Kaolack, 7 fév (APS) – Face à la recrudescence du vol de bétail dans les régions de Kaolack et Kaffrine, les acteurs du secteur préconisent le renforcement du cadre juridique afin d’éradiquer définitivement ce fléau dans la zone centre du pays. »La loi criminalisant le vol de bétail, votée à l’Assemblée nationale le 22 mai 2017, avait pour objectif d’«éradiquer définitivement le phénomène compte tenu des peines allant de cinq à dix ans de prison ferme avec la non-négociation ou de remise de peine et des amendes conséquentes », a expliqué la coordonnatrice de la Cellule de lutte contre le vol de bétail (CLCVB) au ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage, Dr Astou Fall, lors de la mission de sensibilisation sur les enjeux et les impacts du vol de bétail dans les régions de Kaffrine et Kaolack. »Mais l’application de cette peine pose problème. Cela est dû, peut-être, à l’insuffisance des ressources judiciaires et sécuritaires. Parce qu’au Sénégal, les forces de l’ordre et les institutions judiciaires manquent souvent de moyens financiers, logistiques, humains et techniques. Pour enquêter sur des cas de vols de bétail, surtout dans les zones rurales reculées, il faut des moyens », a affirmé Mme Fall. Pourtant, a t -elle souligné, l’Etat du Sénégal a mis en œuvre plusieurs initiatives pour lutter contre le vol de bétail, parmi lesquelles le renforcement du cadre juridique, la création de brigades spécialisées dans les unités rurales de la Gendarmerie à travers le pays. Particulièrement remontés, les acteurs de l’élevage déplorent la non -application de cette disposition législative qui, selon eux, n’a »aucun impact » sur la lutte contre le vol de bétail, parce que l’approche n’était pas des meilleures. »Même si chacun doit jouer sa partition dans ce combat, l’Etat du Sénégal doit prendre des mesures drastiques, en corsant davantage les sanctions contre ces malfrats, afin de mettre un terme à de telles pratiques », a plaidé Modou Fall Sow, membre du Comité communal de lutte contre le vol de bétail de la commune de Paoskoto. Embouchant la même trompette, le responsable du foirail de Birkelane, Amadou Seydou Ba, considère qu’il faut »nécessairement » appliquer la loi criminalisant le fléau du vol de bétail. »Il faut une campagne nationale de mobilisation contre le vol de bétail ; des mesures doivent être prises contre ce crime que constitue le vol de bétail et la meilleure façon, c’est de le criminaliser le plus rapidement possible », clame-t-il tout en souhaitant que ce genre de mission soit renouvelé. »Le vol de bétail a été déjà criminalisé, mais ça persiste toujours. Si la situation perdure, c’est parce que certains soutiennent ceux qui s’adonnent à cette pratique illégale », a dénoncé le sous-préfet de Ndiédieng, Abdoulaye Diop, soulignant au passage le caractère «transfrontalier» du vol de bétail au Sénégal. Selon Abdoulaye Diop, l’Etat n’a jamais cessé de lutter contre le vol de bétail. A l’en croire, il s’agit «d’une situation très compliquée parce que les populations n’ont pas la culture de la dénonciation, rendant difficile ce combat contre ce fléau». »Nous sommes confrontés à un problème lié au manque de dénonciation qui rend difficile la mission pour laquelle tout le monde est engagé », se désole M. Diop qui estime que l’Etat a pris »toutes les dispositions » pour éradiquer ce fléau. A cet effet, l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail au Sénégal (ANLCVB) a mis en place une cinquantaine de comités communaux de vigilance à travers le territoire national. Ils sont chargés de veiller, de sensibiliser, de sécuriser et de travailler en étroite collaboration avec les populations locales. C’est dans le souci d’éradiquer ce fléau, explique le président de l’ANLCVB, El Hadji Aboubacar Bitèye, que leur association a été portée sur les fonts baptismaux. »Ce sont des Sénégalais qui s’en prennent aux biens de leurs concitoyens, puisque, jusque-là, seul un voleur étranger a été arrêté et tué à la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, après une dispute avec les victimes », a-t-il fait savoir. M. Bitèye a insisté sur la nécessité de créer davantage de comités de vigilance dans toutes les communes du pays. Lesquels comités devront être présidés par les maires. A Ndramé Escale et à Ndiédieng, des communes de la région de Kaolack, situées non loin de la trans- gambienne et régulièrement visitées par des voleurs de bétail, les éleveurs se sont »résolument engagés » dans la lutte contre ce fléau, à l’image de leurs maires »fortement impliqués » dans ce »combat de survie ». A l’initiative de bureau sous-régional ouest-africain de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), une mission de sensibilisation sur les enjeux et les impacts du vol de bétail a séjourné du 25 au 28 janvier dernier dans les régions de Kaffrine et de Kaolack. Cette mission de sensibilisation des acteurs pastoraux et de plaidoyer envers les plus hautes autorités a enregistré la présence de journalistes et des responsables de l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail au Sénégal (Anlcvb). ADE/ASB/HB/OID/ADL
SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COMMEMORATION-REPORTAGE / Bamboung, une idée des trésors du delta du Saloum – Par Mohamed Tidiane Ndiaye (APS)
SENEGAL-FOOTBALL-CHAMPIONNAT / Stéphane Badji veut inciter les footballeurs sénégalais à revenir au bercail
VIDEO / Kaolack : les opportunités d’emplois qu’offre le secteur maritime sénégalais présentées aux étudiants de l’USSEIN
IMAGES / Richard-Toll : Lancement des travaux de construction d’une usine de traitement et d’un château d’eau