SENEGAL- HISTOIRE-UNIVERSITE
Ziguinchor, 22 mai (APS) – Un colloque consacré à la figure féminine de la résistance coloniale Aline Sitoé Diatta, s’est ouvert, jeudi, à l’université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ), a constaté l’APS.
La rencontre scientifique qui réunit des chercheurs, des étudiants et autres personnalités de divers horizons est à l’initiative du mouvement de pensée Impluvium.
L’Association sénégalaise de philosophie (ASEPHI), le Laboratoire de recherche en Sciences économiques et sociales (LARSES ) de l’UASZ et le Laboratoire de recherches sur les institutions et la croissance (LINC) affilié à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar sont également parmi les organisateurs.
Axé sur le thème général “Aline Sitoé : 80 ans après, l’actualité d’une icône des luttes de libération et du refus de la désafricanisation”, cet évènement ambitionne de revisiter l’héritage de la “figure emblématique du Kassa”, a-t-on appris lors de la cérémonie d’ouverture.
La conception de la liberté chez Aline Sitoé Diatta, son engagement éthique, sa résistance, son combat pour la dignité humaine, sa vision du développement endogène et la place de la femme dans la société, ont été notamment mis en exergue par les participants à ce colloque.
“Aline Sitoé Diatta était une femme qui savait dire non. Quatre-vingt ans après, sa pensée est toujours vivace” , a fait remarquer le directeur de l’UFR Sciences économiques et sociales de l’UASZ, le Pr Abdoul Aziz Niang, insistant sur “la pertinence de son combat dans le monde contemporain”.
Le recteur de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, le Pr Alassane Diédhiou, a mis en lumière la dimension visionnaire de son action, notant qu’elle prônait un retour aux “pratiques agricoles ancestrales et une réhabilitation de l’identité culturelle”.
Il a aussi plaidé pour l’instauration d’une “Chaire Aline Sitoé Diatta” dans les universités sénégalaises.
“Il faut qu’on pense à ériger une Chaire à son nom et à intégrer des modules spécifiques sur son parcours dans les cursus d’histoire, de sociologie, d’anthropologie et d’études postcoloniales”, a-t-il notamment suggéré.
De son avis, “Aline Sitoé Diatta est l’un des symboles les plus puissants de la résistance populaire contre le système colonial français”.
Universitaire américain et spécialiste des religions en milieu diola, le Pr Robert Baum, a souligné le rôle prophétique d’Aline Sitoé Diatta qu’il cite parmi les grandes figures spirituelles du continent africain.
“Cette femme était une figure mondiale parce qu’elle a été une héroïne de la lutte contre les colons”, a poursuivi le chercheur qui a séjourné pendant longtemps dans le département d’Oussouye, plus précisément à Mlomp Cadjinole.
Robert Baum a toutefois appelé à davantage protéger la mémoire d’Aline Sitoé Diatta.
S’exprimant au nom de la famille d’Aline Sitoé Diatta, Laurent Diatta s’est félicité de la tenue de cette manifestation scientifique consacrée à cette figure historique majeure du Sénégal.
“Nous magnifions cette action. Elle contribue à faire rayonner l’héritage de cette grande dame”, a t-il dit.
Née vers 1920 à Cabrousse, dans le département d’Oussouye, Aline Sitoé Diatta était perçue comme une “prêtresse” et une “guide spirituelle” dans son village. Sa popularité et son influence lui valurent l’hostilité des autorités coloniales françaises.
Figure emblématique de la résistance culturelle face à la puissance coloniale, elle est passée à la postérité mémorielle de son pays, où plusieurs infrastructures portent aujourd’hui son nom, à l’instar de l’ancienne cité Claudel, la résidence des filles de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Un stade à Ziguinchor et le bateau qui assure la liaison Dakar-Ziguinchor sont également baptisés à la mémoire de ce symbole de courage féminin.
Arrêtée, elle fut déportée à Tombouctou, au Mali, où elle mourut, dit-on en 1944. Ces dernières années, des voix s’élevaient pour que les restes de cette résistante soit rapatriée au Sénégal.
MNF/SMD/ASG
