Dakar, 16 juil (APS) – L’artiste chanteuse Mame Coumba Mbaye, peu connue de la scène musicale sénégalaise contrairement à son défunt frère Ablaye Mbaye, décédé en 2017, apparait comme le porte-flambeau d’un héritage familial qu’elle tente de fructifier malgré les vicissitudes de la vie.La sœur cadette du défunt musicien non voyant Ablaye Mbaye, chanteuse handicapée visuelle comme son frère, a ébloui plus d’un lors de la dernière édition de la fête de la musique, le 21 juin dernier, au centre culturel Blaise Senghor de Dakar.Mame Coumba Mbaye, avec l’accompagnement de l’Association des femmes musiciennes du Sénégal (ASFEMS) dont elle est membre, s’est fait remarquer par un morceau rendant hommage aux femmes.Elle a reçu l’APS à son domicile de la cité Calots bleus, à Malika, dans la grande banlieue dakaroise. Un entretien au cours duquel Mame Coumba Mbaye, née non-voyante, a raconté ses débuts dans la musique.C’est à l’âge de douze ans et même un peu en avant, dit-elle, qu’elle a commencé à faire de la musique, en se produisant régulièrement lors des séances d’animation des soirées de lutte traditionnelle à l’Unité 5 des Parcelles assainies, où elle a grandi à Dakar, avec l’ambition de faire un jour de la musique, sa passion, un métier à temps plein.“Je ne sais pas comment tout cela est arrivé, mais je me rappelle qu’avant mes 11 voir 12 ans, je chantais dans les +simb+, j’étais très petite et c’est le faux lion qui me soulevait pour que je puisse atteindre le micro. Ce n’est pas parce que mon frère chantait que je le fais, cela est venu bien avant”, dit-elle.Elle concède toutefois qu’elle a pu beaucoup compter à cette époque sur le soutien de son défunt frère, lequel avait l’habitude de lui prodiguer de nombreux conseils prodigués, car ils partageaient à la fois le handicap et la musique comme passion. “Ablaye et moi sommes les deux non-voyants de la famille, et on est les seuls à faire de la musique”, lance-t-elle, avant d’ajouter : “Il m’avait tendu la main sachant que je suis sa sœur et nous partageons la même passion qu’est la musique”.Mame Coumba révèle par exemple avoir participé à la finition du dernier album de son grand frère intitulé “Intérêt général”, une œuvre posthume où elle a chanté “Nila Demé” en version un peu acoustique traditionnelle ainsi que “Sopé Yi” en version plutôt mbalax.Elle fera par la suite quelques cours de chant avec le guitariste Adolphe Coly de l’Orchestre national en 2012, pour perfectionner sa musique, mais les sollicitations contribuent à freiner cet apprentissage.De fait, l’artiste est très demandée lors des cérémonies de mariage, les baptêmes et autres séances de lutte dans les quartiers, une audience dont elle profite pour tracer sa voie, aidée en cela par sa grande sœur Awa Mbaye, jumelle de Adama, le frère qui lui reste après la disparition de l’aîné de la famille Mbaye, Ablaye.“Mon handicap n’est en rien un frein pour vivre ma passion pour la musique et ne me gêne en rien dans mon travail. Sur scène, je ne me considère pas comme une non-voyante, car je fais tout ce qu’un artiste normal fait, je vais dans les boîtes de nuit si j’ai une prestation la nuit, aidée par Awa ou Adama, rien ne m’empêche de vivre ma musique”, assure Mame Coumba Mbaye.Elle compte dans sa discographie cinq singles et trois vidéos clips inspirés par des sujets de société à travers lesquels l’artiste ambitionne de contribuer à l’éveil des consciences.Mame Coumba Mbaye chante aussi sa mère dans “Yay Gnianalma” (Maman, prie pour moi en wolof), réplique de la chanson de Ablaye Mbaye dédié à cette même mère et intitulée “Yay Balma” (Maman, pardonne-moi), entre autres, dont celui dédié au Prophète Mohamed (PSL) dans “Nabi”.La compositrice et chanteuse rêve de se produire sur les grandes scènes nationales comme internationales avec son orchestre dénommé “Groupe and Liggey”. D’ici là, elle compte sortir un album pour marcher sur les pas de son frère et fructifier son héritage.Mme Tall Mame Coumba Mbaye en appelle à toutes les bonnes volontés qui peuvent l’accompagner, saluant au passage le soutien des artistes chanteurs Yoro Ndiaye et Pape et Cheikh. Ces derniers lui ont toujours apporté leur appui depuis la disparition de son frère, souligne-t-elle, de même que Moustapha Ndiaye, manager de Ablaye, qui assure aussi la promotion de sa musique.FKS/BK
SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COMMEMORATION-REPORTAGE / Bamboung, une idée des trésors du delta du Saloum – Par Mohamed Tidiane Ndiaye (APS)