SENEGAL-HYDRAULIQUE-COLLECTIVITES
Louga, 18 mai (APS) – La gestion des forages ruraux continue de susciter la colère des populations dans plusieurs localités de la région de Louga, notamment à Rité Diaw, dans la commune de Nguidilé (nord), où les habitants dénoncent le mode d’administration des infrastructures hydrauliques qui n’est pas en mesure de mettre fin à la pénurie d’eau persistante, malgré la présence de trois forages censés alimenter la localité.
‘’La gestion actuelle est marquée par une cherté des factures, mais également par une incompétence à fournir de l’eau en qualité et en quantité aux populations’’, a déclaré, samedi, Modou Diouf, président de l’Union nationale des forages ruraux du Sénégal (UNAFOR), lors d’une conférence de presse en soutien aux habitants de Rité Diaw.
Il a dénoncé ‘’l’inefficacité de la réforme de 2014’’ ayant conduit à la délégation de la gestion de l’eau à des opérateurs privés qui, selon lui, a plongé le monde rural dans une ‘’pauvreté extrême’’.
Modou Diouf estime que ‘’les délégataires du service public, appelés fermiers, ont pris en main des infrastructures construites sur fonds propres des communautés, sans contrepartie tangible’’.
‘’Les populations étaient capables de gérer elles-mêmes leurs forages à travers les Associations des usagers des forages (ASUFOR), avec des résultats positifs, à savoir des factures moins chères, des infrastructures sociales financées, une eau accessible. Aujourd’hui, elles ne se retrouvent ni dans la gestion, ni dans les retombées économiques’’, a-t-il ajouté.
Les habitants du village de Rité Diaw partagent ce constat. ‘’Le mètre cube se vendait à 200 francs CFA, mais depuis l’arrivée de la Société des eaux rurales (SDER) sous le régime de Macky Sall, l’eau n’arrive plus régulièrement, alors que les factures continuent de tomber chaque mois’’, a déploré Makhtar Diaw, un habitant de Rité Diaw.
Il a souligné que ‘’la localité dispose de trois forages dont une bonne gestion aurait permis d’approvisionner correctement le village en eau et aux femmes de poursuivre leurs activités de maraîchage’’.
‘’Malheureusement, a-t-il ajouté, notre village souffre d’un approvisionnement irrégulier en raison de la mauvaise gestion des installations et de l’inefficacité du délégataire de service public chargé de l’exploitation’’.
Diawar Ngom, un habitant du village de Rité Diaw, a confirmé que les relevés de compteurs avaient révélé un dysfonctionnement reconnu par les agents de la SDER, sans qu’aucune solution ne soit apportée à ce problème. ‘’À la fin de chaque mois, on reçoit des factures très élevées alors qu’on n’a pas d’eau’’, a-t-il dit.
‘’Nous avons un sérieux problème d’eau, alors que le lac de Guiers est juste à côté. Le village n’en bénéficie pas, alors qu’il pourtant Dakar’’, s’est indigné Mamadou Makhtar Diaw.
Il a également évoqué ‘’la dégradation des routes et la panne du forage principal ainsi que l’insuffisance du forage actuel face à la demande croissante’’.
Pour le président de l’UNAFOR, Modou Diouf, il est temps que l’État corrige les effets négatifs de cette réforme. ‘’L’eau ne doit plus être une marchandise, mais un facteur de développement. On ne peut pas parler de souveraineté alimentaire si les femmes ne peuvent pas irriguer les terres cultivables’’, a-t-il soutenu.
Il réclame ‘’une réforme de la réforme de 2014, qui prenne en compte leurs aspirations, et qui fasse de l’eau un bien commun, géré de manière inclusive et équitable’’.
DS/ABB