++++De l’Envoyée spéciale de l’APS: Aissatou Ba++++Kinshasa, 11 août (APS) – L’émigration sénégalaise en République démocratique du Congo (RDC), vieille de plus de soixante ans, marque ces dernières années sa présence dans tous les secteurs d’activités, dans le sillage des premières générations qui ont fait œuvre de pionniers et très souvent fortune dans l’or et le diamant.La RDC a toujours été une terre d’accueil pour les Sénégalais depuis les années 1950 et 1960. Les premières générations, majoritairement Peulhs et Sarakholés, étaient plus actives dans le minerai que dans d’autres secteurs.La volonté de faire vite fortune orientaient les premiers arrivés vers l’or et le diamant, à une époque où le secteur des mines était encore plus informel et représentait une opportunité de réussite pour ceux ne pouvant pas se prévaloir d’un diplôme.Plus de 60 ans après, la nouvelle génération commence à prendre petit à petit ses marques dans des secteurs autres que l’or et le diamant.Ils ne sont pas aussi nombreux que cela, mais cette nouvelle vague s’investit de plus en plus dans le commerce, les entreprises et les banques, mais aussi le secteur de la formation, la vie sociale par le biais des ONG. Il y en a qui sont présents même dans le système des Nations unies.Il est 13 heures passées de 45 minutes, sur une avenue située non loin du marché central de Kinshasa, actuellement en pleine réhabilitation. Babacar Sène, fervent supporter des Lioncelles, futures championnes du tournoi de basket féminin des Neuvièmes jeux de la francophonie, vit dans les environs.Dès l’entrée de son appartement de près de 62m2, les nombreuses effigies des guides religieux mourides renseignent sur l’appartenance de Babacar à cette communauté fortement représentée dans les lots des migrants sénégalais partis chercher fortune partout dans le monde.Le visiteur n’a pas besoin de demander. Il se présente volontiers. “Je suis mouride et ce sont les photos de mes guides religieux”, lance-t-il avec un large sourire, vêtu d’un blouson aux couleurs du Paris Saint-Germain.Il continue d’entretenir la conversation tout en s’apprêtant pour le stade afin d’assister à la finale du tournoi de basketball féminin des moins de 25 ans des derniers Jeux de la Francophonie, les 9e de l’histoire (28 juillet-6 août).“Je suis cadre dans une entreprise de fabrication de médicaments et mes patrons ne veulent pas que je présente ma démission, à cause de mes compétences et de ma façon de me comporter au boulot”, dit-il après avoir répondu à un coup de fil.Ce trentenaire, ex-secrétaire général de l’association regroupant les jeunes Sénégalais vivant à Kinshasa, n’a pourtant qu’un seul rêve : se lancer dans la restauration dans la capitale de la République démocratique du Congo.D’autres ressortissants ne se projettent pas plus que cela, à l’image de Fallou Lèye, un tailleur quarantenaire trouvé dans son petit appartement transformé en atelier, au premier niveau d’un immeuble d’habitation de la capitale RD congolaise.De petite taille, Lèye veut surtout entretenir son visiteur de ses difficultés pour avoir accès au registre de commerce. Il refuse donc tout contact avec la caméra, afin de pouvoir exprimer librement les contrariétés qu’il vit au quotidien.“Ce n’est pas facile d’obtenir des papiers comme le registre de commerce ici, surtout quand vous êtes étranger. Les gens cherchent parfois à vous arnaquer”, balance-t-il.RDC, pays d’accueil et des affairesCe n’est pas le genre de discours tenu par tout le monde. Certains Sénégalais ont plutôt tendance à mettre en avant les avantages que confère la nationalité sénégalaise, à l’image de Ibrahima Diallo, trouvé dans le magasin de son grand-frère.Diallo vivait à Brazzaville, ville jumelle de Kinshasa, de l’autre côté du fleuve Congo, pendant la Covid-19. Il peut donc témoigner de l’avantage d’être Sénégalais dans la capitale RD congolaise.“En comparaison de la situation des autres ressortissants d’Afrique de l’Ouest, ici, si tu dis que tu es Sénégalais, on ne t’inquiète pas, même pour les papiers et autres. Ce que je n’ai pas connu de l’autre côté de la rive”, dit-il.Une bonne expérience. Un peu dans le sens des propos de Ibrahima Ndiaye, vendeur d’habits pour femmes et chaussures pour hommes, qui insiste sur ses relations avec les Congolais.“Les Congolais n’ont pas de problème avec les gens. Ici, si tu sais comment faire, tu restes dans ton coin, tu travailles, personne ne viendra te déranger”, témoigne ce ressortissant sénégalais qui vient d’arriver en RDC, il y a de cela un an.Ndiaye se réjouit de même des facilités dont les ressortissants sénégalais bénéficient de la part de l’ambassade du Sénégal, relativement à leurs démarches administratives.Son frère Samba, qui préside aux destinées de l’association regroupant les jeunes ressortissants sénégalais, appuie ses propos, pour assurer que la communauté sénégalaise est bien représentée en République démocratique du Congo.Samba Ndiaye affirme que depuis son arrivée à la tête de l’association qu’il dirige, il ne se ménage pas, avec son équipe, pour que la jeunesse sénégalaise se sente comme chez elle en RD Congo.“On a des jeunes qui sont dans plusieurs domaines. Certains travaillent au niveau du système des Nations-Unies, d’autres dans des entreprises, des banques et dans le commerce comme nous”, explique Ndiaye, vêtu d’un maillot noir complété par d’autres habits aux couleurs nationales.Il n’empêche qu’à son avis, l’État sénégalais et celui de la RDC doivent travailler à faciliter les démarches des ressortissants sénégalais pour l’obtention du visa congolais.“L’État congolais et notre gouvernement doivent travailler pour que nous puissions obtenir facilement le visa, car quand les Congolais vont à Dakar, ils n’ont pas besoin de visa, cela devait être réciproque”, dit-il, en soulignant toutefois que la RDC demeure un pays d’accueil et d’hospitalité.Le secrétaire général de la communauté sénégalaise vivant à Kinshasa, Boubacar Sidy Diallo, relève, quant à lui, l’aspect relatif au vivre-ensemble en RD Congo.“On est dans une communauté très mixte, il y a beaucoup de religions qui vivent en parfaite harmonie, sans distinction”, fait-il valoir.Sur la “colline inspirée”, logent des étudiants sénégalaisLa nouvelle génération de la diaspora sénégalaise en RDC ne se trouve pas seulement au marché ou encore dans les bureaux. Les ressortissants sénégalais complètent les légions de la “colline inspirée”, pour dire l’université de Kinshasa (UNIKIN), ainsi dénommée en allusion qu’elle a été construite sur une colline à l’époque coloniale.Sur la ”colline inspirée”, l’on retrouve Ousmane Cissé et sa bande, par exemple. Ces jeunes Sénégalais, au nombre de huit, ont été orientés à l’université de Kinshasa après avoir réussi à un concours lancé par l’UNESCO et l’Union européenne.Suite à ce concours dénommé “Agri Natura”, ils se sont inscrits en master sur les techniques d’aménagement des forêts tropicales et la gestion des aires protégés.Selon Ousmane Cissé, onze pays participent à cette formation d’une durée de deux ans. “Nous sommes au nombre de huit ici, mais les deux autres sont au niveau de la frontière entre l’Angola et la RDC. Nous sommes là pour voir la pertinence d’une approche systémique dans la protection des aires protégées”, explique cet étudiant en master 2 du département des Ressources naturelles de l’université de Kinshasa.“Tout le monde sait que la RDC a un potentiel forestier très remarquable, elle a une forêt qui a une capacité de séquestration de carbone plus importante que l’Amazonie. C’est pourquoi on est là pour voir quelles sont les pratiques qui ont été adaptées dans ce pays, pour qu’au retour, nous puissions participer à l’émancipation de la filière forestière au Sénégal”, précise-t-il.En fin de son cursus, l’étudiant du département des Ressources naturelles à l’université de Kinshasa parle des difficultés rencontrées au début de leur aventure en RD Congo. Rien plus que de mauvais souvenirs, désormais.“Comme on nous aime bien ici, nous nous sommes adaptés petit à petit et bénéficions de la sécurité au sein de notre home universitaire”, conclut-il.AMN/BK/MTN/OID
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