Saint-Louis : la réaction d’acteurs après l’annonce de l’introduction précoce de l’anglais et de l’IA
Saint-Louis : la réaction d’acteurs après l’annonce de l’introduction précoce de l’anglais et de l’IA

SENEGAL-EDUCATION-REFORMES

Saint-Louis, 8 oct (APS) – L’annonce, par le ministère de l’Education nationale, de réformes visant à introduire l’apprentissage de l’anglais dès le préscolaire et l’élémentaire et à prendre en compte de l’Intelligence artificielle (IA) dans le système éducatif a reçu l’approbation de bon nombre d’acteurs du secteur, à Saint-Louis notamment où la plupart des personnes interrogées jugent ces initiatives ambitieuses.

“L’introduction de l’anglais dès le préscolaire et l’élémentaire était une forte demande, parce que dans le monde actuel, l’anglais occupe une place très importante. Le fait d’introduire des notions de base en anglais serait quand même quelque chose de bénéfique pour les élèves”, a déclaré à l’APS Oumar Diop, professeur d’histoire et de géographie au lycée Charles de Gaulle de Saint-Louis.

Il a salué cette initiative, faisant valoir que l’anglais est une langue de communication très utilisée dans le monde actuel et que les meilleurs documents et les meilleurs ouvrages sont rédigés et publiés dans celle-ci.

M. Diop a toutefois soulevé quelques interrogations relatives aux modalités de mise en œuvre de cette réforme et à son opérationnalisation, évoquant notamment les difficultés auxquelles il faudrait s’attendre dans les zones reculées du pays.

De l’avis de son collègue Mouhamadou Moustapha Guèye, professeur de mathématiques au lycée Charles de Gaulle, l’introduction de l’anglais dès l’élémentaire et le préscolaire est une bonne chose.

“L’anglais est une langue universelle et incontournable dans le monde, et son introduction dès le bas âge est une bonne chose”, a-t-il argué.

Dans un monde en constante évolution marquée notamment par les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’introduction de l’Intelligence artificielle (IA) surtout dans les séries scientifiques, à savoir les Premières et Terminales S1 et S3, semble être un avantage.

Le fait d’introduire l’intelligence artificielle dans les enseignements des séries scientifiques “va renforcer les compétences, faciliter l’acquisition des connaissances tout en permettant aux élèves d’être davantage innovants dans les disciplines scientifiques”, s’est réjoui M. Diop.

Il estime que cela répond à la Stratégie nationale du numérique pour l’éducation 2025-2029, un projet du ministère de l’Éducation nationale visant à promouvoir le numérique à l’école

Pour le professeur de mathématiques au Centre régional de formation professionnelle (CRFP) de Saint-Louis, Lamine Fall, “les orientations des nouvelles autorités doivent inciter à une réforme de l’enseignement des mathématiques dès l’élémentaire”.

Saint-Louis : la réaction d'acteurs après l'annonce de l'introduction précoce de l'anglais et de l'IA

Pour M. Diop, cette stratégie permettrait de mettre en exergue le projet de l’État relatif au “New Deal technologique”, tout en préparant les élèves à se familiariser et à s’approprier le numérique, d’autant qu’à l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UN-CHK), ex UVS, par exemple, tous les enseignements se font via les outils numériques, a-t-il expliqué.

M. Fall révèle que de nombreux élèves passent aux classes supérieures et obtiennent le baccalauréat sans jamais atteindre la moyenne en mathématiques, avant de devenir enseignants.

Selon lui, “ce phénomène crée un cercle vicieux où des enseignants peu compétents forment de nouveaux élèves avec les mêmes lacunes”.

“Ils ne maîtrisent pas souvent les outils géométriques et les méthodes d’enseignement sont trop mécaniques”, déplore-t-il, avant de recommander une réforme en profondeur pour renforcer la qualité de l’enseignement scientifique et garantir un développement éducatif durable.

M. Diop, enseignant dans les séries littéraires, a tout de même déploré une certaine discrimination positive qui fait que seuls les élèves en S1 et S3 seront bénéficiaires de l’introduction de l’IA à l’école.

Il espère tout de même qu’au fur et à mesure, le ministère de l’Éducation nationale pensera à élargir cette offre aux élèves de toutes les autres séries.

Il a aussi souligné que l’introduction de l’IA devrait pousser le ministère à équiper les écoles de salles informatiques et surtout de les doter de connexion pour permettre la réussite de ce projet.

M. Guèye, professeur de mathématiques au lycée Charles de Gaulle, a de son côté magnifié ces réformes surtout celle relative à l’introduction de l’IA, qui vise au préalable à doter les élèves des supports numériques.

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“Par rapport à ces nouvelles réformes, je trouve que c’est une excellente chose d’introduire l’IA mais aussi doter les élèves des supports numériques. Puisque nous sommes à l’ère du numérique, cela permet aux élèves d’être mieux outillés pour répondre aux exigences de l’avenir”, commente-t-il.

“Nous avons des problèmes avec la déperdition des élèves des séries scientifiques. En général, on voit beaucoup d’élèves qui quittent les séries scientifiques au profit des séries littéraires. […] J’encourage les élèves à continuer dans les séries scientifiques. Comme nous sommes un pays en voie de développement, nous avons besoin de la nouvelle technologie. Là, je trouve qu’il faut encourager et motiver les élèves à rester dans les séries scientifiques”, a-t-il notamment préconisé.

CGD/AMD/AKS/HB