Saint-Louis, 12 fév (APS) – La proviseure du lycée de jeunes filles Ameth Fall de Saint-Louis (nord), Khady Ba Sy, a déploré un problème de maintien des filles dans les séries scientifiques en raison d’un important taux d’abandon. ‘’Et pour ce qui est des séries scientifiques, l’orientation pose encore problème. Par exemple cette année, nous avons en seconde 28% des élèves qui font la série S contre 20% en terminale. Ça montre tout simplement qu’il y a un taux d’abandon important entre la seconde et la terminale et qu’il se pose un problème de maintien des filles dans cette série’’, a-t-elle déploré dans un entretien avec l’APS. Le lycée compte 28% d’élèves en seconde, 21% en première et 20% en terminale dans les séries scientifiques (S1 et S2). »Un pourcentage très faible donc si on parle de taux d’achèvement », selon Mme Sy. L’orientation, une des raisons de la tendance baissière De l’avis de la proviseure, le critère d’orientation est l’une des raisons de cette tendance baissière. ‘’Je crois que la tendance baissière est liée à l’orientation parce que la politique de l’État c’est d’orienter le maximum d’élèves dans les séries scientifiques et techniques mais tout le monde n’a pas le profil », a-t-elle expliqué. Selon elle, »on se base sur les notes dans les disciplines scientifiques mais quelques fois les notes ne reflètent pas le niveau des élèves qui viennent du collège ». “Et cela fausse donc tout et le résultat, c’est la déperdition scolaire avec des élèves qui quittent en masse les séries scientifiques’’, a-t-elle ajouté. Professeur de mathématiques au lycée de jeunes filles Ameth Fall, Sira Dhi Dème abonde dans le même sens. ‘’Pour moi la transition collège–lycée pose problème. Si on arrive à régler cela, on peut avoir beaucoup d’élèves en S1. Il faut revoir les critères d’orientation des élèves au lycée’’, a-t-il laissé entendre. Malgré tout, au lycée de jeunes filles Ameth Fall, les élèves qui suivent les séries scientifiques parviennent à exceller dans ce domaine, selon la proviseure. ‘’Celles qui restent dans les séries scientifiques parviennent à faire des performances. Nous avons des élèves très engagées, déterminées à réussir qui obtiennent la mention au Bac. L’année dernière même nous avons eu un taux de 88% au Bac, ça veut dire que malgré tout, on fait de bons résultats’’, se félicite-t-elle. Ameth Fall, un lycée de jeunes filles d’origines diverses Considéré comme l’unique lycée public de jeunes filles dans la partie nord du pays, Ameth Fall regroupe des élèves venues d’horizons divers. ‘’C’est un lycée particulier qui abrite des filles d’origines diverses. Donc, c’est un lycée qui polarise beaucoup d’établissements, pas seulement de la ville mais même de la région. Les élèves viennent de partout. Et nous avons plusieurs profils dans cet établissement’’, explique Mme Sy. “Dans la région, poursuit-elle, c’est le seul lycée de jeunes filles. Je dirais même au Sénégal, il fait partie des trois lycées publics de jeunes filles. Les deux autres se trouvent à Dakar. Donc si vous sortez de Dakar, vous n’avez que le lycée de jeunes filles Ameth Fall donc qui mérite une attention particulière.” La proviseure du Lycée évoque, par ailleurs, certaines contraintes spécifiques liées à la particularité de cet établissement scolaire à savoir la gestion des jeunes filles. ‘’Gérer des jeunes filles, ce n’est pas facile. Elles n’ont pas la même éducation. Et nous avons aussi constaté que beaucoup de filles ont des difficultés à la maison et ça se reflète aussi dans leur travail et leur comportement à l’école. Surtout les violences, beaucoup de filles sont victimes de violences. Nous enregistrons des cas de viol, des cas de grossesses non désirées et tout. Donc ce n’est pas facile et ça fait quand même mal au cœur’’, a-t-elle fait savoir. De l’avis de Mme Sy, au lycée Ameth Fall, plusieurs stratégies et méthodes sont mises en avant pour encourager les jeunes filles à rester mais surtout à réussir dans les disciplines scientifiques. ‘’C’est des filles qu’on encourage. Et on les encourage de plusieurs manières avec les cours de renforcement. Et nous avons beaucoup de partenaires qui interviennent aussi dans la promotion de l’éducation des filles et leur maintien dans les séries scientifiques », a-t-elle dit. Elle a évoqué des activités de formation, le club scientifique et environnement, le club numérique et la participation des élèves au concours scientifique au niveau local comme au niveau national. “Tout cela les encourage à rester, à performer et à réussir dans les disciplines scientifiques’’, a-t-elle révélé. L’État invité à agir sur la formation des professeurs Elle invite tout de même l’État à agir sur la formation des professeurs. L’Etat doit agir plus sur la formation des enseignants, des professeurs surtout, a plaidé la proviseure. En effet, pour elle, »le problème des élèves, c’est surtout les mathématiques. Et quand on n’est pas bien en mathématiques, on n’est pas bien en sciences physiques par exemple ». »Donc je crois que c’est ça leur principal problème. Recruter et former un grand nombre de professeurs de mathématiques. Et ce n’est pas suffisant, il faut aussi les accompagner, les recycler c’est important », a-t-elle préconisé. Sira Dhi Dème, le professeur de mathématiques formé à l’Université Gaston Berger (UGB), partage ce plaidoyer. »Il y a le manque de professeurs qualifiés pour les accompagner. C’est une réalité qui existe mais les gens ne parlent que des élèves et le faible effectif dans les séries scientifiques », a-t-il fait valoir, soulignant que la terminale S1 compte un effectif de seulement trois élèves cette année. Pour l’enseignant, la première chose qu’il faut régler, c’est d’abord les coefficients ensuite le programme. Au Sénégal, a-t-il souligné, »on passe quatre ans au collège sur des choses qu’on répète ». Il a donné l’exemple du calcul vectoriel qu’on peut dispenser juste au collège. Il s’agit également d’outiller les enseignants pour qu’ils puissent gérer ces classes-là tout en motivant les élèves de S1 qui après leur Bac pourront choisir le métier de mathématicien mais également les étudiants qui font mathématiques. Il a souligné que pour les classes de première S et seconde S, il y a de »bonnes graines », se réjouissant ainsi d’un effectif de qualité cette année. Les autorités étatiques invitées à promouvoir les séries scientifiques Élève en classe de terminale S1 au lycée de jeunes filles Ameth Fall, Khar Diop invite davantage les autorités à accompagner les élèves qui suivent les séries scientifiques. ‘’J’invite les autorités à accompagner davantage les élèves qui suivent les séries scientifiques en améliorant leurs conditions de travail. Peut-être en leur donnant des ordinateurs et autres outils nécessaires pour le travail. Une manière de les encourager à rester dans ces séries scientifiques’’, a-t-elle plaidé. »Je me suis intéressée aux séries scientifiques dès la classe de quatrième [collège]. J’aime beaucoup les matières scientifiques surtout les mathématiques. C’est ça qui m’a poussé à choisir les séries scientifiques, a-t-elle laissé entendre. ‘’Les séries scientifiques ne sont pas du tout compliquées, il faut juste avoir une méthode de travail et être engagée dans ce que tu fais’’, assure la lycéenne de 18 ans qui rêve de suivre des études en médecine après l’obtention du Bac. Élève en classe de terminale S2 [TS2], Khady Bidi Yade Niang explique son choix d’avoir quitté la première S1 au profit de la terminale S2. ‘’En seconde, on m’a orienté en série S1. J’ai dit que vais aller la faire parce qu’en S1 c’est maths et PC +physique –chimie+ qui sont les matières dominantes. Et quand tu fais la première S1, en maths et PC tu as une bonne base. Et le programme de TS2 en maths est à peu près la même chose que celui de première S1 en maths’’, a-t-elle expliqué. “En maths et en PC, on a une longueur d’avance, poursuit-elle, sur les élèves qui étaient en S2. Donc en TS2, en maths et PC, on gère et on se débrouille en SVT [Sciences de la vie et de la terre]”, fait-elle savoir. La jeune lycéenne encourage tout de même les élèves à suivre les séries scientifiques. ‘’Je les encourage à suivre les séries scientifiques. Je pense que c’est plus passionnant et qu’après le Bac, les débouchées vont être plus faciles et tout’’, exhorte-t-elle. Khady Bidi Yade souhaite également que l’Etat puisse promouvoir les séries scientifiques surtout chez les filles dès la classe de troisième. D’abord école élémentaire avant de devenir un collège, le Lycée Ameth Fall, a été érigé en lycée de jeunes filles en 1962. L’établissement scolaire est situé au quartier sud de l’Île de Saint-Louis (Nord) appelé aussi Sindoné. CGD/AMD/ADL/ASB/OID
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