SENEGAL-CINEMA-LITTERATURE-DISTINCTION
Dakar, 4 juil (APS) – Une attestation de ‘’reconnaissance de la nation’’ a été décernée, jeudi, à titre posthume, à l’écrivaine sénégalaise, Mariama Ba (1929-1981), auteur du célèbre roman ‘’Une si longue lettre’’, paru en 1979.
La distinction a été remise à Mame Coumba Ndiaye, fille de l’écrivaine, par la représentante de la Première dame, Maguette Diop, lors de la cérémonie de l’avant-première nationale du film ‘’Une si longue lettre’’, une adaptation du livre éponyme par la réalisatrice sénégalaise Angèle Diabang.
‘’Au nom de la Première dame, Marie Khone Faye, à travers moi, au nom de la nation toute entière, j’ai l’honneur de remettre à titre posthume cette attestation à Mariama Ba, qu’elle soit le témoignage de notre reconnaissance éternelle pour une femme (…) dont l’empreinte reste vive’’, a déclaré Maguette Diop.
Selon elle, ‘’Mariama Ba a été plus qu’une écrivaine, elle fut une conscience, une voix ferme et douce à la fois qui a osé dire l’indicible avec courage et élégance’’.
Maguette Diop a transmis ‘’l’admiration profonde’’ de la Première dame pour Mariama Ba d’où la raison, dit-elle, de son soutien à cet hommage qui lui est rendue.
‘’Ce moment solennel est plus qu’un évènement culturel, c’est un acte de mémoire, de reconnaissance et de transmission’’, a-t-elle dit devant les ambassadeurs de la France et du Gabon au Sénégal.
Un portrait de Mariama Ba réalisé par le jeune artiste Makha Seck a été aussi remis à la famille devant un public venu nombreux.
Pour le secrétaire d’Etat à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Bakary Sarr, l’adaptation cinématographique du roman met en lumière le langage de l’image, la richesse et la modernité du récit de Mariama Ba.
‘’Ce film n’est pas une simple adaptation de roman. C’est un acte de mémoire, un hommage vibrant et un miroir tendu à notre société’’, a souligné M. Sarr estimant qu’’’Une si longue lettre’’ demeure ‘’un récit universel et résolument contemporain’’.
Selon Bakary Sarr, ce roman continue d’interroger avec une acuité saisissante la place de la femme dans nos sociétés, son apport décisif à l’éducation, la puissance de la sororité face aux épreuves et à la recherche constante d’un juste équilibre entre fidélité aux traditions et désirs d’émancipation.
Il a rappelé le soutien que l’Etat a apporté à ce film à travers le Fopica (Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle).
L’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, a salué la ‘’ténacité’’ de la réalisatrice qui a tenu douze ans pour réaliser son film, qui, dit-elle ‘’incarne les obstacles que rencontrent les femmes pour raconter leurs histoires’’.
Elle a fait part de son lien avec ce roman ‘’unique et émouvant’’ qui l’a accompagnée dans tous ces déplacements depuis l’âge de 18 ans.
”Je trouve que c’est un texte humaniste qui résonne et d’une justesse saisissante’’, a dit la diplomate.
Décédée en 1981 à l’âge de 52 ans, Mariama Ba, a publié, à titre posthume, son deuxième roman ‘’Le Chant écarlate’’ la même année.
”Une si longue lettre”, le long métrage fiction de 105 minutes de la réalisatrice Angèle Diabang, produit par la maison de production ‘’Karoninka’’, s’inscrit dans le débat sur la place de la femme dans la société, au-delà du sujet de la polygamie.
Ramatoulaye (Amélie Mbaye), une femme ancrée dans ses valeurs traditionnelles, mais ouverte à la modernité, voit sa vie basculer lorsque son mari Modou Fall (Serge Abessolo) décide de prendre après 25 ans de mariage une seconde épouse, Binetou, qui se trouve être la meilleure amie de sa fille aîné Daba.
Le film était en compétition dans la section ‘’Perspectives’’ de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO) en février dernier et au festival international du cinéma africain de New York en mai dernier.
L’avant-première nationale, ce 3 juillet, a drainé du monde dans quatre salles du cinéma Pathé Dakar, faisant un total de 962 entrées pour un jour.
FKS/OID