SENEGAL-BARREAU-PROFIL
Dakar, 25 juil (APS) – Aly Fall, le nouveau bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal (OAS), officiellement intronisé, ce vendredi, un an, jour pour jour, après son élection, lors d’une cérémonie solennelle de passation de charges, est ce qu’on peut appeler un touche-à-tout.
Avant d’atterrir au barreau, il y a près de trente ans, Aly Fall, 63 ans, a d’abord ”appris à mourir”, pour reprendre la pensée du philosophe grec Platon, reprise, des siècle plus tard, par Montaigne dans ses ‘’Essais’’, et selon laquelle, ‘’philosopher, c’est apprendre à mourir’’.
C’est sans doute cette acception que tout dans la vie est éphémère, qui a poussé maître Fall à donner libre cours à toutes ses aspirations. Qu’importe s’il ne les poursuit pas jusqu’au bout. L’essentiel est juste d’y goûter, les tester sans vraiment qu’elles soient des obsessions pour lui.
C’est sans doute pourquoi, après l’obtention de son bac au lycée Malick Sy de Thiès, il sursoit rapidement à ses études de philosophie entamées à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
Cette page tournée, le Thièssois en ouvre une autre hors de son pays. Il s’envole alors pour Bordeaux, en France, pour des études de Droit. Le diplôme de Maîtrise en poche, celui qui n’a pas encore décidé de devenir avocat, bifurque à Paris où il entame des études d’Audit.
Une fois n’est pas coutume, il les parachève non sans avoir décroché un diplôme de troisième cycle.
De retour au pays, Aly Fall décide enfin de faire un choix. Il devient avocat une bonne fois pour toute. Heureuse décision, puisque son nom est cité dans des procès retentissants dans lesquels il est difficile de démêler justice et politique.
Il y défend Idrissa Seck, ancien Premier ministre du président Abdoulaye Wade (2000-2012), tombé en disgrâce et l’entrepreneur BTP Bara Tall dans ce que la presse d’alors a appelé ‘’l’affaire des chantiers de Thiès’’.
Nous sommes entre 2005 et 2006. Les deux hommes sont poursuivis pour divers crimes et délits, dont ceux de détournements de deniers publics, surfacturation, faux en écritures privées, faux et usage de faux, etc., portant sur des dizaines de milliards de CFA mobilisés pour la construction d’infrastructures dans cette ville du Sénégal située à 70 kilomètres à l’est de la capitale, Dakar.
Maître Aly Fall a également fait partie des avocats d’Abdou Latif Coulibaly, l’ancien journaliste devenu homme politique membre du parti de l’ex président Macky Sall (2012-2024), auteur de brûlots contre le régime de Wade.
Lorsque le fils de ce dernier, Karim Wade était poursuivi dans le cadre du feuilleton judiciaire portant sur de supposés biens mal acquis, quand il était puissant ministre de son père, la robe noire était encore de la partie, défendant les intérêts de l’Etat.
Regard profond derrière des lunettes photochromiques, dans les dossiers judiciaires qu’il plaide, Aly Fall donne l’impression d’un homme qui n’a pas froid aux yeux. A la bonne heure, car il en faut du cran pour diriger le bâtonnat, succédant ainsi à son confrère Mamadou Seck.
D’autres diraient du coffre. Ce dont on ne doute pas pour ce sportif qui a longtemps joué au handball dans une autre vie.
ABB/ASB/AKS
