+++Par Amadou Ba+++ Dakar, 31 jan (APS) – En prélude de la neuvième édition de la Journée nationale de nettoiement ‘’Setal Sunu Reew’’, prévue samedi, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique organise plusieurs actions d’utilité publique, notamment la ‘’facilitation pour l’obtention de la carte nationale d’identité (CNI) et du passeport’’, une initiative qui a poussé de nombreux demandeurs à prendre d’assaut à la Porte du troisième millénaire, à Dakar. ‘’Cette opération spéciale d’enrôlement’’ de trois jours a débuté mercredi. Elle est organisée à Dakar, Thiès et Touba, de 8 à 18 heures. Au vu de l’affluence notée le premier jour de l’opération spéciale de confection de passeport et de CNI, nul doute qu’ils sont nombreux à souhaiter qu’une telle trouvaille soit renouvelée et dupliquée dans les régions de l’intérieur. Dans la capitale sénégalaise, la Porte du troisième millénaire, située à deux pas de la Direction de l’automatisation du fichier (DAF) de la Police nationale, refuse du monde. En cette matinée ensoleillée, plusieurs dizaines de personnes, des jeunes et des moins jeunes, ont pris d’assaut les lieux sous l’œil vigilant d’agents de police, qui assurent le service d’accueil et d’orientation, en plus, bien sûr, du service d’ordre, même si le moindre incident n’est noté. Sur les allées, qui, d’habitude, accueillent les amoureux de la promenade au bord bord de la mer, sont installés des chapiteaux. Le plus grand fait office de salle d’attente, l’autre de service des passeports, le troisième pour la carte nationale d’identité. A l’intérieur des deux bureaux d’enregistrement éphémères, faits de barnums pliables, l’atmosphère est studieuse. Des officiers de police, hommes et femmes, exécutent plusieurs tâches à la fois : le remplissage des formulaires physiques et par ordinateur, la prise d’empreinte digitale et de la photo des demandeurs, etc. Wally Top vient d’accomplir les formalités pour le renouvellement de son passeport arrivé à expiration. ‘’L’initiative du ministère de l’Intérieur est salutaire’’, dit-il tout en marchant d’un pas empressé. Il est presque midi, et le technicien supérieur en Tourisme doit regagner son lieu de travail. ‘’Je suis arrivé ici à 5 heures du matin et l’enrôlement n’a débuté qu’aux environs de 10 heures’’, ajoute-t-il, estimant que l’attente en valait la chandelle. En effet, son rendez-vous pour le renouvellement de son titre de voyage était programmé le 11 février. ‘’Quand j’ai eu écho de cette initiative du ministère de l’Intérieur, j’ai aussitôt sauté sur l’occasion’’, se réjouit-il, en pressant davantage le pas. Mouhamed Diouf, un étudiant en fac de Lettres, deuxième année, a lui également saisi cette opportunité de renouveler son passeport le plus rapidement possible, afin d’être dans les temps de dépôt d’une pré-inscription dans une université européenne. ‘’Mon rendez-vous au bureau des passeports était fixé au 7 février. Maintenant, c’est ce jour-là que je dois aller le récupérer’’, dit-il rangeant soigneusement son récépissé dans une enveloppe A4 qu’il glisse dans son sac. Un malentendu dans la communication Ami Collé Ndiaye, elle, n’a pas eu la même veine que Wally Top et Mouhamed Diouf. Élégante dans son tailleur-pantalon aux couleurs rouge et blanche assorties, la trentenaire originaire de Touba et résident à Keur Mbaye Fall, en banlieue dakaroise, est venue sur les lieux pour rien. Pour cause : ‘’ici, on ne procède qu’au renouvellement des passeports. Pour les primo-déposants, les dossiers sont reçus au service dédié, sis à Dieupeul’’, précise un agent de police. Ami Collé devra donc suivre la procédure d’usage : payer une taxe de 20 000 francs CFA et un ticket de rendez-vous à 1 000 francs CFA et attendre qu’on lui fixe un jour de dépôt. ‘’Ce ne sont pas les frais à payer qui me rendent amère. C’est plutôt la longue attente d’un rendez-vous pour le dépôt, en plus de devoir rentrer bredouille après avoir attendu de l’aube, dans le froid, jusqu’à midi, sous ce chaud soleil’’, dit-elle confuse. De plus, elle croyait que la délivrance du passeport serait effective le même jour. ‘’J’espérais déposer aujourd’hui et recevoir mon passeport, car je voulais aussitôt après m’inscrire au programme de la migration circulaire pour espérer faire partie des 250 jeunes Sénégalais devant se rendre en Espagne pour des travaux saisonniers’’, confie-t-elle, quelque peu résignée. ‘’Bah, ce sera la prochaine fois’’, lance-t-elle en s’éloignant, les yeux rivés sur son smartphone. Comme Ami Collé, Alioune Guèye, résident au quartier Castors est dans la même situation. ‘’Je suis venu ici très tôt, mais je n’ai pas pu procéder au dépôt car on me demande d’aller d’abord me procurer de la quittance de 20 000 francs CFA, alors que l’annonce disait que l’enregistrement était gratuit’’, clame-t-il. En réalité, il n’a jamais été question de gratuité, comme l’ont annoncé des sites d’informations, mais d’‘’opération spéciale’’ dans le cadre de la neuvième Journée ‘’Setal sunu reew’’, dont l’organisation, cette fois-ci, est confiée au ministère de l’Intérieur, qui l’a placée sous le thème : ‘’Setal sunu gox, moy sunu karangué’’ (Un cadre de vie sain et propre est gage de sécurité). Venu constater le démarrage effectif de la confection de la carte nationale d’identité et du passeport, un officiel de la DAF a tenu à clarifier les choses. ‘’Il n’y a rien à payer pour cet enrôlement, sauf que le demandeur, naturellement, doit payer la quittance [de 20 00 francs CFA] s’il s’agit du passeport et, s’il s’agit d’une demande de duplicata pour la carte nationale d’identité, il doit effectivement payer le timbre de 10 000 francs. Hormis la quittance et le timbre, il n’y a aucun frais à supporter par le demandeur’’, a-t-il précisé. Ces explications n’ont pas pour autant convaincu un groupe de jeunes, qui regrettent d’être venus, à l’aube, de la lointaine banlieue, espérant enfin obtenir leur premier passeport, un document indispensable pour voyager hors de l’espace CEDEAO. Alioune Guèye, par contre, semble persuadé malgré lui par les explications de l’officier de la DAF, essayant de contenir difficilement sa déception. ‘’La communication autour de cette opération a été mauvaise’’, affirme-t-il dans de grands gestes, qui font tomber les bras relevés de son boubou. Une carte nationale d’identité pour la première fois A la décharge du ministère de l’Intérieur, les annonces officielles de la confection de passeport et de carte nationale d’identité durant les trois jours précédant la journée nationale de nettoiement, ne font pas état d’exonération du paiement de quittance ou de timbre. Dans la longue file des demandeurs de carte nationale d’identité, Maimouna Camara ne tient pas en place, comme pour reposer ses jambes pour être restée debout longtemps. Mais pas question de sortir du rang. Juste une dizaine de personnes et ça sera son tour. Agée de 21 ans et ne parlant pas très bien wolof, elle indique qu’elle est venue de Guédiawaye pour se faire confectionner sa première carte nationale d’identité. A la Porte du troisième millénaire, mardi dernier, on aurait parié qu’il s’agissait de la journée des premières fois. Mouhamed Sow, 23 ans, habitant Yeumbeul, tient fermement un certificat de résidence et un formulaire rempli. Il ne lui reste qu’à attendre son tour pour déposer sa demande d’obtention de sa première pièce d’identité nationale. Idem pour Mouhamed Cissé qui vient d’atteindre l’âge de la majorité. Le longiligne bonhomme de 18 ans est accompagné de sa grande sœur Ndèye Fatou Cissé. En effet, Mouhamed est revenu il n’y a pas si longtemps de Kaolack (centre), où il étudiait dans un daara (école coranique). Ils viennent du quartier Gueule Tapée situé non loin de la Porte du troisième millénaire, où ils patientent depuis 7 heures. ‘’Comme il ne connaît pas trop bien Dakar, je l’ai accompagné pour pas qu’il se perde’’, dit Ndèye Fatou Cissé, dans un sourire amoindri par la fatigue qui se lit sur son visage. Bientôt 13 heures et les lieux ne désemplissent toujours pas, attirant ainsi des vendeurs de café Touba, de beignets et autres amuse-bouche doués pour flairer les bons coups. ABB/OID
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