Kaolack, 7 fév (APS) – L’immatriculation du cheptel à travers un système de géolocalisation efficace constitue une alternative aux stratégies traditionnelles de lutte contre le vol de bétail au Sénégal, a indiqué l’expert du bureau sous-régional de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour l’Afrique de l’Ouest, l’ingénieur agronome spécialiste en production animale, Dr Ibrahima Thiam.

 »L’absence d’immatriculation de l’animal est non seulement un blocage pour la lutte contre le vol de bétail, mais aussi pour la traçabilité même des animaux », a, d’emblée, souligné Dr Thiam.

Plaidant pour l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la lutte contre le vol de bétail, il a soutenu que l’identification du cheptel permet à chaque animal de disposer d’un numéro rattaché à un troupeau, à un propriétaire, à une localité, à un département, à une région et à un pays, permettant ainsi d’assurer sa traçabilité.

Dr Ibrahima Thiam intervenait lors d’une mission de sensibilisation sur les enjeux et les impacts du vol de bétail, dans les régions de Kaffrine et Kaolack, initiée par le bureau sous-régional ouest-africain de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) du 25 au 28 janvier dernier.

Cette mission de sensibilisation des acteurs pastoraux et de plaidoyer à l’endroit des plus hautes autorités sur ce fléau a enregistré la présence de journalistes et des responsables de l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail au Sénégal (ANLCVB).

Insistant fortement sur l’importance de l’identification, le zootechnicien et agroéconomiste révèle que cette procédure est cruciale pour l’amélioration génétique avec tous les programmes qui permettent d’augmenter la production de lait, de viande, etc…

 »C’est à partir de la généalogie de l’animal ou d’un groupe d’animaux qu’on peut arriver à choisir les meilleurs animaux qu’on va utiliser pour la sélection avec des logiciels qui existent », a-t-il expliqué lors du passage de la mission de la FAO dans le département de Birkelane.

La FAO, misant beaucoup sur la digitalisation de l’agriculture, les TICs (grâce au système de géolocalisation) peuvent constituer une solution au vol de bétail, selon l’expert.

 »Ce système de géolocalisation peut, non seulement contribuer à la lutte contre le vol de bétail, mais aussi servir à d’autres segments de l’élevage notamment la gestion de reproduction, des pâturages, le suivi des animaux, l’amélioration génétique, l’identification et la traçabilité du bétail », a  t -il affirmé.

Sans une identification et une traçabilité du bétail, il juge difficile de procéder à  »l’amélioration génétique de nos races, qui est l’une de nos faiblesses, parce que nos races ne produisent pas beaucoup ».

Pour le Dr Ibrahima Thiam, l’identification permet à chaque animal de disposer d’un numéro rattaché à un troupeau, un propriétaire, une localité, un département, une région et à un pays. Ce qui permet ainsi d’assurer sa traçabilité.

L’abattage clandestin, un problème de santé publique

Sur un autre registre, Dr Ibrahima Thiam est foncièrement opposé à l’abattage clandestin qui, selon lui, est à l’origine de nombreux problèmes de santé publique, aussi bien pour les animaux que pour les humains.

 »La finalité de tout ce bétail volé, c’est d’aller directement dans le circuit de l’abattage clandestin en dehors de tout contrôle vétérinaire officiel pour s’occuper de l’inspection sanitaire et de salubrité ainsi que des aspects liés à la santé animale et d’appui-conseil aux éleveurs. Il faut que des dispositions soient prises, parce que c’est une problématique de santé publique », a-t-il indiqué.

 »Nous nous sommes dans un monde où il y a beaucoup de zoonoses, c’est-à-dire des maladies qui sont transmissibles de l’animal à l’homme. Si de telles maladies sont détectées à l’abattoir, grâce à l’identification on pourrait remonter au propriétaire. Et si c’est une maladie contagieuse, on prend les dispositions nécessaires »  affirme le spécialiste en zootechnique et agroéconomie.

Ainsi, il recommande que les populations soient sensibilisées sur les dangers de ces maladies parmi lesquelles on peut citer la fièvre de la Vallée du Rift, la tuberculose et d’autres pathologies comme les charbons.

En plus de ces maladies, l’ingénieur agronome signale la présence d’autres types de pathologies propagées par les animaux et qui ne peuvent être détectées que dans les laboratoires.

 »Il existe d’autres pathologies très graves qui peuvent entrainer une mortalité rapide, en 24-48 heures, au maximum. Il s’agit du charbon bactéridien, une maladie foudroyante qui entraine une septicémie au niveau de l’organisme contaminé par un animal mort que les gens ont tendance à dépiécer. Ce qui pose la problématique de l’abattage clandestin », alerte Dr Ibrahima Thiam.

Chef de service départemental de l’élevage et des productions animales de Birkelane, Samba Thioye est du même avis. En effet, il trouve que la lutte contre le vol de bétail contribue largement à promouvoir la santé publique.

Ses services effectuent régulièrement des inspections ante et post-mortem.

 »Pour l’inspection ante mortem, il y a l’identification qui consiste à retracer l’animal avant son abattage », explique-t-il.

Ce qui, selon M. Thioye, fait partie des solutions mises en place, en plus de la surveillance épidémiologique pour déceler les différentes pathologies.

 »Le vol de bétail cause un véritable problème de santé publique pour les populations, puisque l’abattage du bétail volé ne répond à aucune norme sanitaire », a relevé Samba Thioye qui en  appelle à la diligence du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, pour qu’il prenne des mesures allant dans le sens de combattre définitivement le phénomène du vol de bétail.

ADE/ASB/HB/OID/ADL

 

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