SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE
Bignona, 19 déc (APS) – Des populations déplacées de retour dans les villages de Djigoudière, Madiediame et Diokadou, dans le département de Bignona (sud), ont salué les réalisations du Plan Diomaye pour la Casamance (PDC), un programme gouvernemental doté d’un budget de 53,6 milliards de francs CFA.
Elles plaident toutefois pour un renforcement des infrastructures sociales de base, en matière d’adduction d’eau potable, d’éducation, de santé et de désenclavement.
A Djigoudière, le président de l’association représentant les jeunes, Abdou Badji, estime que l’intervention du PDC a été déterminante pour le retour des populations déplacées dans ce village situé à la frontière entre le Sénégal et la Gambie.
“Sans le Plan Diomaye, ce village ne serait pas là aujourd’hui. Cinq maisons ont été construites, un point d’eau avec un tank installé et des matériaux de construction distribués”, a-t-il rappelé.
Il a toutefois relevé la persistance de nombreux besoins dans cette localité qui compte près de 20 000 habitants et attend encore le retour d’autres personnes déplacées.
Selon Abdou Badji, certains manquent d’eau, obligeant les habitants à parcourir de longues distances pour avoir accès à ce liquide précieux.
Il s’y ajoute un manque criant d’infrastructures scolaires et sanitaires.

“Depuis notre retour, nous n’avons ni école, ni poste de santé, ni lieu de culte. Les enfants sont obligés de traverser la frontière gambienne pour aller à l’école”, signale Abdou Badji, pointant des difficultés auxquelles sont confrontées ces localités frontalières dans le domaine de l’éducation.
Sur le plan sécuritaire, les habitants se disent rassurés par la présence des forces de défense et de sécurité.
“L’armée nous protège depuis notre retour. Nous la remercions pour sa présence constante”, même si certaines zones restent toutefois exposées en raison de la présence de mines non totalement neutralisées, a souligné Badji.
De manière générale, les populations interrogées par l’APS considèrent que la visite du chef de l’État, du samedi 20 au jeudi 25 décembre, représente un symbole fort pour la région, un message d’espoir.
Satisfaction et espoir vis-à-vis de l’Etat
Il y a quelques années, de nombreux habitants de ces contrées avaient été amenés à quitter leurs villages suite à la destruction de leurs vergers et biens durant les années où le conflit était d’une relative intensité.
“Nous sommes très contents du Plan Diomaye pour la Casamance. Presque tout va bien ici, mais le principal problème reste la route et l’écoulement de nos récoltes”, a déclaré Souleymane Badji, habitant du village de Diokadou,
Parlant des réalisations du Plan Diomaye pour la Casamance, il a évoqué la construction d’un poste de santé de proximité et l’appui aux jardins communautaires des femmes. Des actions qui ont, selon lui, contribué à améliorer les conditions de vie des populations.

Dieynaba Diédhiou, une habitante de Madiédiame, se dit reconnaissante envers l’État.
“Nous remercions le gouvernement pour le Plan Diomaye pour la Casamance. Le retour au village s’est fait avec un accompagnement réel”, a déclaré Mme Diédhiou, saluant notamment la réalisation d’un forage et l’octroi de transferts monétaires.
Elle a toutefois plaidé pour un renforcement de l’appui public. “Nous voulons travailler, mais il n’y a pas encore d’électricité ni suffisamment d’infrastructures. Nous avons besoin de plus d’aide pour nous relever définitivement”, a-t-elle ajouté.
À travers ces témoignages, les populations de Djigoudière, Diokadou et Madiediame expriment leur reconnaissance pour les réalisations du Plan Diomaye pour la Casamance.
Elles appellent toutefois à un renforcement des investissements publics afin de consolider le retour des populations déplacées, améliorer durablement les conditions de vie et favoriser le développement de cette zone longtemps marquée par le conflit.
13,5 milliards de francs CFA investis
Le Plan Diomaye pour la Casamance (PDC) est un programme gouvernemental doté d’un budget de 53,6 milliards de francs CFA.
Il a été lancé par le chef de l’Etat pour accompagner le retour des déplacés et relancer les activités économiques dans la région sud du pays, impactée par un conflit lié à une rébellion déclenchée en décembre 1982
En 2022, l’armée nationale a mené des opérations d’envergure contre les bases rebelles, ce qui a renforcé l’accalmie et favorisé le retour des personnes déplacées dans leurs villages d’origine.
Selon le gouverneur de Ziguinchor, un montant global de 13,5 milliards de francs CFA a été investi dans le cadre du Plan Diomaye pour la Casamance, correspondant à un taux d’exécution de 46 %.
“Il reste beaucoup à faire, mais la vie reprend progressivement dans certaines parties de la Casamance grâce aux infrastructures déjà réalisées”, a indiqué Mor Talla Tine lors d’une récente réunion d’évaluation du PDC.
La mise en œuvre du plan a permis à 117 villages d’entamer ou d’achever leur retour au bercail en 2024.
Au total, 4 755 ménages des départements de Bignona, Oussouye et Ziguinchor ont regagné leurs villages, selon l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (ANRAC).

Les infrastructures réalisées au premier semestre de l’année ont coûté 9,5 milliards de francs CFA, incluant des investissements dans l’hydraulique, la santé, l’état civil et la protection sociale. Un budget de 1,16 milliard de francs CFA reste à exécuter au quatrième trimestre, selon l’ANRAC.
Par ailleurs, 61 des 237 actions prévues dans le cadre du PDC ont déjà été réalisées à mi-parcours, avait indiqué l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Jean-Baptiste Tine, lors d’un comité régional de développement spécial tenu à Ziguinchor.
“Le Plan Diomaye pour la Casamance avance bien, même si des efforts restent à faire “, avait-il assuré.
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