Dakar, 31 août (APS) – Le film “1776 : Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta”, qui sera projeté mardi prochain en avant-première au cinéma Pathé, à Dakar, ambitionne de contribuer à vulgariser l’histoire du leader de la révolution du Fuuta-Tooro (1765-1776), considéré comme un précurseur de la démocratie sénégalaise, a dit son auteur, le cinéaste sénégalais Moe Sow.“[…] Le but est de vulgariser notre histoire dans le monde, non seulement il va passer au cinéma, à la télévision et dans les festivals, mais on va vulgariser le film pour que le monde connaisse notre histoire” et celle de Thierno Souleymane Baal, a expliqué le cinéaste dans un entretien avec l’APS.“Si on peut permettre à des Sarkozy [Nicolas, ancien président français] de nous dire qu’on n’a pas d’histoire, c’est qu’ils ne connaissent pas l’histoire de l’Afrique”, a souligné M. Sow qui a fait des études de designer industriel et de cinéma aux Etats-Unis.Dans un discours controversé prononcé à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 26 juillet 2007, devant des étudiants, enseignants et des personnalités politiques, l’ancien président français avait soutenu que “l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire”. Des propos qui ont choqué et fait polémique, en raison des clichés et préjugés qu’il véhicule sur l’Afrique et son histoire.“La démocratie qu’ils [Les Occidentaux] prônent aujourd’hui, si vous regardez le film, ce sont les mêmes chartes et lignes à cette époque”, affirme le réalisateur, selon lequel “il est important de montrer” que le continent africain “a participé à la bonne marche du monde”. “La démocratie n’est pas née d’hier pour nous, on l’a connue depuis longtemps et sous d’autres formes”, dit-il, précisant avoir fait ce film sur commande de l’association “Ceerno Silymaani Baal”, présidée par le général Ousmane Kane, avec lequel il a assuré la coproduction de cette oeuvre.Le film est inspiré du livre “Ceerno Silymaani Baal, le leader de la révolution du Fuuta-Tooro (1765-1776)” de Mamadou Youry Sall, chercheur-enseignant à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.Le marabout Ceerno Silymaani Baal, décrit comme un fin politique, est l’une des figures les plus marquantes de l’histoire de l’Afrique du XVIIIème siècle, lors duquel il a mené sur le plan chronologique et en contenu, la première révolution atlantique, souligne l’ouvrage publié en 2014.Moe Sow ajoute que cela se passait au même moment que la révolution américaine de 1776.Le choix du docu-fiction pour attirer les jeunesLe choix de faire ce film sous forme de docu-fiction n’est pas fortuit, selon Moe Sow, auteur également de “Kaw Cheikh le patriarche”, un film rendant hommage à l’écrivain Cheikh Hamidou Kane. Le documentaire fiction est le genre indiqué pour vulgariser la révolution du Fouta auprès des jeunes qui ignorent cette histoire.Les jeunes “ne lisent plus, il faut qu’on puisse raconter ces histoires dans des formats qu’ils comprennent”, dit-il, ajoutant que le recours à la fiction vise à amener les jeunes à avoir envie de découvrir Thierno Souleymane Baal.“Quand ils essaient de nous vendre la démocratie, il faut qu’on montre qu’on a eu la démocratie avant eux. Tout ce qu’on nous dit sur la gouvernance sobre et vertueuse, c’est de Thierno Souleymane Baal. On a eu beaucoup de résistants”, dont “Maba Diakhou, Cheikh Oumar Foutiyou Tall, Cheikh Ahmadou Bamba, etc., mais Thierno Souleymane Baal n’a pas été juste un résistant, il a construit un Etat de l’intérieur”, a-t-il insisté, avant d’inviter les jeunes à s’approprier ce legs.Le titre du film, à savoir “1776: Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta”, rend compte de son ambition de montrer que cette révolution n’a pas été seulement le fait de Torodo ou de Foutanké, ce qui peut être “très limitatif”. Elle a aussi été marquée par la participation de wolofophones venant du Cayor avec l’université Khaly Amar Fall de Pire, du Fouta Djallon et des maures du Trarza dans l’actuelle Mauritanie, selon le cinéaste.Une centaine d’acteurs dont feu Mentor Ba ont participé à ce film avec dans le rôle principal l’acteur anglais Oris Erhuero, lequel compte déjà à son actif une cinquantaine de films parmi lesquels “Les aventures de Simbad” de George Mendeluk, “Moloch Tropical” et “Quelques jours en avril” du réalisateur haïtien Raoul Peck.Sa maîtrise du Coran a été prépondérant dans le choix, fait savoir M. Sow.Il révèle que la production a été entièrement assurée par des techniciens sénégalais, et le film a été tourné au Cayor à Pire, au Fouta et en Mauritanie avec beaucoup de fond vert pour reconstituer l’univers de l’époque.Le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuel (FOPICA) a participé à hauteur de 75 % au budget du film, qui est de cent mille euros, environ 65 millions de francs CFA. L’association Cerno Sileymani Baal y a contribué à travers un financement participatif, selon le réalisateur.FKS/SBS/BK
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