De l’envoyée spéciale de l’APS, Aissatou Ba

Kinshasa, 10 août (APS) – Kinshasa, ville festive et pieuse à la fois, impressionne par son gigantisme, dans lequel se noient toutes les contradictions de la province-capitale de la République démocratique du Congo.

Kinshasa est une ville très bouillonnante. C’est connu. Elle vibre du matin au soir dans une ambiance festive. Même certains quartiers résidentiels n’échappent pas à cette ambiance toujours enfiévrée.

Située à l’ouest de la République démocratique du Congo, cette ville-province compte une superficie de 9.965 km², pour une population comprise entre 17 et 20 millions d’habitants. Soit plus ou moins la population globale du Sénégal.

Les tentacules de Kinshasa peuvent difficilement se résumer à ses 24 communes, dont la plupart sont traversées par le majestueux fleuve Congo, qui favorise des lieux de vie, des rencontres et des échanges.

La population de la métropole congolaise reste concentrée dans les zones ouest et centre de la ville, qui compte encore des réserves foncières dans sa partie orientale par exemple.

Kinshasa, anciennement Léopoldville, était déjà la plus grande agglomération de l’Afrique centrale à l’époque des indépendances, dans les années 1960.

De 400.000 âmes environ à cette date, sa population s’est accrue au fil du temps grâce à l’exode rural, pour atteindre 17 millions ou plus, soit 1.730 habitants/km2 .

Cité dédiée à l’ambiance et au divertissement

Devenue une ville multifacettes, excentrique même, Kinshasa se distingue par la grande animation qui caractérise son quotidien, plus encore pour ses nuits enfiévrées et légères, son ambiance toujours survoltée qui font de la métropole RD congolaise une destination privée de tous les ambianceurs.

Chaque soir, à partir de 15 heures, les travailleurs ont tendance à se retrouver dans les nombreux bars de la ville, pour “se déstresser de leur longue et dure journée”, témoigne Grâce Mvumbi,  préposée à la sécurité au stade des Martyrs de la Pentecôte, l’un des sites retenus pour abriter les Jeux de la Francophonie.

Ils n’y vont pas seulement pour boire, écouter de la bonne musique, mais aussi pour manger de la viande de chèvre, du poulet mayo, du poisson ou du porc, cuits au feu de bois.

Kinshasa ne se fait pas appeler pour rien “Kini mboka elengi” (Kinshasa, ville sans stress, où il fait bon vivre). Cela se vérifie facilement dans les bistrots et bars toujours pleins. Les Kinois ont leurs habitudes dans ces établissements toujours animés. Ils y tuent le temps en appréciant de la bonne musique locale, des airs incontournables du pays qui font parfois danser dans toute l’Afrique centrale.

 

Kinshasa, aussi pieuse que politique

Malgré tous les clichés liés à cette perception de légèreté, la capitale de la RDC se veut aussi une ville pieuse, où bars et églises rivalisent tant et si bien que dans chaque commune, presque chaque quartier, il n’est pas rare de trouver des églises, toujours bondés même en semaine. Comme un avant-goût des ambiances survoltées des traditionnelles messes du dimanche.

Séminaire par-ci, campagne par-là, chaque église avec sa propre dénomination. Une règle s’impose toutefois à tout le monde : ceux qui fréquentent les bars vont dans leur coin pour s’amuser. Les fidèles, pour leur part, passent leur temps dans des églises, à la mosquée ou dans d’autres lieux de culte.

Kinshasa est aussi réputée être une ville très politique, une capitale rebelle, frondeuse, la plupart du temps acquise à l’opposition.

Des sièges de partis politiques, on en trouve partout à Kinshasa. Des permanences aussi, animées par des inconditionnels prêts à tout pour leur leader politique.

Les discussions, même les plus anodines, débouchent invariablement sur la politique, sujet incontournable pour les inexperts de tout acabit, pourtant les moins avertis.

Des embouteillages à n’en pas finir

Il n’est pas nécessaire de dire que circuler dans la ville de Kinshasa relève presque de l’enfer, comme c’est le cas dans de nombreuses villes africaines en proie à une forte poussée démographique et à l’exode de populations qui quittent les campagnes dans l’espoir de trouver une vie meilleure en ville.

Sauf que le gigantisme de Kinshasa donne une toute autre proportion aux problèmes de mobilité. Un cauchemar pendant les heures de pointe. Il est interdit au conducteur de tomber dans des embouteillages. Il pourrait difficilement sortir de ce chaos parfois né du manque de tolérance des usagers, conducteurs de bus, taxis ou motos et autres.

Durant les heures de pointe, à partir de 7 ou 8 heures par exemple, les véhicules ont du mal à quitter un endroit pour un autre.

Selon un conducteur de la délégation sénégalaise, l’on peut passer une ou plusieurs heures pour parcourir un à deux kilomètres.

Ici, les bus appelés “esprit de mort ou Yass” font la loi, avec les motos-taxis et autres taxis jaunes dénommés “Ketch”. Personne ne cède un mètre à un autre. Et la circulation peut ainsi se bloquer pendant des minutes. Juste parce que personne ne veut donner l’impression de céder aux desiderata de l’autre.

Les piétons se retrouvent fatalement en danger, ne sachant pas à quel saint se vouer et se mettant parfois à se disputer avec les chauffeurs qui refusent de les laisser traverser.

Il y en a qui se lève dès cinq heures du matin, dans le district de Tshangu par exemple, à l’est de la ville, pour se rendre au centre-ville où ils sont employés, de peur de perdre du temps et d’arriver en retard.

Le district de Tshangu est le plus grand de Kinshasa, le plus peuplé aussi.

“Où va tout ce monde très tôt comme cela ?”, s’est demandé un membre de la délégation sportive sénégalaise, fortement impressionnée de voir une foule de personnes aller à l’assaut des arrêts bus, très tôt le matin.

Malgré tout et en dépit des divisions nées de l’adversité politique, les Kinois restent volontiers hospitaliers et n’hésitent pas à dire aux étrangers, à l’aéroport déjà : “Mbote, boyeyi malamu na Kinshasa (Bonjour, bienvenue à Kin)”.

AMN/SBS/BK/ASG

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