SENEGAL-EDUCATION-REFORME-PROFIL
Dakar, 23 avr (APS) – Seydou Kane est le profil presque parfait de ce que l’anglais a pu transformer comme de l’or, cette la langue lui ayant permis de collaborer avec des majors du pétrole. Que du bénéfice dans un Sénégal devenu exportateur de pétrole et gaz !
Après son certificat de maitrise à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’étudiant a vu la chance lui sourire en étant admis dans les universités britanniques.
Il manie la langue de Shakespeare comme un Londonien, au point d’oublier son français qu’il parle malgré lui.
“Je vais me débrouiller pour vous répondre en français. Je n’ai plus parlé français depuis presque la classe de Terminale, habitué depuis quelques années à ne parler qu’anglais”, confie-t-il dans un entretien avec l’APS, à l’occasion de la Journée de la langue célébrée ce mercredi.
Country manager d’une société pétrolière, M. Kane est aussi chef d’entreprise et chef de cabinet du maire de Ouakam (quartier de Dakar).
”La décision prise par le nouveau régime d’introduire l’anglais dès le préscolaire et l’élémentaire vient à son heure, parce que j’en mesure l’enjeu dans le monde actuel”, a-t-il soutenu.
Pour Seydou Kane, l’anglais est “la langue universelle qui vous aide partout où vous allez”.
”Il suffit de sortir du pays pour s’en rendre compte. On est même allé jusqu’à dire que les analphabètes d’aujourd’hui, ce sont non pas ceux qui n’ont pas été à l’école, mais ceux qui ne parlent pas anglais”, a-t-il souligné.
Un Ulysse qui a découvert le monde à travers l’anglais
”Même à l’aéroport de Paris, la langue la plus parlée c’est l’anglais. J’ai beaucoup voyagé et j’avoue que l’anglais m’a beaucoup aidé dans mes différentes formations et études. Parce qu’à un certain niveau, il faut lire beaucoup de livres en anglais”, a-t-il dit.
Il fait observer que “beaucoup de manuels de procédure sont écrits en anglais”, soulignant qu’on ne peut pas toujours faire appel à des interprètes et traducteurs.
“La traduction, c’est la trahison, elle n’est pas toujours fidèle”, a-t-il rappelé.
Dans la capitale britannique, ajoute cet ancien de London College of Management Institute, “il y a plus de 375 dialectes mais l’anglais est la langue d’expression et de compréhension”.
C’est valable dans le business et dans les institutions internationales, a-t-il souligné.
”J’ai travaillé dans pas mal d’institutions. Si vous ne parlez pas la langue (anglaise), vous n’avez presque pas de chance d’intégrer ces institutions. Dans les plus grandes conférences du monde, il y a des traducteurs, mais les panels se font en anglais. Vous êtes donc obligés de parler anglais pour vous faire comprendre et toucher directement votre cible, parce que la charge émotionnelle est aussi importante”, témoigne M. Kane.
En résumé, la maitrise de l’anglais est ”un gain de temps” et un ”élément incontournable” pour la réussite d’une carrière internationale.
Revoir la méthode d’apprentissage
L’ancien étudiant au département d’anglais de l’UCAD estime par ailleurs qu’il faut revoir la méthodologie d’enseignement de l’anglais dans les écoles et même à l’Université. ”C’est bon d’introduire l’anglais, mais c’est encore mieux d’insister sur la méthode”, a-t-il dit.
“Nous faisons beaucoup de grammaire et de vocabulaire, mais très peu de +speaking+ et de +listening+, alors que la finalité, c’est de communiquer partout en anglais”, a-t-il fait remarquer.
Ce titulaire d’un certificat de maîtrise en anglais à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar considère que la pratique était “un peu timide” au département d’anglais.
“On voyait des étudiants qui étaient en licence, qui avaient de bonnes notes, mais qui peinaient à s’exprimer oralement. Personnellement, je n’avais pas ce problème car avant mes études supérieures, j’ai eu la chance de fréquenter l’institut British Council où je prenais des cours plus pratiques”, a-t-il confié.
Ensuite, il a fait aussi des cours au Dakar English Language Center (Delc) pour renforcer ses acquis en langue anglaise.
Au British Institute, les études sont plus pratiques avec beaucoup de cours de ‘’listening’’ et de ‘’speaking’’, témoigne Seydou Kane, avant d’inviter l’Etat à s’inspirer de l’exemple de ces instituts “pour une approche plus pratique” dans l’enseignement de l’anglais.
HK/ADL/OID/HB/SBS/BK