‘’Valdiodio’’, le combat d’une famille éprouvée porté à l’écran
‘’Valdiodio’’,  le combat d’une famille éprouvée porté à l’écran

SENEGAL-CINEMA-MEMOIRE

Dakar, 31 oct (APS) – Le biopic “Valdiodio”, réalisé par la cinéaste sénégalaise Amina Ndiaye Leclerc, retrace le parcours de son père, l’ancien ministre de l’Intérieur Valdiodio Ndiaye (1923-1984), en mettant sous les projecteurs le combat d’une famille “marquée par l’épreuve, l’humiliation et l’expulsion” qui ont suivi la condamnation du mari et père, a appris l’APS lors d’une projection, jeudi à Dakar.

Tourné entre le Sénégal et la France, notamment à Thiès, Dakar, Montpellier et Felines-Termenes village de l’Aude, le film ‘’Valdiodio”, avec ses métaphores, peint comme un tableau montrant l’intérieur du Sénégal dans un décor naturel, en plus de ses costumes traditionnels signés par la styliste Oumou Sy, indique-t-on.

Projeté pour la première fois au marché du film du festival de Cannes (France) en mai dernier, le film a bénéficié de l’accompagnement du Fopica (Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle), de TV5 monde, de l’Organisation internationale de la Francophonie, entre autres.

Un film qui se veut thérapeutique

Porté par de jeunes acteurs sénégalais, nés bien après cette histoire, parmi lesquels Souleymane Sèye Ndiaye dit ‘’Julo’’ (Valdiodio), Alassane Sy (Mamadou Dia) et Ibrahim Brice Dier Koué (Léopold Sédar Senghor), le film pose le legs d’un passé dont l’appropriation incombe désormais à la jeune génération.

Après deux documentaires ‘’Valdiodio Ndiaye et l’indépendance du Sénégal’’ (2000) qui revient sur son discours prononcé le 26 août 1958 devant le général De Gaulle et ‘’Valdiodio, un procès pour l’histoire’’ (2021), la réalisatrice resserre sa narration autour de sa famille et de sa souffrance sur cette histoire politique collective.

C’est ainsi qu’elle dit de ce film de 110 mn ‘’de thérapie’’, qui sonne comme une ‘’exécutoire’’ dont le choix de la narration à travers la fiction vise à faire connaitre aux jeunes leur histoire.

‘’Valdiodio’’,  le combat d’une famille éprouvée porté à l’écran

Se disant admirative de la dignité avec laquelle son père injustement arrêté, a affronté son destin, Amina Ndiaye Leclerc s’est réjouie du fait qu’elle est arrivée au bout d’un chemin après trois réalisations axées sur son père.

La réalisatrice s’est aussi félicitée d’une fiction à la fois ‘’intime, historique et poétique’’, en ce sens qu’elle retrace la vie d’une fille de dix ans affectée par les évènements de 1962, et qui a vu la vie de son père et celle de sa mère basculer du jour au lendemain.

La phrase ‘’Ils ont voulu l’effacer de l’histoire, mais son nom résonne encore’’ inscrit sur l’affiche du film sonne comme une ‘’réhabilitation totale’’, dans la mesure où ‘’aux archives , beaucoup d’enveloppes où il est inscrit Valdiodio étaient vides’’, a révélé la réalisatrice.

 ‘’Je suis partie d’éléments concrets et réels. Par exemple, j’ai passé du temps dans les archives diplomatiques à Paris et j’ai découvert des choses étonnantes que j’ai pu mettre dans les dialogues du film. Par exemple +Valdiodio ne pourra jamais être manipulé+ c’est quelque chose que j’ai trouvé dans les archives de la part de l’ambassadeur de France de l’époque’’, a-t-elle expliqué.

‘’Valdiodio’’,  le combat d’une famille éprouvée porté à l’écran

La cinéaste, qui se dit ‘’hyper contente’’ après la projection de son film dans une salle comble, en présence du ministre de l’Economie du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, et de ses frères dont Me Guédel Ndiaye, dit être rassurée d’avoir su relever le ‘’challenge’’.

 ‘’Trop de boulot, je sors de là épuisé et c’est comme si j’étais arrivée au bout d’un chemin. Alors que lorsque j’ai fait le documentaire, je savais qu’il restait une mission à accomplir, c’est-à-dire faire la fiction. Les projets cinéma, il ne faut pas dire non, mais pour le moment, je suis arrivée au bout d’un chemin’’, a-t-elle martelé.

Proche de l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia (1910-2009), accusé de tentative de coup d’Etat lors de la crise de décembre 1962, Valdiodio Ndiaye, son ministre de l’Intérieur a aussi été accusé de complot contre l’Etat.

Né en 1923 et décédé à Dakar en 1984, il occupa successivement les fonctions de ministre de l’Intérieur, de la Défense et des Finances. Docteur en droit en 1951, Valdiodio Ndiaye compte parmi les premiers avocats sénégalais.

FKS/HB/SMD/MTN