Mamane de retour à Dakar avec son spectacle ‘’Histoire pas drôle de l’Afrique’’
Mamane de retour à Dakar avec son spectacle ‘’Histoire pas drôle de l’Afrique’’

SENEGAL-NIGER-HUMOUR-SPECTACLE

Dakar, 10 juin (APS) – L’humoriste et chroniqueur nigérien Mamane annonce qu’il sera ce vendredi au Grand Théâtre national de Dakar, où il présentera son nouveau spectacle intitulé “Histoire pas drôle de l’Afrique”.

Cette œuvre à la fois comique et réflexive, nourrie par l’histoire du continent, s’inscrit dans une tournée panafricaine qui l’a déjà conduit dans plusieurs capitales africaines.

Dans un entretien accordé à l’APS, l’artiste explique que ce spectacle ‘’revient sur les absurdités de notre passé et les travers de nos États modernes, sans jamais perdre de vue la force, la résilience et la dignité des peuples africains’’.

Il y explore les conséquences durables de la colonisation, les fragilités institutionnelles des États post-indépendance, les réalités migratoires, ou encore la manière dont certains termes du vocabulaire politique et médiatique continuent à véhiculer une vision biaisée de l’Afrique.

‘’Une règle et un crayon. C’est tout ce qu’il a fallu pour tracer les frontières des pays africains. À partir de là, beaucoup de malentendus sont nés”, rappelle-t-il, en évoquant la Conférence de Berlin (1884-1885), qui a consacré le partage colonial du continent entre puissances européennes.

Une œuvre à portée panafricaine

Présenté récemment à Libreville, Lomé, Bamako, N’Djamena, Kinshasa, Douala ou encore Accra, ‘’Histoire pas drôle de l’Afrique’’ s’inscrit dans une dynamique de circulation continentale. Mamane dit vouloir ‘’créer du lien entre les peuples africains à travers le rire’’, un outil qu’il qualifie de ‘’puissant levier de conscience’’.

‘’Ce spectacle est un moment de réflexion à travers l’humour. Il s’adresse aux Africains, mais aussi au monde, pour poser des questions essentielles sur notre histoire, notre mémoire, nos combats, nos rêves’’, a-t-il fait savoir.

Selon lui, ce spectacle se distingue de ses précédents par son orientation thématique. ‘’Là, vraiment, c’est un spectacle entièrement consacré à l’Afrique. L’Afrique vue par les Africains. L’Afrique racontée par un Africain, sur scène, avec ses mots, sa sensibilité, sa lucidité et ses contradictions’’, a-t-il dit.

‘’Parler de Thiaroye, de Senghor, de Cheikh Anta Diop’’

Mamane se dit particulièrement heureux de se produire à nouveau au Sénégal, un pays qu’il affectionne. ‘’Ce retour à Dakar représente pour moi toujours une étape de plaisir. J’y ai déjà joué au moins trois fois et ça a toujours été parmi mes meilleurs moments sur scène’’, a-t-il confié.

Dans ce nouveau spectacle, l’humoriste dit vouloir rendre hommage à de grandes figures africaines. ‘’Je veux parler de Thiaroye, de Senghor, de Cheikh Anta Diop. De ces hommes illustres qui ont pensé l’Afrique, qui ont sacrifié leur vie pour l’émancipation du continent’’, déclare-t-il, promettant ‘’un rire intelligent, sans vulgarité’’, fidèle à son style.

Le retour du “Président-Fondateur”

Comme dans ses précédentes créations, Mamane mettra en scène le célèbre ‘’Président-Fondateur’’, personnage emblématique de son univers humoristique. Inspiré des régimes autoritaires, il incarne les dérives du pouvoir absolu.

‘’Il s’agit d’un personnage composite, qui regroupe les travers de plusieurs dirigeants. Il ne vise pas une personne en particulier, mais un système’’, explique l’humoriste. ‘’C’est une caricature volontairement excessive, pour souligner l’absurdité de certains comportements et dénoncer les abus du pouvoir’’, ajoute-t-il.

Mamane s’appuie également sur le concept du Gondwana, pays imaginaire qu’il utilise depuis plus d’une décennie pour dépeindre avec ironie les tares des régimes autoritaires africains. Ce mot, aujourd’hui entré dans le langage courant, est selon lui devenu un outil critique.

‘’Le Gondwana, c’est ce qu’on ne veut pas. Un pays sans liberté, sans routes, sans écoles, sans soins. Je suis heureux que ce terme soit désormais repris par des citoyens, des syndicalistes, des opposants, pour dire à nos dirigeants : nous ne voulons pas devenir un Gondwana’’, a-t-il confié.

Un humour exigeant face à l’ère numérique

Évoquant les mutations de son métier, Mamane souligne l’impact des réseaux sociaux sur la pratique humoristique. ‘’Aujourd’hui, tout le monde peut rire gratuitement sur Internet. La vraie question pour un humoriste, c’est qu’est-ce que j’ai à offrir de plus qu’une vidéo (…) ?, s’interroge-t-il.

Pour lui, l’humour de scène doit se distinguer par sa profondeur, sa qualité d’écriture et son impact. ‘’C’est la différence entre manger un sandwich dans la rue et s’attabler dans un restaurant gastronomique. Mon spectacle, c’est ce plat cuisiné avec rigueur, avec amour et avec conscience’’, fait-il valoir.

Il insiste aussi sur les principes qui guident sa démarche. ‘’Je ne fais pas d’humour vulgaire, je ne m’en prends pas aux gens pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils font. Mon humour critique les faits, pas les personnes’’, a-t-il tenu à préciser.

‘’L’humour est la politesse du désespoir’’

Pour Mamane, l’humour n’est pas seulement un art du divertissement, mais un outil de questionnement. ‘’C’est la politesse du désespoir. L’humour peut dire l’indicible, aborder les sujets les plus sensibles sans heurter, à condition d’être juste, drôle et respectueux’’, selon lui.

L’artiste dit ne chercher ni la polémique, ni la provocation gratuite. ‘’Un humoriste, c’est un citoyen comme les autres, avec une conscience, une responsabilité. Je veux semer des graines dans l’esprit du public, pour qu’il comprenne que la parole des dirigeants n’est pas parole d’évangile’’, affirme Mamane

A ce propos, il a indiqué que ‘’les dirigeants sont des êtres humains comme nous. Ils nous doivent des comptes. Mon travail, c’est de rappeler cela, avec humour, sans haine, mais sans complaisance’’, a-t-il avancé.

MK/ASB/ASG

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