Dakar, 31 oct (APS) – La Commission électorale nationale autonome (CENA) a invité la Direction générale des élections (DGE) à mettre à la disposition du mandataire d’Ousmane Sonko, ‘’et dans les meilleurs délais’’, les outils dont il a besoin pour collecter les parrainages nécessaires à sa candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024.

‘’La CENA estime qu’en l’état de la procédure, sauf disposition légale contraire et sans préjudice d’une décision de justice à intervenir, monsieur Ousmane Sonko doit jouir de son état d’électeur inscrit sur les listes électorales avec tous les droits y [étant] attachés’’, a argué le président de la commission électorale, Doudou Ndir.

‘’En conséquence, la CENA invite la Direction générale des élections à prendre, en relation avec tout service concerné du ministère chargé des élections, les mesures nécessaires pour faire tenir à la disposition du mandataire de monsieur Ousmane Sonko, et ce, dans les meilleurs délais, la fiche de parrainage, la clé USB, ainsi que tout autre outil de collecte prévu par la loi’’, a écrit M. Ndir dans une lettre adressée à la DGE.

Le directeur général des élections, Tanor Thiendella Fall, répondant à cette lettre du président de la CENA, dit s’en remettre à une ordonnance de la Cour suprême du 6 octobre dernier.

Cette juridiction, saisie d’un recours des avocats de M. Sonko, a estimé que la DGE avait bien raison de refuser de remettre au mandataire de l’opposant le matériel nécessaire pour la collecte des parrainages.

Les avocats du maire de Ziguinchor (sud) estiment, pour leur part, que seul le Conseil constitutionnel a le droit de statuer sur la validité des candidatures à l’élection présidentielle.

La DGE soutient que le nom d’Ousmane Sonko ne figurant pas dans le fichier électoral, les outils de collecte de parrainages ne doivent pas être remis à son mandataire.

‘’Cette position de la DGE a été confirmée par l’ordonnance numéro 23 du 6 octobre 2023 […] de la première chambre administrative de la Cour suprême’’, a fait valoir Tanor Thiendella Fall.

‘’Le défaut de présence sur le fichier électoral étant le fondement de la position de la DGE, vous conviendrez que [cette dernière] ne puisse évoluer actuellement sur cette question’’, a répondu M. Fall dans une correspondance adressée au président de la CENA et remise à la presse.

‘’La DGE n’a pas de compétence pour mener une quelconque action sur le fichier électoral’’

Sur cette base, argue le directeur général des élections, ‘’tout autre acte serait en contradiction avec la décision de la chambre administrative de la Cour suprême susmentionnée’’.

‘’Je tiens à souligner que la DGE n’a pas de compétence pour mener une quelconque action sur le fichier électoral’’, a ajouté Tanor Thiendella Fall.

Le tribunal de Ziguinchor (sud), statuant sur la radiation d’Ousmane Sonko du fichier électoral, début octobre, l’a jugée illégale, l’a annulée et a ordonné sa réintégration.

L’État a décidé de faire appel de la décision du tribunal de Ziguinchor.

Le 20 octobre, la DGE a déclaré attendre le verdict du procès en appel pour savoir s’il faut ou pas remettre les fiches de parrainage au mandataire de l’opposant.

M. Sonko, candidat à l’élection présidentielle du 25 février prochain, est placé en détention depuis le 28 juillet dernier.

Trois jours plus tard, il est inculpé d’appel à l’insurrection, d’association de malfaiteurs, d’atteinte à la sûreté de l’État et de complot contre l’autorité de l’État.

Le jour de son inculpation, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a annoncé la dissolution de son parti, Pastef-Les patriotes.

‘’Pastef, à travers ses dirigeants et ses instances, a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels’’, a argué M. Diome, ce que les responsables et les militants de ladite formation politique ne cessent de nier.

M. Sonko, ancien député, est arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019, derrière l’ancien Premier ministre Idrissa Seck et Macky Sall.

Pastef-Les patriotes et ses alliés constituent l’un des principaux groupes parlementaires de la législature actuelle.

Chaque candidature à l’élection présidentielle doit être soutenue par un nombre d’électeurs égal au moins à 0,6 de l’effectif total de votants figurant sur le fichier électoral.

Les candidats peuvent également recourir au parrainage des maires et des présidents de conseil départemental.

Dans ce cas, ils doivent réunir les parrainages de 120 maires et dirigeants des conseils départementaux au moins.

Ils peuvent également recourir au parrainage parlementaire. Ceux des candidats qui font ce choix doivent être parrainés par 13 députés au moins.

ESF

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