Dakar, 10 nov (APS) – Diverses personnalités du monde de la culture, dont l’écrivain et Prix Nobel de littérature, Wolé Soyinka, ont préconisé, samedi, de nouvelles approches pour redéfinir les musées et s’éloigner des modèles occidentaux dans le contexte de restitution des objets d’arts africains. ‘’Nous n’avons pas à regarder très loin, si nous voulons être original, dynamique’’, a dit le militant politique et écrivain nigérian pour qui, il faut trouver un nouveau moyen d’accès aux musées. Le romancier pose ‘’la nécessité profonde de musées relationnels”, en appelant à une politique de la ‘’restitution’’, voire de la ‘’réparation’’. Il s’exprimait lors d’un symposium de deux jours (9-10 novembre) à Dakar organisé en marge de la 15e Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (7novembre-7 décembre). Pour Soyinka, ‘’il s’agit de présenter un musée dans lequel l’histoire est vraiment en plein cœur. Et c’est un défi pour ceux qui cherchent vraiment un thème dynamique pour un nouvel musée’’. Dans son livre ‘’Le fardeau de la mémoire, muse du pardon’’ (1998), le Prix Nobel pousse cette idée de nouveaux musées au-delà des oppositions binaires entre l’esthétique des colonisateurs et celle des colonisés, en appelant à un concept de ‘’Restitution’’, sinon de ‘’Réparation’’. ‘’Qui possède le pouvoir de raviver l’effet esthétique du beau dans toutes les cultures, y compris celles qui ont été dévalorisées, rejetées ou détruites ? ‘’, s’est-il interrogé. Selon lui, une esthétique de la ‘’restitution’’, au-delà de la simple reconnaissance des injustices historiques, est nécessaire et a le pouvoir de raviver l’effet de beauté dans toutes les cultures, permettant ainsi des modes d’engagement, de mémoire et de solidarité contre la domination culturelle répressive. L’artiste peintre sénégalais, Viyé Diba invite quant à lui à réfléchir sur de nouveaux types de médiations entre les objets d’arts et ses populations pour redéfinir le nouveau contenu des musées. ‘’Il nous appartient d’organiser une économie parallèle avec le retour de ces objets’’, fait savoir M. Diba qui parle de ‘’délocalisation plutôt que de ‘’restitution’’ s’il s’agit de faire venir les œuvres d’art et de les mettre dans les mêmes musées comme en Occident. La commissaire sénégalaise, Marie Hélène Pereira, qui travaille à la maison des cultures du monde à Berlin (Allemagne) estime que cette question de repenser les musées en Afrique est simplement une réflexion autour de nos espaces, de nos institutions qui sont des lieux de mémoire. ‘’Quant on dépasse l’aspect collection, création d’art, objet d’art, tangible, il est aussi important de réfléchir sur l’aspect immatériel, au patrimoine immatériel et voir comment les lieux de mémoire peuvent créer des espaces et des occasions pour apprendre de ce patrimoine immatériel’’, dit-elle. Le symposium qui se poursuit ce dimanche est organisé par l’Université virtuelle Cheikh Hamidou Kane du Sénégal en partenariat avec l’université New York d’Abu Dhabi et le musée Guggenheim d’Abu Dhabi construit sur l’eau et dont l’inauguration est prévue en 2025. FKS/SKS/OID
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