SENEGAL-AFRIQUE-CULTURE- ENJEUX
Dakar, 31 oct (APS) – L’universitaire sénégalais Bernard Dione a souligné que la valorisation des savoirs endogènes doit être perçue non comme un simple luxe intellectuel, mais comme une “nécessité vitale pour les sociétés africaines” dans un monde qui tend de plus en plus vers une homogénéisation des cultures sous l’égide des modèles de pensée dominants.
‘’Quand un guérisseur traditionnel détient les secrets d’une plante médicinale, mais que ses savoirs restent confinés dans l’oralité, c’est toute l’humanité qui perd. Quand nos langues s’éteignent, ce sont des univers entiers de pensée qui s’effacent’’, a déploré l’enseignant-chercheur à l’Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (EBAD-UCAD).
Il s’exprimait lors d’un colloque international qui se tient à Dakar du 29 au 31 octobre portant sur le thème ”Savoirs endogènes au prisme des sciences de l’information et de la communication : entre territoires et terroirs”.
Des chercheurs venus de plusieurs pays, dont le Bénin, le Chili, l’Ouganda, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, la France, la République démocratique du Congo, prennent part à cette rencontre scientifique.
Selon Bernard Dione par ailleurs directeur du Centre national de documentation scientifique et technique (CNDST), les enjeux de ce colloque dépassent largement l’académie, en ce sens qu’ils posent des questions ayant des ‘’implications concrètes’’.
‘’Les dénominations au profit d’une prétendue universalité des savoirs occidentaux nous obligent, nous Africains, à questionner nos propres pratiques de recherche, nos méthodologies, nos épistémologies, nos systèmes de classification et nos modes de validation scientifiques’’, a-t-il soutenu.
De l’avis du directeur général du Musée des civilisations noires (MCN), Mouhamed Abdallah Ly, les savoirs dits endogènes ‘’sont loin d’être des résidus culturels ou des curiosités folkloriques”.
Ils demeurent, selon lui, les ‘’pivots d’un rapport au monde et d’un système de pensée complexe, enraciné, transmis et vivant’’.
Ces savoirs “expriment une manière d’être et de connaître qui échappe en réalité aux catégories hégémoniques, souvent incapables d’en saisir la profondeur”, a encore fait valoir M. Ly dont les locaux ont abrité ce colloque.
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