SENEGAL-AFRIQUE-SANTE
De l’envoyée spéciale de l’APS : Ndèye Suzanne Sy
Nairobi (Kenya), 19 juin (APS) – Des chercheurs sénégalais ont élaboré un modèle d’impact des phénomènes climatiques sur la santé, une invention déjà testée dans la région de Matam (nord) et qui peut être généralisée à travers le pays, a-t-on appris du climatologue Mory Touré.
Ce modèle peut servir de baromètre aux risques liés aux impacts des phénomènes climatiques sur la santé, a expliqué le climatologue en service à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM).
Mory Touré fait partie de la délégation sénégalaise prenant part à la réunion des pays du Countdown 2025 (16-20 juin) à Naïrobi, au Kenya, une rencontre portant sur les enjeux de la production de statistiques de santé fiables au niveau national et infranational.
D’après le climatologue, ce modèle d’impact, “conçu en utilisant l’intelligence artificielle, ce qui est nouveau”, peut être généralisé à travers tout le Sénégal.
Cela permettra aux autorités sanitaires d’améliorer leur planification en matière de santé dans un contexte de changement climatique, a souligné M. Touré.
Il renseigne qu’un test a été réalisé à Matam, qui “fait partie des régions les plus chaudes” du pays et qui semble de ce point de vue la région “la plus vulnérable du Sénégal”.
“On avait des données sanitaires, de manière journalière, liées à Matam, qui nous ont permis effectivement de faire cette étude”, a indiqué le chercheur.
“Nous avons remarqué que quand il fait chaud, il nous faut trois jours au moins pour avoir des urgences au niveau des hôpitaux. Ce qui veut dire qu’effectivement […] les impacts sont différés”. Cela veut dire que l’apparition d’un phénomène climatique ne se traduit pas automatiquement par des impacts sur la santé, a poursuivi Mory Touré.
“Notre rôle, c’est de voir comment on peut quantifier les impacts d’un phénomène climatique sur la santé. Ces résultats vont nous permettre effectivement de mettre en place un modèle d’impact avec lequel on pourra dire à l’avenir : voilà la contribution du climat dans les impacts sanitaires”, a expliqué le chercheur.
Le climatologue est par ailleurs revenu sur le retard noté dans la numérisation du système sanitaire.
“Si on avait effectivement des données sanitaires, numérisées, depuis une longue période et sur une période vraiment courte, je veux parler de données journalières, ça va nous permettre de faire beaucoup de choses et de regarder beaucoup de phénomènes entre ces deux secteurs”, a-t-il dit.
Il reste que le Sénégal a commencé “effectivement à digitaliser ses données, on a commencé et on espère que ça va continuer”, a poursuivi cet expert de l’ANACIM.
Le chercheur table sur une généralisation de cette étude au niveau national, dans les autres districts sanitaires du pays, avec l’appui de l’APHRC, le Centre africain de recherche sur la population et la santé (APHRC), où il bénéficie d’un accompagnement d’un an.
NSS/BK