SENEGAL-AGRICULTURE-POINT
Tambacounda, 21 nov (APS) – Le Sénégal est parvenu à écouler 12.500 tonnes au mois de septembre dernier, période coïncidant avec l’entrée en vigueur du gel des importations, a révélé le président du collectif des producteurs de bananes de Tambacounda, Mamadou Yaya Sall, avant de plaider pour une extension de cette mesure destinée à faciliter l’écoulement de la production locale.
“Au mois d’août, le Sénégal a vendu 9.600 tonnes contre 700 tonnes au mois de juillet, alors qu’au mois de septembre qui a coincée avec le début du gel des importations, nous avons vendu 12.500 tonnes. Donc, on peut dire que le gel des importations a eu un impact positif sur la filière banane, notamment sur l’écoulement de la production nationale”, a-t-il dit.
Mamadou Yaya Sall s’exprimait en marge d’une tournée de l’Agence de régulation des marchés (ARM) dans les bananeraies de Tambacounda, en partenariat avec le Collectif des producteurs de bananes et les l’Association des commerçants importateurs de bananes du Sénégal.

Conduite par la direction régionale de l’agriculture et du développement rural de Tambacounda, cette visite s’est déroulée dans les bananeraies de Gouloumbou et Missirah.
Elle a permis aux acteurs d’évaluer l’état de la filière banane ainsi que la mesure de gel des importations, entrée en vigueur depuis le 1er septembre dernier.
La mesure avait été prise par l’Agence de régulation des marchés (ARM), à la suite d’une réunion du comité chargé de la réglementation de la filière banane, le 18 août dernier.
L’ARM n’avait donné aucune précision sur la durée de la suspension des importations, mais elle avait affirmé qu’une importante production devrait sortir des bananeraies du pays, de septembre à novembre 2025.
Selon M. Sall, des avancées considérables ont été enregistrées en cette période de gel des importations bananes, en dépit des difficultés enregistrées lors des premières semaines.
“Le protocole prévoyait 25 camions par semaine, mais les commerçants ont commandé 19 camions par semaine, dont une livraison acceptée et commercialisée en moyenne de 17 camions par semaine. Donc, nous ne sommes pas déçus non plus sur ce point”, a-t-il soutenu.
“La consommation en bananes au Sénégal est évaluée à 102 tonnes l’année dernière. Et cette année, nous, producteurs de bananes, prévoyons de mettre sur le marché 112.500 tonnes. Donc, nous pouvons produire une quantité supérieure à la demande nationale”, a indiqué le président du Collectif des producteurs de bananes.
Les producteurs sont capables de satisfaire le marché national, a-t-il assuré, plaidant pour une extension de la mesure de gel des importations de bananes.

Mamadou Yaya Sall a salué la baisse ”considérable des importations de bananes notée depuis 2018″.
“En 2018, les importations de bananes étaient évaluées à 50.000 tonnes contre moins de 30.000 tonnes en 2024. Les importations ont baissé de 20.000 tonnes entre 2018 et 2024, et nous espérons qu’en 2025, elles n’arriveront pas à 20.000 tonnes”, a-t-il souligné.
Des pertes estimées à plus de 60 à 70%
Prenant la parole au nom des commerçants importateurs de bananes du Sénégal, Aliou Diallo a salué la mise en œuvre de cette stratégie de valorisation de la banane locale.
Il a souligné toutefois qu’au début du processus, les commerçants ont subi, “lors des livraisons des premières semaines, d’importantes pertes, tant au niveau des importateurs qu’au niveau de leurs clients distributeurs”.
Selon lui, les producteurs locaux peinent à satisfaire le marché en qualité et en quantité, et à respecter le cahier des charges.

“La production de bananes de qualité repose sur une maîtrise rigoureuse de chaque maillon de la chaîne, lequel doit être parfaitement contrôlé […], mais dans certains cartons, les bananes présentent une maturité prématurée ou un déclenchement de la maturation, vraisemblablement causé par une température excessive dans les camions […]”.
Les cartons situés en bas des camions “étaient fortement endommagés par l’humidité, conséquence directe de l’absence de palettisation et de la rupture de la chaîne de froid”, a-t-il poursuivi.
“Ces défauts rendent le produit difficile à revendre comme produit de qualité et ont causé d’énormes pertes : plus de 60 à 70% de la valeur des marchandises dans certains cas, ce qui représente des pertes de centaines de millions”, a-t-il expliqué.
Une production de 23000 tonnes estimée à 9 milliards de francs CFA
Les commerçants importateurs de bananes du Sénégal ont plaidé, de leur côté, pour la levée du gel des importations de bananes pour un approvisionnement correct du marché durant les périodes de pénurie de bananes, mais aussi dans l’optique de préserver leurs relations avec les pays de la sous-région.
Prenant la parole au terme des interventions des deux parties, le directeur général de l’Agence de régularisation des marchés, Babacar Sembène, a salué les résultats enregistrés lors de la période de gel des importations.
“Les producteurs ont livré en moyenne 23.000 tonnes au niveau national […]”, un total “estimé à 9 milliards de francs CFA. Cette mesure a eu des répercussions très positives en termes de création de revenus chez les petits producteurs et en termes de consolidation des emplois”, a magnifié M. Sembène, commissaire aux enquêtes économiques de formation.

Il a fait observer que la politique du gouvernement du Sénégal est d’aller vers l’import de substitution, c’est-à-dire de substituer les importations par la production locale.
“Nous avons l’avantage comparatif de produire de la banane et d’autres produits similaires, mais quand vous regardez la balance commerciale du Sénégal, c’est plus de 1800 milliards de francs CFA de produits alimentaires importés en moyenne et 1000 milliards de francs CFA de produits agricoles”, a-t-il indiqué.
Le directeur de l’Agence de régularisation des marchés dit avoir pris bonne note du plaidoyer des producteurs, notamment pour l’extension de la période de la mesure de gel des importations. Il a promis que ce plaidoyer des producteurs de bananes fera l’objet d’une évaluation approfondie.
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