Dakar, 28 oct (APS) – L’artiste plasticien Viyé Diba, qui s’apprête à ouvrir une galerie d’art le 8 novembre prochain, en marge de la 15e Biennale de l’art africain contemporain de Dakar “Dak’art”, s’engage un peu plus dans la promotion de l’interdisciplinarité avec cet espace d’exposition dénommé “Manifa”.

Situé au détour d’une rue sablonneuse de Sud Foire, un quartier de la commune de Grand Yoff, à Dakar, le bâtiment abritant la galerie “Manifa” s’inspire de l’architecture soudano-sahélienne. Peinte en grenat et érigée sur trois niveaux, la bâtisse, par un subtil mélange de styles ancien et moderne, concentre l’attention de passants.

Les plus curieux marquent le pas pour contempler une bâtisse qui contraste avec les constructions aux alentours.

A l’intérieur, du rez-de-chaussée à la mezzanine en passant par l’étage intermédiaire, le décor captive tout autant ou plus, agrémenté par des tableaux du maitre des lieux. Tout est fait pour rappeler au visiteur qu’il est bien dans une galerie d’art.

“Un bâtiment est le symbole par excellence de l’interdisciplinarité artistique parce que ce sont des ouvriers de différents corps de métiers qui le construisent”, fait remarquer d’emblée Viyé Diba.

“Manifa est un mot mandingue à résonance féminine, il est lié à un personnage féminin très important pour moi, et signifie littéralement +tueuse de riz+”, explique-t-il, en levant un coin du voile sur ses origines mandingues, qui fondent son attachement à son Karantaba natal, une localité de la région de Sédhiou (sud).

“En réalité, le mot renvoie à l’opulence et fait allusion à quelqu’un qui récolte beaucoup de riz et donc une récolteuse de riz”, ajoute l’artiste, initiateur de ce projet dont l’ambition est de porter au pinacle la diversité artistique par le biais de l’interdisciplinarité.

C’est en homme enthousiaste et fier que le lauréat du Grand-prix Léopold Sédar Senghor de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, édition 1998, fait visiter les lieux.

En plus de l’atelier situé au dernier niveau, le bâtiment compte des chambres, des salles d’exposition, une salle de conférence, un restaurant.

“Tout est fin prêt pour que la galerie accueille les visiteurs dès le 8 novembre. La maison est aussi prête pour accueillir, en janvier prochain, des artistes, aspirants artistes et écrivains qui y seront logés afin de mieux se concentrer sur leurs œuvres”, explique le promoteur du projet.

“Nous sommes en train de voir les modalités d’hébergement. Ce sera sous forme de bourses attribuées par appel à candidatures”, précise Diba au sujet des futurs usagers de la galerie.

Ngorouakamyoff”, point de départ d’une interdisciplinarité

Parlant des motivations qui l’ont conduit à ce projet financé sur fonds propres, Diba revient sur les péripéties en prenant comme repère l’an 2010. “C’est une année charnière, à la fois point de départ et point d’arrivée”, souligne-t-il en ajustant sa chéchia.

“En 2002, j’ai organisé une exposition dénommée +Ngorouakamyoff+, près d’une station-service sur la route de Ouakam, où j’ai regroupé des artistes et des ouvriers”, se souvient cet ancien enseignant à l’Ecole nationale des arts, aujourd’hui à la retraite.

“C’était une sorte de promenade où il y avait des réparateurs de radio, des menuisiers, des tailleurs, des artistes, des troupes de théâtre et des marchands. On a même cherché un +car rapide+ pour y faire jouer des artistes comme Philippe Laurent (comédien belge) et Kader Pichininico”, poursuit-il.

Le nom de l’exposition fait référence aux communes de Ngor, Ouakam et Yoff, ainsi qu’aux “cars rapides”, véhicules d’un autre âge, hautement colorés, type Renault Estafette, qui font partie du décor de la capitale sénégalaise depuis si longtemps qu’ils en sont devenus un emblème.

“En 2010, on a organisé un projet appelé ‘Ebullition’, qui avait réuni des tisserands sénégalais, maliens et capverdiens dans le but d’analyser le tissage de chacun de ces pays afin de trouver un élément fédérateur”, dit-il, le propos appuyé par le geste.

Cet espace, ajoute-t-il en allusion à sa nouvelle galerie, est le point d’arrivée du processus de l’interdisciplinarité, de même se présente-t-il comme le départ d’une “nouvelle problématique entre les artistes et leur société immédiate, mais aussi les artistes et le monde ainsi que la pratique artistique”.

Un point d’arrivée et un nouveau départ pour l’artiste. Un passé-futur de la création artistique. La concrétisation d’une vision de la création artistique consolidée par une trajectoire hors du commun, qui en impose.

Barbe impeccablement taillée, Papa Samba Ndiaye, un ancien élève de Viyé Diba, se souvient d’un professeur qui enseignait plusieurs matières à l’Ecole nationale des arts.

“C’est une galerie à visiter pour avoir une idée de l’identité culturelle de l’Afrique”, fait valoir “Beuz”, nom d’artiste de ce “disciple” de Viyé Diba.

MYK/FKS/BK/AKS

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