Amadou Ba: “nous devons faire de la mémoire de l’esclavage la base d’une nouvelle civilisation”
Amadou Ba: “nous devons faire de la mémoire de l’esclavage la base d’une nouvelle civilisation”

Gorée (Dakar),14 déc (APS)- Le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Amadou Ba, a appelé dimanche à faire de l’héritage de la Traite des esclaves la base d’une nouvelle civilisation fondée sur le respect de l’autre, l’humanité et le partage

“Nous ne percevons pas l’esclavage comme un fardeau, mais nous voulons en faire les bases d’une nouvelle civilisation fondée sur le respect de l’autre, sur l’humanité et sur le partage”, a-t-il déclaré.

Il s’exprimait en présence de la vice-présidente de la Colombie Francia Elena Marquez Mina, en visite à la Maison des esclaves située sur l’île de Gorée, dans le cadre d’une visite officielle au Sénégal.

Selon Amadou Ba, Gorée est “un symbole vivant” de ce qu’a été la Traite des esclaves, “un moment douloureux de l’histoire de l’humanité”, marqué par la déploration de dizaines de millions de victimes de l’Afrique vers les Amériques.

“Gorée doit servir aussi à appréhender les grands enjeux de l’époque. Il ne faut pas oublier que le système esclavagiste était d’abord un système économique. Et aujourd’hui, il est légitime de se demander si les ressorts économiques qui avaient prévalu à l’esclavage ont aujourd’hui disparu”, a-t-il relevé.

L’histoire de l’esclavage est certes connue mais “l’époque d’aujourd’hui est à la falsification et au relativisme”, a déploré le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme.

Il a rappelé que dans des pays comme la Colombie, les esclaves se sont révoltés et “c’est parce qu’ils se sont révoltés que le système s’est effondré […] C’est pour cette raison que votre venue doit symboliser l’appropriation par les Africains et les descendants d’Afrique de notre histoire”, a-t-il lancé à l’endroit de la vice-présidente de la Colombie.

“Malheureusement, nous voyons tous les jours que le même modèle qui a servi à l’esclavage continue de faire des ravages dans le monde. Et c’est parce qu’on n’a rien appris de l’esclavage que des guerres d’accaparements de richesses et de pouvoirs continuent aujourd’hui à semer la mort à travers l’humanité”, a-t-il soutenu.

Amadou Ba a souligné l’importance de renforcer la coopération culturelle et économique Sud-Sud, fondée sur l’égalité, la souveraineté des peuples, la souveraineté des ressources, tout en préservant la mémoire de l’esclavage.

MF/BK/SBS