SENEGAL-AGRICULTURE
Dakar, 13 mars (APS) – Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, a préconisé, jeudi, à Dakar, un meilleur ciblage et une rationalisation des financements destinés au secteur agricole en vue de l’atteinte de la sécurité et de l’autosuffisance alimentaires.
“Je lance un appel au secteur privé national. Nous ne pouvons pas atteindre l’autosuffisance et la sécurité alimentaires, si le secteur privé national ne s’y met pas”, a-t-il dit à l’ouverture d’un atelier de deux jours consacré au financement de la nouvelle politique agrosylvopastorale (agriculture, foresterie et élevage).
Le financement de l’agriculture par le secteur privé ne porte pas nécessairement sur la disponibilité de l’argent, a précisé M. Diagne, ajoutant que “la question est de savoir si cet argent a atteint les véritables destinataires ou pas”.
“Il y a eu beaucoup de gaspillage” dans ce domaine, a-t-il signalé.
Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage préconise la “rationalisation” des financements, d’autant plus que “la cinquantaine de fonds” intervenant dans le secteur de l’agriculture “essaient de faire la même chose”.
“À mon arrivée au ministère, j’ai remarqué que 100 milliards de francs CFA étaient consacrés au financement des engrais et des semences. Or, on n’a même pas de semences certifiées”, a relevé Mabouba Diagne.
Selon lui, une situation identique prévaut dans le secteur bancaire, avec l’existence de “beaucoup d’institutions de microfinance”.
“Nous devons consolider, avoir avec une vraie banque de développement, des banquiers et des acteurs bien formés”, a suggéré M. Diagne.
Le secteur privé, en ce qui le concerne, doit veiller à ce que l’agriculture familiale, l’élevage et la pêche artisanale soient productifs, selon le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage.
“Si ce n’est pas productif, ça ne va pas rembourser les crédits. Si on ne rembourse pas les crédits, on a du mal à accéder de nouveau aux financements”, a-t-il fait observer.
“Nous serons un interlocuteur crédible auprès des partenaires financiers…”
Mabouba Diagne soutient, par ailleurs, que “le banquier a peur de financer l’agriculture, parce qu’elle n’est pas formalisée, dans une bonne partie des cas”.
“Les agriculteurs ne sont pas bien formés et ne tiennent pas une comptabilité”, a-t-il signalé.
La reconstitution du capital semencier, l’investissement dans les infrastructures stratégiques et la promotion de l’élevage familial font partie des piliers de la politique agrosylvopastorale, selon Mabouba Diagne.
Il faut, dans le même temps, moderniser l’agriculture et assurer “une gestion rigoureuse des ressources financières en tenant comptes des priorités”, a suggéré M. Diagne.
“Si on ne fait pas ça, on aura beau parler de financement, on va échouer”, a-t-il tranché, invitant ses collaborateurs à la “consolidation” des projets du ministère.
“On n’a pas besoin de 50 000 projets dans un ministère”, a soutenu M. Diagne, estimant qu’il vaut mieux avoir deux bons projets fonctionnant correctement que d’en avoir 10 dont on ne maîtrise pas la gestion. “J’ai l’intime conviction que nous serons un interlocuteur crédible auprès des partenaires techniques et financiers, si nous arrivons à rationnaliser les financements.”
Mabouba Diagne dit également miser sur l’aboutissement d’un projet de coopératives agricoles communautaires, sous la forme de “fermes agroécologiques, pour faire de l’élevage, de l’agriculture, de l’aviculture, du maraîchage et de la transformation”.
Un autre projet qu’il dit lui tenir à cœur porte sur “la formation de l’agriculteur de demain, l’éleveur de demain”, a-t-il ajouté.
CS/ABB/BK/HK/ADC/ESF