Thiès : de “belles performances” sanitaires en 2024, malgré des indicateurs apparemment “faibles” (DRS)
Thiès : de “belles performances” sanitaires en 2024, malgré des indicateurs apparemment “faibles” (DRS)

SENEGAL-SANTE-BILAN

Thiès, 7 mars (APS) – La région de Thiès a enregistré de “belles performances” en matière de santé en 2024, malgré des indicateurs en apparence faibles liés surtout à la non disponibilité de la totalité des données, en raison de la rétention d’informations sanitaires décidée par quelques centrales syndicales, a indiqué, jeudi, le directeur régional de la Santé, le docteur Mama Moussa Diaw.

“Nous sortons d’une longue période de grève et de rétention d’informations, et ce n’était pas évident de respecter les délais de cette revue annuelle conjointe au niveau régional”, a-t-il dit à des journalistes, au terme de la Revue annuelle conjointe (RAC) régionale à la gouvernance de Thiès.

Selon le docteur Diaw, à la suite de la levée du mot d’ordre de rétention des informations sanitaires par certaines centrales syndicales, la région médicale s’est retrouvée avec “assez de matière pour présenter des résultats”, contrairement à l’année dernière.

Cette revue précédant la Revue annuelle conjointe nationale constitue un bilan et un plaidoyer pour le secteur de la santé.

“Les indicateurs que nous avons présentés ici peuvent inquiéter quelque part par leur faiblesse, mais ils nous rassurent, en ce sens que nous avons pu évaluer le maximum de résultats que nous avons”, a commenté le responsable, précisant qu’en dehors de la tuberculose, les indicateurs présentés portent sur “moins de 50% des résultats” que ses services sont en train de collecter.

“Nous sommes rassurés par rapport aux indicateurs de qualité de soins, malgré la rétention d’informations qui a eu lieu”, ce qui “n’a pas impacté la qualité du service fait”.

“Sur les éléments qui montrent la technicité et la compétence des agents, nous avons de très belles performances”, s’est félicité le docteur Diaw.

Il estime que dès lors que “certains des indicateurs produits sont en très bonne voie”, la région a “encore une marge de progression sur la complétude des données, on peut être rassuré que la région de Thiès a encore une fois eu de très belles performances”.

Lors de cet exercice visant à montrer la contribution de l’ensemble des parties prenantes aux processus sanitaires, il a été noté que “moins de 4% des [informations sur les] financements” consentis par les collectivités territoriales ont été collectés auprès de ces dernières.

Des données qui ne reflètent pas la réalité du terrain où les remises de matériel par des élus à des structures sanitaires font florès dans les médias. Tout comme les recrutements d’agents par des collectivités territoriales qui n’apparaissent pas non plus dans cette RAC.

Pourtant, les structures de santé lancent leur planification, en collaboration avec les mairies. Si bien que le Plan de travail annuel (PTA) des structures sanitaires se base sur le Plan opérationnel de travail des collectivités territoriales (POCT santé).

Accompagner la dynamique de la région

Selon le directeur régional de la Santé, une “rupture d’échanges” entre ces institutions territoriales et les techniciens de santé explique le fait qu’après une planification conjointe, il manque, au moment de l’évaluation, des éléments sur les engagements ou la réalisation des politiques. Les deux parties se sont engagées lors de cette revue à “corriger” cet impair.

“La recommandation majeure [de la RAC régionale] est que le Plan national de développement sanitaire soit adapté aux besoins de la région”, a relevé le DRS.

Il souligne que Thiès, une région “en pleine dynamique”, avec un secteur industriel en évolution, des routes, des ports en construction, une population croissante, qui va passer de 2,4 millions à 2,5 millions en 2025, a des besoins sanitaires croissants.

“Il y a des hôpitaux à construire, des structures manquantes comme le SAMU, devant réguler les références entre les différentes structures de pointe, une banque de sang, un centre régional de transfusion sanguine” à réaliser, pour répondre à la demande, a-t-il plaidé.

Les participants à la revue, notamment les acteurs de la santé et les élus, ont relevé l’impact de l’arrêt des financements USAID, au moment où la région avait engagé plus de 300 millions de FCFA dans le cadre du projet Ndamir et s’attendait à des remboursements, suite aux performances qu’elle a enregistrées.

Momentum, un autre projet USAID arrivé à terme et attendant d’être évalué, a permis de créer des blocs opératoires à Mékhé, Thiadiaye, Joal-Fadiouth, Popenguine et Mbour, a dit Mama Moussa Diaw.

Il s’est dit “rassuré” de ce que “l’État est en train de prendre en charge les dépenses (…) engagées [dans ces projets], en respectant la procédure nationale”.

Les centres de santé secondaires, le “chaînon manquant”

S’agissant de la couverture en ressources humaines, “la région de Thiès est bien dotée”, assure le DRS, insistant toutefois sur l’importance pour les collectivités territoriales de veiller à la qualité du personnel qu’elles recrutent et à la manière dont elles les emploient, afin de maintenir les performances obtenues.

Soulignant la nécessité de développer les centres de santé secondaires, le “chaînon manquant” entre les postes de santé et les hôpitaux, il a plaidé pour qu’il y ait “au moins un centre de santé dans chacune des trois communes” de la ville de Thiès, qui avoisine les 500.000 habitants, avec 22 postes de santé, compte non tenu des postes privés.

Il a d’ailleurs relevé que pendant la grève qui s’est prolongée jusqu’en 2023, “plus de 22 postes de santé étaient fermés alors qu’un seul centre de santé fonctionnait” à Thiès, suggérant aux collectivités territoriales qui ont les moyens de construire deux postes de préférer, à la place, un centre de santé.

Cela aiderait à “réduire la pression sur l’hôpital régional” et permettrait aux hôpitaux de “s’occuper des urgences et des références de haut niveau”, estime Mama Moussa Diaw.

A propos des programmes de gratuité, à l’arrêt dans beaucoup de structures de santé et qui n’avaient plus les moyens de les supporter, faute de remboursement de la part de l’État, il y a une nouvelle donne, a noté le directeur régional de la Santé.

La CMU est en train de signer des “conventions de confiance” avec des structures, après que l’État a commencé à éponger les arriérés jusqu’à 2023. En attendant celles de l’année 2024, a-t-il précisé, relevant, en passant, une “évolution” concernant la césarienne, dont l’offre a été augmentée et rapprochée des populations de la région.

Une rencontre est prévue pour bientôt autour de l’autorité administrative pour reprendre les programmes de gratuité, a-t-il annoncé.

Un autre défi de la région a trait au renforcement de ses capacités de stockage de médicaments. La Pharmacie régionale d’approvisionnement (PRA) de Thiès emprunte les locaux du Commissariat à la sécurité alimentaire pour garder ses stocks. Ce qui fait qu’elle n’a “pas assez de marge de manœuvre” et ressent toute rupture à l’échelle nationale, même si la région a son stock de produits essentiels.

“Aujourd’hui, la région de Saint-Louis est plus en sécurité en matière de médicaments que la région de Thiès”, a fait valoir Mama Moussa Diaw.

Selon lui, le directeur général de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), “très sensible” au plaidoyer concernant cette situation, a décidé que Thiès abritera le premier des pôles qu’il compte ériger à travers le pays. “Nous sommes à la recherche d’une assiette foncière”, a-t-il dit.

Pour le docteur Diaw, “les grands défis [de la région], c’est d’abord de pouvoir recueillir les données sanitaires, tant dans les structures publiques que privées”. Il estime que la régularisation des structures de santé privées, le respect de la carte sanitaire, sont aussi des challenges que la région devra relever.

ADI/HK/HB/BK

 

Stay Updated!

Subscribe to get the latest blog posts, news, and updates delivered straight to your inbox.

By pressing the Sign up button, you confirm that you have read and are agreeing to our Privacy Policy and Terms of Use