Un gériatre : “Nous avons 15 spécialistes pour plus d’un million de personnes âgées”
Un gériatre : “Nous avons 15 spécialistes pour plus d’un million de personnes âgées”

SENEGAL-SANTE-PERSONNEL

Dakar, 30 sept (APS)- Le Sénégal, avec 15 gériatres pour plus d’un million de personnes âgées, soit un ratio d’un spécialiste pour près de 72 000 patients du troisième âge, bien en deçà des normes de l’Organisation mondiale de la Santé, a-t-on appris du chef clinique du service gériatrie du centre hospitalier national universitaire de Fann (CHNU).

“En 2020, sur tout le territoire [sénégalais], il n’y avait que six spécialistes sénégalais. Ce n’est qu’en 2023 que la première promotion de gériatres du CHNU de Fann est sortie avec 6 Sénégalais, suivie en 2024 de la seconde promotion avec 3 Sénégalais”, a renseigné docteur Massamba Ba.

Cela fait “un total de seulement 15 spécialistes pour plus d’un million de personnes âgées, plus précisément 1 0 80 523 selon l’ANSD”, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, a-t-il indiqué dans un entretien avec l’APS, en prélude de la Journée internationale des personnes âgées, le 1er octobre.

Il signale par ailleurs que parmi ces 15 gériatres, seuls deux sont en service en région, précisément à Touba, ce qui rend compte, dit-il, d’une insuffisance du personnel qualifié dans ce domaine.

Le personnel médical dans ce domaine “reste très insuffisant malgré des efforts colossaux en termes de formation au niveau du service de gériatrie de Fann. C’est dire que l’engagement des médecins sénégalais dans la spécialisation reste encore très timide, lié aussi à l’insuffisance de soutien institutionnel (bourses d’étude) dans la formation spécialisée de jeunes médecins”, a souligné le gériatre et gérontologue.

Massamba Ba estime que la formation du personnel paramédical dans cette spécialité reste “encore plus problématique”, ajoutant que des efforts devront être faits sur ce point également.

Or, les infirmières gérontologiques, les neuropsychologues, les diététiciens, les kinésithérapeutes et les ergothérapeutes restent “des professions dont l’intervention est primordiale dans la prise en charge gériatrique”, a fait valoir le spécialiste.

“La formation de formateurs dans ces domaines permettra aussi de disposer de ces personnels afin d’améliorer la qualité de la prise en charge”, a-t-il ajouté.

Il a rappelé, citant les statistiques de l’ANSD, que le Sénégal comptait 1 080 523 de personnes âgées de 60 ans ou plus en 2023, pour une population de 18 126 390 habitants, soit une proportion de 5,96% de personnes âgées, contre 5,55% en 2020.

“C’est dire que cette population est en perpétuelle augmentation avec un taux de croissance (3,2%) plus important que celui de la population générale (2,5%)”, a commenté Massamba Ba.

Il s’y ajoute que les spécialistes, pour l’essentiel, “sont concentrés à Dakar, du fait surtout de l’insuffisance de structures gériatriques régionales”, à part celles existant à Thiès et Touba.

“Pour le personnel paramédical spécialisé, n’en parlons même pas, le déficit est criant”, a-t-il poursuivi, en préconisant, pour pallier cette situation, la formation de jeunes médecins par l’octroi de bourses d’étude et la multiplication des structures gériatriques régionales.

Selon Massamba Ba, avec l’appui de l’Etat, une structure comme l’Ecole nationale de développement sanitaire et social (ENDSS) pourrait inclure dans ses cycles une formation spécialisée en gérontologie (infirmiers, aides soignants, auxiliaires de vie, techniciens en kinésithérapie, conseillers en diététique, assistant social, technicien en psychothérapie).

NSS/BK/SBS/MTN