Aux origines du centre Talibou Dabo, une trouvaille du président Senghor
Aux origines du centre Talibou Dabo, une trouvaille du président Senghor

 SENEGAL-EDUCATION-HISTOIRE

Dakar, 5 oct (APS)- Le centre Talibou Dabo de Grand-Yoff, dont la mission est de favoriser l’intégration socioéconomique des enfants en situation de handicap, à travers une offre de prise en charge éducative, de réadaptation fonctionnelle et d’accompagnement social, est une trouvaille du premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor.

Le président-poète en a eu l’idée alors qu’il rendait visite, en 1979, à des enfants pris en charge à l’hôpital Aristide Le Dantec, à Dakar, par le chirurgien orthopédiste Idrissa Pouye, révèle l’actuel directeur du centre Talibou Dabo, docteur Aloïse Benoit Baba Diouf, neuropédiatre.

L’idée de mettre en place un centre spécialisé dans la prise en charge des enfants souffrant de handicap est partie de l’entretien que le père du Sénégal indépendant avait eu avec le professeur Idrissa Pouye, selon docteur Diouf.

Une question, en particulier, du président Senghor avait été déterminante dans la réflexion qui a conduit à la mise en place du centre Talibou Dabo : ces enfants pouvaient-ils étudier après leur guérison qui laissait des séquelles de motricité ?

Le chirurgien orthopédiste avait répondu par l’affirmative, selon Aloïse Benoit Baba Diouf. Il lui a dans la foulée suggéré la création d’une structure qui prendrait en charge l’éducation de ces enfants atteints de poliomyélite avec des séquelles se traduisant par un handicap physique.

Idrissa Pouye est aussi le fondateur du Centre de traumatologie et d’orthopédie (CTO), devenu plus tard Hôpital général de grand Yoff (HOGGY), établissement situé à quelques encablures du centre Talibou Dabo et qui porte désormais son nom: Hôpital général Idrissa Pouye.

C’est sous le règne du successeur de Senghor, Abdou Diouf, que le centre a finalement vu le jour avec ”des financements disparates”, dont celui du Royaume Chérifien, à travers la Fondation Elisabeth Diouf, du nom de son épouse.

Le centre créé en 1981 a été logé d’abord à la présidence de la République.

Son parrain, le médecin-capitaine de l’armée Talibou Dabo, faisait partie des jeunes praticiens qui accompagnaient le professeur Pouye dans ses campagnes de prise en charge en milieu rural.

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C’est au cours de ces déplacements à l’intérieur du pays que le jeune médecin a été victime d’un accident de la circulation.

Le professeur Idrissa Pouye, son premier directeur a donné au centre le nom de son jeune assistant, le médecin capitaine Talibou Dabo.

Né en 1949, Talibou Dabo est parti très tôt, en 1981, à une époque où il y avait très peu de médecins au Sénégal, confie l’actuel directeur du centre qui porte son nom, le neuropédiatre Aloïse Benoit Baba Diouf. Il parle de ce décès comme d’une ‘’perte énorme sur l’échiquier de l’offre de services’’.

Rattaché d’abord à la présidence, à ses débuts, le centre a migré à la primature avant d’être reversé depuis plus de deux décennies au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, précisément à la direction des Etablissements publics de santé, mais avec un pan important dédié à l’éducation des enfants.

Selon son directeur, le centre Talibou Dabo est la structure offrant à la fois des services de santé et d’éducation au Sénégal.

Dès sa création en 1981, une section maternelle a été installée en son sein, suivie d’un cursus élémentaire une année après, en 1982.

La maternelle compte des classes inclusives où se côtoie tous les types d’enfants, handicapés ou non.

La section élémentaire regroupe tous les enfants présentant un handicap physique, cognitivement en mesure d’apprendre correctement les enseignements selon les curricula classiques.

Ces enfants bénéficient parallèlement d’une prise en charge médicale allant des consultations de spécialité à la rééducation et la réadaptation, au moyen de la kinésithérapie et de l’appareillage orthopédique.

‘’Aujourd’hui, il y a des ergothérapeutes qui viennent souvent de France, mais pour nous accompagner et pour nous aider à mieux peaufiner les stratégies de prise en charge et la psychomotricité’’, explique son directeur.

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‘’A l’époque, on soignait les enfants atteints de poliomyélite au CTO. Une fois soignés, ils étaient intégrés dans des écoles classiques, ou se retrouvaient dans la rue.  Le professeur Idrissa Pouye s’est dit pourquoi ne pas aussi bien les soigner et les instruire. C’est de là qu’est partie l’idée de créer le centre Talibou Dabo’’, ajoute-t-il.

A partir de là, les enfants, une fois soignés, ont été amenés à suivre des enseignements apprentissages, ce qui a transformé le centre Talibou Dabo en une école spécialisée pour instruire les enfants et leur assurer en même temps une rééducation fonctionnelle, selon Abdoulaye Mbow, enseignant spécialisé au centre Talibou Dabo de Grand Yoff depuis 2001.

M. Mbow faisait partie des trois nominés pour le Grand-Prix du chef de l’Etat pour l’enseignant. Un prix qui récompense chaque année un enseignant “craie en main” doté de qualités humaines et professionnelles exceptionnelles et qui fait preuve de dévouement et d’exemplarité dans son métier et son comportement. 

Abdoulaye Mbow constate que le centre Talibou Dabo est désormais devenu un pilier national dans l’éducation et la réadaptation des enfants en situation de handicap.

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Il doit cependant disposer d’une équipe pluridisciplinaire composée d’un médecin-chef, de kinésithérapeutes, d’orthophonistes, d’aides techniques et logistiques, d’enseignants, d’auxiliaires de vie scolaire, entre autres.

En dehors du centre Talibou Dabo qui reçoit des enfants en situation de polyhandicap, signale-t-il toutefois, il existe trois autres entités au niveau institutionnel pour la prise en charge de cette catégorie.

Il a cité le centre d’éducation et de formation pour déficiences intellectuelles (CEFDI), l’Institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles (INEFJA) de Thiès et le centre verbo-tonal qui reçoit les enfants malentendus et les enfants sourds-muets

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AFD /ADL/BK/SBS