+++Par Amadou Thiam de l’APS+++Mogo Tafsir Balla (Nabadji Civol), 27 sept (APS) – Il y a exactement 122 ans, s’était tenu le premier Gamou de Mogo Tafsir Balla, à l’initiative de Tafsir Balla Seck, disciple de El Hadji Abdoulaye Niasse et précurseur de cette manifestation dans cette partie du Fouta (Matam).Depuis cette date fondatrice, la tradition du Maouloud continue d’être entretenue dans la famille Seck.A la sortie du village de Boyinadji, dans la commune de Nabadji Civol, une bâtisse sous forme de garage avec ses bancs en ciment se dresse, un peu avant Sinthiou Mogo, dans la même circonscription communale.Sur le toit de ce petit bâtiment, un tableau en fer indique un nom de village et le nombre de kilomètres qui le séparent de la route nationale numéro deux et de Fété Niébé ou Mogo Tafsir Balla.Pour l’administration, c’est le premier qui compte, mais le second reste l’appellation la plus célèbre, car plus connue et répandue.Il faut emprunter une piste latéritique de quatre kilomètres pour s’y rendre, faire attention aux nids-de-poule, éviter des animaux en divagation et quelque champ constituant le décor du paysage.De loin, l’on peut apercevoir la grande grotte qui trône sur cette partie de la région de Matam.Dans ce village qui porte le nom de Tafsir Balla Seck, grand érudit et disciple d’El Hadji Abdoulaye Niasse, un Gamou s’était tenu dans cette zone, une première dans cette partie du Fouta.Dans la maison familiale, le fils de Tafsir Balla Seck, aujourd’hui âgé de plus de 90 ans, fait officie de khalife.“C’est ici qu’a été organisé pour la première fois le Gamou, la nuit commémorant la naissance du Prophète Mouhamad (PSL). Ici au Fouta, tout le monde est d’accord pour dire que c’est Tafsir Balla Seck qui a été le premier à célébrer cette nuit’’, dit-il.Des fidèles venaient de “toute la zone’’pour participer à cette célébration, “des gens venaient même du Boundou, dans le Sénégal oriental’’. Des pèlerins venaient aussi du Jolof et de la Mauritanie, selon le patriarche.Les moyens de locomotion n’étant pas nombreux à cette époque, les fidèles faisaient le trajet à pied. Ils ont eu recours, bien des années plus tard, aux chameaux et charrettes, certains quittant leurs localités dès le premier jour du mois de naissance du prophète Mohamed (PSL) pour arriver à Mogo Tafsir Balla le jour du Maouloud.Rareté des moyens de locomotion“Au début, le Gamou se tenait juste avec quelques personnes, moins de dix. Il a même célébré une nuit avec cinq personnes’’, relève Babacar Seck, petit-fils de Tafsir Balla Seck.Selon sa famille, Tafsir Balla Seck a commencé à commémorer la naissance du prophète en 1920, “un an avant qu’elle soit célébrée à Danthialy’’, dans la commune de Ogo.Le marabout avait pour habitude de préparer le Gamou plusieurs semaines avant l’événement. Douze jours avant, indiquent ses petits-fils, les fidèles commençaient à rallier le village situé à une dizaine de kilomètres de Matam.“Il [Tafsir Balla Seck] accordait une attention particulière aux hôtes, pour qui il préparait des mets différents de ceux destinés aux membres de sa famille’’, soutient Babacar Seck, un de ses petits-fils.Il rappelle que son grand-père n’a jamais enseigné, mais avait des c connaissances spirituelles et mystiques telles que ses prédictions se sont toujours révélées vraies.Cela faisait de lui « une personnalité très connue » dans le Fouta, mais aussi dans tout le Sénégal, insiste-t-il.Tafsir Balla Seck a vu le jour en 1861 dans le village qui porte aujourd’hui son nom et qui s’appelait à cette époque Fété Niébé. Un nom qui a changé au fur des années pour porter celui du défunt érudit.“Au début, c’était Fété Niébé qui était retenu de tous, mais c’est Mogo Tafsir Balla qui reste aujourd’hui le plus connu. C’est un aspect que personne ne peut expliquer. C’est le nom Mogo Tafsir Balla qui figure sur la grande majorité des pièces d’identité des habitants de ce village, même si l’administration reconnait l’autre nom’’, explique Babacar Seck.Comme cela se fait ailleurs, son grand-père avait pour habitude de bien recevoir ses hôtes venus de partout pour le Gamou, souligne son petit-fils. Et la nuit, il faisait des causeries sur le prophète Mohamed (PSL).A sa disparition en 1949, son fils aîné, El Hadji Abdoulaye Seck, qui porte le nom de son guide et maître El Hadji Abdoulaye Niasse, est devenu son premier Khalife.Pendant 20 ans, il n’a rien changé à ce que faisait son père lors de la célébration du Maoloud, ajoute-t-il, estimant que la seule innovation à relever concerne le développement des moyens de transport et le nombre toujours grandissant de pèlerins.AT/BK/MTN
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