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Dakar, 19 déc (APS) – Des experts, sociologues et économistes venus de plusieurs pays d’Afrique ont planché jeudi sur la question de la ”décolonisation des indépendances à aujourd’hui”, à l’occasion du colloque international sur le centenaire de Frantz Fanon (1925-1961).
Ils ont traité cette thématique à travers la souveraineté, la dépatriacalisation ou encore les nouvelles technologies.
Environ 120 délégations venues de 23 pays africains et du monde, participent à cette rencontre qui se déroule jusqu’au 20 décembre, au Musée des civilisations noires, sur le thème “L’espérance africaine de Fanon”.
“Nous sommes encore au cœur de la problématique de la colonialité avec les associations fondamentales, structurales et psychologiques que nous allons implémenter”, a déclaré l’universitaire et économiste sénégalais, intervenant lors de cette table ronde axée sur le thème “Décoloniser les indépendances, aujourd’hui”.
Selon Felwine Sarr, le pouvoir d’économiser l’indépendance, revient à reprendre le projet initial de l’élimination, tout en le traduisant dans la créativité, le renouveau institutionnel.
Il ajoute que ce pouvoir se manifeste également par la réinvention des formes politiques et économiques.
“Aller regarder dans les lieux qui ont été non colonisés, et pour moi la culture est importante comme lieu et voir quelles sont les ressources dont nous disposons, pour reprendre toutes les compétences de création”, a-t-il suggéré, non sans ajouter que l’action des indépendances structurelles auxquelles sont liés les africains se situe à plusieurs niveaux.
Pour la sociologue Odome Angone, enseignante-chercheure à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), il faudrait dans le processus de la souveraineté, se souvenir que l’on ne peut pas décoloniser sans ”dépatriarcaliser”.
“Pour décoloniser les indépendances, et pour arriver à l’enjeu démographique de 2050, continuer à considérer qu’il est possible en Afrique que des femmes décèdent en donnant la vie, ce n’est pas possible aujourd’hui […]”, a-t-elle estimé.
Elle évoque plusieurs sortes de décolonisation des imaginaires parmi lesquelles la question de l’égalité entre homme et femme, l’intangibilité des frontières en Afrique.
“Dans le principe de la décolonisation des imaginaires, il faudrait penser également à l’intangibilité des nos frontières en Afrique. Ce n’est pas compréhensible qu’un Européen circule plus facilement en Afrique que les Africains eux-mêmes’’, a-t-il noté.
Le sociologue algérien Saïd Bouamama, a quant à lui indiqué que sur la question de la souveraineté nationale, il faudrait arriver à la réinvention d’un projet centré sur les réalités, l’histoire et les classes sociales purement africaines.
“Le capitalisme n’a pu apparaître qu’en détruisant toutes les autres formes de société, c’est le premier mode de production historique de l’humanité qui ne peut fonctionner qu’en s’étendant […]”, a-t-il martelé.

AMN/ADL/BK

