“Un cinéma qui ne nourrit pas ceux qui le font ne peut pas perdurer”, selon Angèle Diabang
“Un cinéma qui ne nourrit pas ceux qui le font ne peut pas perdurer”, selon Angèle Diabang

SENEGAL-CINEMA-DEFIS

Dakar, 11 oct (APS) – La réalisatrice sénégalaise Angèle Diabang a plaidé, vendredi à Dakar, pour une refonte du modèle économique du cinéma national, estimant que  “malgré le succès et l’enthousiasme du public, les producteurs et créateurs peinent encore à en tirer un réel bénéfice financier”.

“Il est essentiel que les acteurs, institutions et partenaires publics et privés repensent ensemble notre modèle économique du cinéma, afin d’imaginer un cadre plus durable qui permette aux créateurs de vivre dignement de leur art. Un cinéma qui ne nourrit pas ceux qui le font ne peut pas perdurer’’, a-t-elle fait remarquer.

Angèle Diabang s’exprimait vendredi lors d’une séance spéciale de projection de son film ‘’Une si longue lettre’’, une adaptation d’un classique éponyme de la littérature sénégalaise et africaine francophone, ayant connu un large succès populaire.

Devant le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Amadou Ba, et du secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, Bakary Sarr, elle s’est attardée sur les coûts d’exploitation des films, la fragilité de la distribution  et la faiblesse des marges bénéficiaires.

Selon elle, sur les 5 000 francs CFA du ticket d’entrée, il reste moins de 30 % à partager entre six partenaires. “Je vous laisse imaginer le faible pourcentage qui revient au porteur de projet africain que je suis”, a-t-elle martelé, en faisant allusion à son propre film.

De son point de vue, ces chiffres, plus que des statistiques, “traduisent la réalité quotidienne des producteurs’’.

“Derrière chaque film, il y a un pari, des sacrifices, souvent des dettes, mais toujours une passion immense”, a-t-elle poursuivi, insistant sur la nécessité de réduire les taxes pour soutenir les producteurs sénégalais.

“Nous ne demandons pas la gratuité, mais une réduction permettant de générer de véritables recettes issues des sorties en salle”,  a-t-elle ajouté, notant que “le cinéma au-delà de l’art, est une industrie, un vecteur d’emploi et un acte d’avenir”.

Son plaidoyer ne semble pas tomber dans l’oreille d’un sourd, en ce sens que la tutelle a reconnu la nécessité de repenser le modèle de financement pour le cinéma africain.

“Vous avez évoqué des difficultés réelles qui freinent le développement du secteur. Nous en tiendrons compte”, a réagi Amadou Ba.

Le ministre en charge de la Culture a assuré que les plus hautes autorités “seront mobilisées pour doter la culture d’un cadre juridique sécurisant et d’un financement plus accessible”.

Il a par ailleurs salué le succès du film ‘’Une si longue lettre’’ qu’il considère comme une œuvre fondatrice du renouveau du cinéma sénégalais et africain, mettant en lumière  “l’attachement du public à sa culture”.

"Un cinéma qui ne nourrit pas ceux qui le font ne peut pas perdurer'', selon Angèle Diabang

FKS/SMD