Lutte contre les hépatites : des avancées malgré la cherté du bilan de santé
Lutte contre les hépatites : des avancées malgré la cherté du bilan de santé

SENEGAL-SANTE

Dakar, 27 juil (APS) – La réponse aux hépatites connaît des avancées au Sénégal, illustrées par un recul de la prévalence de 17% de la population générale en 1998 à 7% en 2025, a indiqué la responsable du Programme national de lutte contre les hépatites, Pr Aminata Sall Diallo.

La cherté du bilan de santé dont celle des tests de diagnostic constitue toutefois une limite à la lutte contre cette maladie, a reconnu toutefois Pr Diallo, interrogée par l’APS, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les hépatites.

Cette journée, célébrée chaque année le 28 juillet, est axée cette année sur le thème ‘’Hépatite : faisons tomber les barrières’’.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le thème rappelle qu’il faut agir d’urgence pour venir à bout des obstacles financiers, sociaux et systémiques, y compris la stigmatisation qui freine l’élimination de l’hépatite et la prévention du cancer du foie.

Le professeur Aminata Sall Diallo révèle qu’à l’échelle nationale, 7 % de la population générale a été en contact avec le virus de l’hépatite B en 2025.

”Donc, vous faites 7% de 18 millions et vous pouvez avoir le chiffre [environ 1,260 millions de personnes]. En ce qui concerne le mode évolutif, la gravité est toujours la même’’, dit-elle.

La responsable du Programme national de lutte contre les hépatites insiste sur l’immensité du chemin parcouru dans le combat contre ces maladies.

‘’Si on regarde, le Programme national de lutte contre les hépatites a démarré ici au Sénégal en 1998. C’est un des programmes pionniers au niveau de l’Afrique de l’Ouest. Et la prévalence en 1998 était de 17%. Aujourd’hui, nous sommes à moins de 7%. Donc, nous avons perdu 10 points de prévalence’’, a-t-elle salué.

‘’C’est énorme ! C’est des efforts considérables qu’il faut saluer par l’ensemble de la communauté africaine, pour les efforts qui ont été faits dans la lutte contre les hépatites’’, a-t-elle encouragé.

”Je pense que nous devons tous dire bravo. On n’est pas dans l’autosatisfaction. Mais, c’est vraiment des progrès très importants qui méritent d’être soulignés”, a-t-elle insisté.

Elle souligne que ces résultats sont le fruit des campagnes de sensibilisation menées à travers le pays.

‘’Il y a eu énormément de campagnes de sensibilisation. Que ce soit des campagnes au niveau des populations à risque, que ce soit le personnel de santé, que ce soit les personnes qui sont porteuses de maladies sexuellement transmissibles, etc. Nous avons fait énormément de progrès dans la sensibilisation’’, a-t-elle vanté.

Vingt-cinq ans de lutte et de sensibilisation

Aujourd’hui, cela fait 25 ans qu’existe le Programme national de lutte pour les hépatites, un quart de siècle rythmé par des actions de sensibilisation.

Chaque année, pendant la journée mondiale célébrée le 28 juillet, le Programme national de lutte contre les hépatites et les associations de malades saisissent l’opportunité pour sensibiliser de manière active.

Ce travail vient s’ajouter aux sensibilisations ponctuelles menées par des associations de malades et d’autres relais susceptibles de porter la voix encore plus haut.

Au chapitre des points de satisfaction, le Pr Sall a rappelé que la vaccination à la naissance a été intégrée dans le Programme élargi de vaccination (PEV).

Cette question est réglée, à l’instar de celle de la diminution du  réservoir de virus à travers la prise charge des malades.

‘’(…) Nous disposons du médicament. Nous pouvons aujourd’hui traiter les malades, quel que soit leur nombre. Et vraiment, je pense qu’il y a beaucoup d’efforts’’, a-t-elle magnifié.

Concernant la disponibilité du médicament, elle signale aussi ‘’des efforts extrêmement importants au point de vue traitement qui, réellement, aide justement à éviter cette évolution négative vers la cirrhose, c’est-à-dire le cancer du foie dans le cas de certaines hépatites chroniques’’.

‘’Aujourd’hui, nous disposons d’une molécule qui est une molécule très répandue, très disponible et qui nous permet de pouvoir prendre en charge les malades avec réellement une diminution de la morbidité, donc du nombre de cas qui évoluent mal’’, rappelle-t-elle.

L’équation de l’ADN viral

Toutefois, beaucoup de défis restent à relever, le plus urgent étant sans les tests de diagnostic.

”Ce qui n’est pas accessible aujourd’hui et pour lequel nous nous battons, c’est réellement les tests de diagnostic. Nous ne pouvons pas mettre un malade sous traitement, si nous ne faisons pas la recherche de l’ADN viral’’, regrette-t-elle.

Le hic selon elle est que la recherche de l’ADN (base azotée du corps humain) viral coûte cher. Le prix varie entre 75 000 et 100 000 francs CFA, selon les laboratoires, précise-t-elle.

”Nous avons besoin de ce test-là et il n’est pas accessible’’, a-t-elle déploré.

C’est pourtant un test impératif dans la prise en charge en ce qu’il permet de suivre les malades qui sont sous traitement, fait-elle remarquer.

”Les malades qui sont sous traitement doivent faire ce test au moins une fois l’année. Et nous n’avons pas le bilan biologique de suivi des malades’’, déplore la responsable du Programme de lutte contre les hépatites.

En plus du bilan de santé, elle plaide pour la mise en place d’un laboratoire de référence permettant de faire de la biologie moléculaire pour pouvoir dépister l’ADN viral du virus de l’épidémie.

Ce laboratoire permettra, de l’avis du Professeur Diallo, de pouvoir suivre convenablement les malades.

”Il faut que cela soit accessible financièrement. Au point de vue technologie, nous avons les technologies.  Au point de vue accessibilité, c’est beaucoup trop cher”, regrette-t-elle.

Les virus responsables des hépatites chroniques B et C entraînent des lésions qui évoluent de manière silencieuse, parfois vers un cancer.

Toutefois, il est possible d’éviter cette évolution et de traiter les hépatites, selon l’OMS. Elle indique que dans le cas de l’hépatite C, il est même possible d’en guérir, selon l’OMS.

L’organisation onusienne rappelle la nécessité d’agir immédiatement pour élargir l’accès, intégrer la prise en charge et faire en sorte que l’hépatite ne soit plus une menace pour la santé publique d’ici à 2030.

NSS/FKS/ASG