SENEGAL-SANTE-STRATEGIE
Dakar, 1 déc (APS) – La secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS), docteur Safiétou Thiam, préconise une stratégie particulière pour la prise en charge des 15% de personnes qui ne suivent pas de traitement mais font partie des 47000 vivant avec le VIH au Sénégal.
”Dans la prise en charge des 47000 personnes vivant avec le VIH, seul 85% sont dépistées et placées sous traitement. Il reste un taux de 15% pas encore dépistées, encore moins sous traitement. Donc, nous avons le défi majeur de mettre en place une stratégie particulière pour retrouver ces personnes pour les mettre sous traitement et arrêter la transmission”, a-t-elle déclaré.
Elle s’exprimait dans un entretien avec l’APS, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, portant cette année sur le thème ”Surmonter les perturbations, transformer la riposte au Sida”.
Safiatou Thiam a fait état de problèmes qui subsistent encore relativement à la stigmatisation et à la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le Sida.
”Le résultat, c’est qu’ils se cachent, ils ne viennent pas au niveau des services, et donc nous avons des difficultés à les trouver, les dépister et les mettre sous traitement. Et ceux qui manque à l’appel sont souvent des hommes”, a-t-il indiqué.
Un autre “défi majeur” concerne selon lui la transmission mère-enfant du VIH.
“Cette transmission n’existe plus dans les pays développés, parce que là-bas, systématiquement, les femmes sont dépistées et mises sous traitement. Donc, chez nous, il faut qu’on arrive à éliminer cette transmission mère-enfant pour qu’aucun enfant ne naisse avec le VIH au Sénégal”, dit-elle, avant de revenir sur la question des ”nouvelles infections”.
“Nous avons vu que les nouvelles infections baissent au Sénégal, la prévalence est stable, les décès baissent sauf dans les tranches d’âge de 24- 45 ans ou le taux de prévalence augmente”, a-t-elle souligné.
D’après Safiatou Thiam, comprendre ces nouvelles infections permettra d’affiner les interventions et d’orienter la communication vers cette tranche d’âge pour leur donner les bonnes informations pour se protéger.
La secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida a par ailleurs fait observer que les défis liés aux financements mettent en exergue la nécessité de mettre en place des “financements innovants”.
Elle milite pour une augmentation du niveau des financements domestiques et internes à travers le budget de l’État, mais aussi à travers des partenariats à nouer avec la société civile.
”Dans chaque région, il y a peut-être une entreprise qui peut accompagner les acteurs de la région dans le cadre de sa responsabilité sociétale d’entreprise. Les taxes sur le tabac devraient aussi aller dans le financement de la santé”, a estimé Safiatou Thiam.
”Ce n’est pas parce que vous ne voyez pas de patients qui ont la maladie que le VIH ne circule pas. Les personnes vivant avec le VIH sont parmi nous, et vous avez la possibilité de nous promettre une génération sans Sida”, a-t-elle lancé en s’adressant aux jeunes,
Mme Ba, personne vivant avec le VIH, estime qu’au-delà de la question du financement, les acteurs de la riposte sont surtout confrontés aux difficultés rencontrées dans la prise en charge des autres pathologies liées au VIH.
“Le traitement pour le VIH est certes gratuit mais il y a d’autres pathologies qui sont liées au VIH, surtout quand on commence à vieillir, notamment le diabète, l’hypertension artérielle ou d’autres maladie qui ne sont forcément prises en charge par les programmes”, sans compter la prise en charge des enfants vivant avec le VIH et qui “ne sont pas très bien pris en compte dans les programmes de lutte”, soutient Mme Ba
Elle note de même que la stigmatisation et la discrimination “freinent les efforts de lutte car beaucoup de personnes vivant avec le VIH sont confrontées à ce phénomène, ce qui ralentit les traitements”, d’autant que ces personnes “ont du mal” à se rendre dans les structure de prise en charge pour un suivi correct.
”Il faut avoir confiance en soi et avoir une estime de soi. Pour moi, être porteur du VIH vaut mille fois mieux que d’avoir le cancer, une insuffisance rénale ou encore le diabète”, maladies qui impliquent dépendance et “restrictions alimentaires”, a lancé Mme Ba.
Des personnes vivent avec le VIH depuis 30 ans sans jamais être hospitalisées, “prennent correctement leur traitement” et “n’ont aucun problème de santé”, a-t-elle fait valoir.
AFD/ADL/BK

