Thiès, 9 mai (APS) – Le Projet de développement de la chaîne de valeur riz (PDCVR) va expérimenter une ligne de crédit islamique de plus d’un milliard de FCFA, pour financer la chaîne de valeur riz, grâce à l’appui de la Banque islamique de développement (BID), a indiqué, mardi, à Thiès, Waly Diouf, coordonnateur dudit projet. Divers acteurs de la chaîne de valeur riz se sont retrouvés dans la capitale du rail, pour un atelier de partage et de validation des documents relatifs au déploiement de cette ligne de financement islamique du PCVR. Cette rencontre se poursuivra jusqu’à vendredi. Les participants viennent de plusieurs régions du pays (sud, nord, ouest et centre). Les banques de la place ne disposant pas suffisamment de ressources pour financer tous les maillons de toute la chaîne de valeur riz avec la seule finance classique, le PDCVR a recouru à la finance islamique pour essayer d’atteindre l’objectif d’autosuffisance en riz, a expliqué M. Diouf, en marge de l’ouverture de cet atelier. Le projet veut expérimenter la finance islamique dans le secteur agricole, considéré comme « problématique », avec des besoins en termes de mécanisation, d’intrants, de maîtrise de l’eau, nécessitant d’importantes ressources, a-t-il expliqué. Cette ligne de financement islamique viendra « en complément de ce qui se fait », pour donner une seconde chance aux acteurs qui n’avaient plus accès à la finance classique pour des raisons conjoncturelles, a-t-il fait valoir. Pour un début, la ligne de crédit est arrêtée à 2 millions d’euros, soit 1,3 milliard FCFA), et des pourparlers sont en cours pour la loger à la Banque islamique du Sénégal (BIS). Le projet a recruté un consultant qui a mené une étude de diagnostic, faisant l’état de la riziculture et de son financement, pour proposer des mécanismes et outils par lesquels cette ligne de financement islamique peut être déployée. Selon le consultant Abdou Karim Diaw, il s’agissait à travers cette étude menée dans une bonne partie des régions du pays, de rencontrer les acteurs de la chaîne, du producteur au commerçant, en passant par le transformateur, pour recueillir leurs besoins de financement. À partir de ces expressions de besoin, il fallait leur proposer des mécanismes de financement conformes à la charia, et répondant à leurs besoins, grâce à un benchmarking pour identifier les meilleures pratiques en la matière. Dans la finance classique, il faut rembourser aussi bien le principal que l’intérêt, du prêt contracté, alors que dans la finance islamique, il est question d’un « partage de risques » et des bénéfices, entre le prêteur et le bénéficiaire du crédit. La banque accompagne du début à la fin son client. Pour ce qui est du matériel, elle ne remet pas directement de l’argent au bénéficiaire du crédit, évitant ainsi tout détournement d’objectif. Elle le lui remet en nature, moyennant un paiement échelonné avec une marge bénéficiaire. Ce « changement de paradigme » à opérer par rapport à la finance classique justifiait la tenue de cet atelier qui regroupe des acteurs de toute la chaîne de valeur. Si la ligne produit des résultats probants, la Banque islamique est prête à augmenter le crédit octroyé, a dit Waly Diouf, ajoutant que les autorités sont aussi prêtes, le cas échéant, à la renforcer et à l’élargir à d’autres secteurs. L’étude a montré que le Sénégal dispose d’un potentiel en termes de riziculture qui est exploité à « moins de 50% », avec notamment ses terres arables, ses ressources hydriques, humaines. Cependant, cette activité est confrontée à des « goulots d’étranglement » liés au financement, au renforcement des capacités des acteurs en techniques culturales, ou encore aux intrants et à la mécanisation. La structure du sol dans certaines zones reste aussi une difficulté. ADI/BK/ASG
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