Belli Dialo : dans la crainte de nouvelles inondations, les populations réclament un site de recasement définitif
Belli Dialo : dans la crainte de nouvelles inondations, les populations réclament un site de recasement définitif

SENEGAL-ENVIRONNEMENT-REPORTAGE

Belli Dialo, 9 juil (APS) – A Belli Diallo, le temps passe, mais les stigmates et les effets des inondations de l’hivernage 2024 demeurent plus que jamais présents dans le quotidien des habitants qui réclament, avec insistance, l’octroi d’un site de recasement définitif pour en finir à jamais avec la crainte d’être à nouveau délogés par des inondations, laquelle a été ravivée par une forte pluie tombée mardi dernier.

Entre le mois d’octobre 2024 et aujourd’hui, rien n’a l’air d’avoir changé pour les habitants de ce hameau situé à quelques encablures de la ville de Matam.

Les villageois, chassés par le débordement des eaux du fleuve Sénégal, vivent toujours dans des habitations de fortune, sur un site de recasement dont ils n’ont pas la propriété. L’un de leurs principaux souhaits est qu’il leur soit octroyé pour de bon.

En plus des craintes liées à d’éventuelles inondations, les populations de Belli Diallo sont confrontées à des problèmes d’eau, leur mini-forage ne fonctionnant pas tous les jours.

En cette matinée d’un jour de juillet, Belli Diallo vient de se réveiller. Sous chaque case, on s’organise autour des premières tâches de la journée. Pendant que les uns se préparent pour le petit déjeuner, d’autres, comme ces deux adultes, rangent des fagots de bois destinés à être vendus, avec l’aide de deux jeunes.

En cette matinée où le soleil se montre plutôt discret, ce hameau de 24 familles porte encore les stigmates de la grosse pluie tombée sur la région de Matam dans la nuit de mardi dernier. A cause de cette pluie, des cases en paille et une partie du mur d’un bâtiment en dur se sont écroulées.

A l’arrière du village, sont attachés des vaches, des bœufs et des ânes. Pendant ce temps, les moutons divaguent au milieu de cet espace devenu un lieu d’habitation.

Aliou Camara est obligé d’en chasser certains qui broutaient l’herbe sèche ayant servi à bâtir une des nombreuses cases érigées sur le site.

Deux petites filles traversent la route pour aller servir du petit-déjeuner à des membres de leur famille restés sur le site originel du village et dont les habitants ont été chassés par la crue du fleuve.

Chose inhabituelle, l’air, en cette matinée, est chargé de fraîcheur, conséquence de la pluie tombée la veille.

Une mare s’est même formée sur la partie droite du site, un signe qui n’est pas sans rappeler les inondations vécues par Belli Diallo en octobre dernier.

Une situation qui avait poussé beaucoup de familles à trouver refuge de l’autre côté de la route, sur un endroit situé en hauteur, le temps de reconstruire leurs bâtiments effondrés.

Elles avaient ainsi quitté leurs habitations devenues inhabitables à cause des eaux.

Depuis le mois d’octobre, sept familles y vivent encore. Dix-sept autres sont revenus s’installer dans le village où elles vivaient depuis plus de 40 ans. Elles y étaient arrivées en provenance de Diandioly, un village de la commune de Ogo.

A défaut de retourner sur le site originel, certains ont commencé à construire des habitations en banco. C’est le cas de Aliou Camara, dont la famille vit sous une tente faite de tissu, de paille et de plusieurs autres matières.

A l’intérieur, sa femme et ses enfants s’affairent autour du petit-déjeuner. Dehors, il faut faire attention au sol boueux, d’autant qu’une fine pluie est en train de tomber.

Son frère, Mamadou Abdoulaye Camara, chef de village de Belli Dialo, dit être dans un dilemme, car obligé de faire des allers-retours entre les deux sites.

L’eau du fleuve comme alternative

“A un moment, j’ai décidé de retourner dans mon ancienne maison, qui se trouve de l’autre côté, au bord du fleuve, laissant une partie de ma famille ici. Avec l’hivernage, nous allons sûrement revenir”, dit-il.

Il déclare que les familles qui vivent sur le premier site et qui étaient épargnées par les eaux vont, à leur tour, être obligées de se déplacer. Sa conviction est que les eaux ne vont rien laisser sur leur passage cette année.

Dans sa maison située au bord du fleuve, Mamadou Abdoulaye Camara a réparé les quelques fissures causées par les inondations de l’hivernage dernier pour s’y installer seul, pour le moment.

‘’Nous avons beaucoup de craintes par rapport à l’arrivée de l’hivernage et même au débordement du fleuve annoncé. Nous sommes ici juste parce que nous n’avons nulle part où aller’’, se désespère le chef de village qui s’apprête à regagner son champ de riz.

Depuis qu’elles ont abandonné leurs habitations, les populations demandent à ce que le site sur lequel elles ont aménagé leur soit affecté. En raison de sa topographie, il ne peut être atteint par les eaux du fleuve, car protégé par une route qui le sépare de la partie basse.

Ce site, qui se trouve dans la commune de Ogo, entre les villages de Nawel et Belli Thoyi, est la propriété d’agriculteurs résidant à Matam.

Ces derniers y cultivaient du riz, mais les terres sont restées inexploitées depuis deux ans.

Pour le frère de Mamadou Abdoulaye Camara, la situation se complique de jour en jour, surtout à cause de la proximité du hameau avec des champs appartenant à des personnes n’habitant pas le village.

Il signale que des gens sont venus leur demander de faire attention à leurs champs qui se trouvent juste derrière leurs habitations de fortune.

Outre le problème de recasement, les populations de Belli Dialo sont aussi confrontées à des problèmes d’eau potable.

Le site situé au bord du fleuve dispose d’un mini-forage, mais celui-ci ne fonctionne pas tous les jours. Conséquence de cette situation, il arrive que les villageois n’aient d’autre choix que de boire l’eau du fleuve ou de l’utiliser pour le linge et la lessive.

Houlèye Djiby Koné, qui sort de sa case, nous montre les dégâts causés par la pluie de la veille. Selon elle, la vie sur ce site a toujours été difficile.

‘’Je vis ici avec mon mari et mes enfants dans une case bricolée avec toute sorte de matériaux. Hier nuit, nous n’avons pas pu dormir à cause de la pluie. Il fallait déplacer certains bagages pour qu’ils ne soient pas détruits par les eaux’’, explique-t-elle.

Pour elle, les dons en nourriture, en argent ou en matériel ne suffisent pas. Elle demande aux autorités de leur octroyer un site pour le relogement définitif du village.

AT/HB/ASG/AB/HK

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