence de presse sénégalaise.
Le leader de ACT, parti fondé par l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, justifie sa position par le fait que l’élection présidentielle de mars 2024 s’est déroulée dans un climat “globalement apaisé” et n’a pas été contestée, prouvant, selon lui, que le système électoral sénégalais, bien que perfectible, fonctionne bien.
‘’Pourquoi donc vouloir le bouleverser si ce n’est pour des calculs politiques à moyen terme ?’’, s’interroge-t-il, non sans proposer une réforme visant plutôt à renforcer l’indépendance de la CENA. ‘’Il est inutile de mettre en avant des concepts creux pour rechercher de l’effet d’annonce’’,
Sa position recoupe celle de l’expert électoral Valdiodio Ndiaye qui, dans un entretien paru le 9 avril 2024 dans le journal Sud Quotidien, soutenait le terme CENI renvoie aux conférences nationales organisées au début des années 1990 dans de nombreux pays d’Afrique francophone en référence à une période de transition démocratique.
Il suggère de se projeter sur une “modernité” et d’aller vers la création d’une “haute autorité électorale ou d’une délégation générale aux élections”.
L’expert électoral Frédéric Kwady Ndecky embouche la même trompette, dans les colonnes du même journal en déclarant que l’amélioration du système électoral ‘’ne nécessite guère le remplacement de l’actuelle CENA par une CENI’’.
‘’C’est avec cette CENA que l’on a eu les deux dernières alternances pacifiques en 2019 et 2024. C’est avec elle que l’on vient de voir arriver au pouvoir un candidat de l’opposition, dès le premier tour’’, fait-il valoir.
La CENA a été créée à travers le vote de la loi 2005-07 du 3 mai 2005. Elle est dotée d’une personnalité juridique et d’une autonomie financière lui permettant d’avoir les moyens de sa politique.
Cette structure est l’héritière de l’Observatoire national des élections (ONEL) qui avait été créé en 1997 pour garantir un processus électoral transparent et apaisé au Sénégal.
HB/AKS