SENEGAL-CULTURE-INFRASTRUCTURES
Rufisque, 17 juin (APS) – Située en bordure de la route nationale, sur l’ancien site du commissariat central de police, la Maison des Arts de Rufisque est un bâtiment de trois niveaux au ton beigne, faisant face à la mairie de la ville de Rufisque.
Cette infrastructure va être baptisée du nom de la célèbre cantatrice et icône locale Adja Khar Mbaye Madiaga, lors d’une cérémonie officielle prévue mercredi à partir de 16 heures.
Une équipe de l’Agence de presse sénégalaise a pu assister les derniers travaux de finition du bâtiment, avant l’ouverture officielle de ce projet culturel de grande envergure.
Sur place, ce mardi, ouvriers et techniciens s’affairaient aux ultimes tâches de pavage, de nettoyage et d’installation du mobilier pour que le bâtiment soit prêt pour le jour J.
Adja Khar Mbaye Madiaga, ancienne membre de l’Ensemble lyrique du Théâtre national Daniel Sorano, est “une personnalité d’envergure, une gardienne des traditions, une voix qui a bercé des générations”, avance le directeur de la Maison des Arts de Rufisque, Aly Sine.
“Elle mérite pleinement de donner son nom à cette institution culturelle”, a-t-il ajouté.
Il a signalé que ce projet est la matérialisation d’une coopération de longue date entre la ville de Nantes en France et celle de Rufisque.
“Ce partenariat a évolué du simple jumelage vers une coopération structurée et dynamique, marquée par des conventions pluriannuelles dans plusieurs domaines dont la culture”, a-t-il indiqué à l’APS.
L’idée de construire un centre culturel remonte à la fin des années 2000. Le projet, relancé dans les années 2018-2019, a connu des retards dus à des contraintes techniques et administratives.
“Lorsque j’ai été nommé à la tête de la structure, j’ai insisté pour qu’on en termine avec ce chantier. Grâce à l’appui du maire et des partenaires nantais, le projet est enfin arrivé à terme”, s’est réjoui M. Sine.
Un outil culturel moderne et fonctionnel
Implantée sur une superficie d’environ 300 mètres carrés, la Maison des Arts Khar Mbaye se veut un espace polyvalent et accessible, destiné à accueillir divers événements artistiques, des formations et résidences.
Elle comprend une salle de spectacle de 250 à 300 places baptisée du nom du chanteur sénégalais Ismaël Lo, des bureaux administratifs, des salles de pratique artistique et d’exposition, ainsi que huit chambres destinées aux artistes en résidence.
Les salles du premier étage ont été baptisées en hommage à deux figures marquantes de la coopération Rufisque-Nantes : Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, et feu Mbaye Jacques Diop, ancien maire de Rufisque. “Ce sont eux qui ont signé la toute première convention entre les deux villes”, a rappelé Aly Sine.
Une inauguration sous le sceau de la mémoire
L’inauguration officielle, prévue mercredi après-midi, sera précédée d’un symposium sur la vie, le parcours et l’œuvre de Khar Mbaye Madiaga, à partir de 9 heures 30.
Des universitaires, chercheurs et acteurs culturels de renom y prendront part, parmi lesquels l’inspecteur Meissa Bèye Ndiaye, l’historien Mamadou Diouf de l’Université Columbia (Etats-Unis) et l’islamologue Bakary Samb.
Il y aura aussi le sociologue Mame Birame Diouf, Ibrahima Wane, professeur de littérature et civilisations africaines à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’archiviste et historien Mbaye Thiam ainsi que le député Yatma Fall, président de la commission Culture de l’Assemblée nationale, entre autres personnalités.
Plusieurs thématiques liées à ce trésor vivant de la culture sénégalaise seront abordées par les intervenants.
”Khar Mbaye Madiaga, la sénégalaise à la peau d’ébène”, est le thème que va introduire Ngoné Sèye directrice des études à l’Institut Santé Services de Dakar, en lien avec la problématique de la dépigmentation.
Le professeur Amdy Seck de l’Institut national des arts va aborder le thème ”Khar Mbaye Madiaga, l’égérie de l’arène sénégalaise”, pendant que le professeur Ibrahima Wane va parler du thème ”Khar Mbaye Madiaga et l’Ensemble lyrique national traditionnel : le répertoire de la construction nationale”.
Une maison pour les artistes et par les artistes
Pour Aly Sine, l’un des principaux défis à relever, au-delà de la livraison du bâtiment, reste celui du contenu.
“Nous avons déjà entamé la réflexion autour d’un projet d’établissement. Il s’agit d’impliquer les artistes dans la définition des orientations et des activités de la Maison des Arts”, a-t-il dit.
Une cartographie des acteurs culturels de la ville est en cours de finalisation, en collaboration avec la coopération nantaise.
Elle servira de base pour l’organisation d’un atelier participatif visant à co-construire une feuille de route avec l’ensemble des créateurs de Rufisque.
“Ce sera une Maison des Arts pour les artistes et par les artistes. Nous voulons inscrire cette dynamique dans la durée”, a assuré son directeur.
Dans le cadre de cette cérémonie d’inauguration, une exposition collective réunissant une dizaine de plasticiens de la ville est en cours de préparation. Elle se tiendra au premier étage du bâtiment. Ousmane Ba, artiste plasticien né à Rufisque, en assure la coordination.
“Cette maison, c’est l’aboutissement d’un rêve porté par tous les artistes de Rufisque. Elle va permettre à la jeunesse de trouver un espace d’expression et de formation. C’est un moment historique”, a déclaré M. Ba à l’APS.
Il a salué le rôle joué par la municipalité et les partenaires de Nantes dans la réalisation du projet.
“La culture est un levier de développement. Il faut que les artistes se l’approprient et fassent vivre ce lieu”, a-t-il indiqué.
Parmi les artistes exposés figurent Mamadou Sambou, Youssou Cissé, Sambou Ndoye, Ibrahima Wade et Ousmane Ba lui-même.
”Ce sont des artistes qui ont déjà fait leurs preuves, au Sénégal et à l’étranger. Le public pourra découvrir leurs œuvres dès l’ouverture”, a-t-il confié.
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