Dakar, 13 mai (APS) – Une enquête du Bureau des Nations unies pour les droits de l’homme a débouché sur de  »fortes indications » sur la responsabilité de l’armée malienne et d’un personnel militaire étranger sur la mort en mars 2022 de 500 personnes à Moura, un village de la région de Mopti, au centre du Mali.

‘’Un rapport d’une mission d’établissement des faits du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a conclu qu’il y a de fortes indications que plus de 500 personnes aient été tuées – la grande majorité sommairement exécutés – par les troupes maliennes et du personnel militaire étranger au cours d’une opération militaire de cinq jours dans le village de Moura’’, a indiqué l’agence onusienne en charge des droits de l’homme dans un communiqué.

Le document rendu public vendredi souligne que la plupart de ces victimes ‘’ont été sommairement exécutées’’ dans ce village réputé être un fief de la Katiba Macina affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) qui surfe dans la mouvance d’Al-Qaïda.

‘’Ces conclusions sont extrêmement inquiétantes’’, a commenté le Haut- commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

L’opération, décrite par les autorités comme une opération militaire antiterroriste contre la Katiba Macina – a débuté le 27 mars 2022, jour de marché hebdomadaire très fréquenté à Moura, rappelle la source.

Citant des témoignages faits à la mission d’enquête, Onu-Info, le site d’information des Nations Unies rapporte qu’au début de cette opération militaire, un hélicoptère militaire a survolé le village en ouvrant le feu sur la population, tandis que quatre autres hélicoptères ont atterri et que des troupes ont débarqué.

Les soldats ont encerclé les gens dans le centre du village, tirant au hasard sur ceux qui tentaient de s’échapper. Certains militants de la Katiba Macina présents dans la foule ont riposté aux tirs des troupes, fait remarquer la mission onusienne.

Elle signale qu’au moins 20 civils et une douzaine de membres présumés de la Katiba Macina ont été tués, tandis qu’au cours des quatre jours suivants, au moins 500 personnes auraient été sommairement exécutées.

Les enquêteurs onusiens ont également évoqué la participation de ‘’personnels militaires étrangers’’ dans cette opération militaire lancée entre le 27 et le 31 mars 2022.

L’enquête a été menée pendant plusieurs mois par le personnel de l’ONU au Mali auprès de victimes et de témoins. Elle a rassemblé des indications médico-légales et satellitaires. Les autorités maliennes ont refusé les demandes d’accès au village de Moura, fait savoir le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

Les autorités maliennes avaient annoncé l’ouverture d’une enquête peu après l’attaque, mais plus d’un an plus tard et dans l’attente des conclusions finales de l’enquête, les autorités maliennes continuent de nier tout acte répréhensible de la part de leurs forces armées, a ainsi déploré Volker Türk.

Bamako a rejeté les conclusions du rapport rendu public par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits l’homme. Les autorités de la transition, par la voix de Fousseyni Ouattara, vice-président du Comité de défense et de sécurité du pays, estiment que le rapport de l’ONU ‘’n’est pas crédible’’.

AKS

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