SENEGAL-INSTITUTIONS
Dakar, 2 avr (APS) – La députée Anta Babacar Ngom a préconisé mercredi la mise en place d’une commission vérité et réconciliation au sujet des violences politiques ayant secoué le pays entre 2021 et 2024.
‘’Aujourd’hui, on vous propose de mettre en place une commission vérité et réconciliation, à l’image de ce qui avait été fait en Afrique du Sud. Pour que la vérité soit rétablie, il faut que les faits soient clarifiés, que des enquêtes soient menées mais sur tous les faits’’, a déclaré la députée non inscrite à la tribune de l’Assemblée nationale.
Anta Babacar Ngom, candidate à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, réagissait lors de l’examen par les députés d’une proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie des faits de violences parfois meurtrières qui avait secoué le Sénégal entre 2021 et 2024.
Ce projet de loi, adopté par les députés le 6 mars 2024 et promulgué une semaine plus tard, avait ouvert la voie à l’élargissement de prison des responsables et militants du parti Pastef-Les patriotes. Elle jetait en même temps une hypothèque sur toute possibilité de poursuite contre les commanditaires et auteurs d’actes de violences en lien avec la crise politique que traversait le Sénégal.
La proposition de loi vise à “clarifier le champ d’application de la loi d’amnistie pour y exclure notamment toutes les infractions criminelles ou correctionnelles qui seront qualifiées de tortures, d’actes de barbarie, de meurtre, d’assassinat, de disparition forcée de personnes et d’utilisation de nervis armés”, a précisé le groupe PASTEF lors d’une conférence de presse.
Selon Amadou Ba, l’auteur de cette proposition de loi, “tous les auteurs d’actes d’assassinat, d’actes de tortures et de meurtres, quel que soit le bord politique auquel ils appartiennent, ne seront jamais couverts par l’amnistie”.
L’annonce du dépôt d’une telle proposition de loi a été suivie d’une levée de boucliers du côté de certaines formations politiques de l’opposition, d’organisations de la société civile et d’activistes qui prêtent aux nouvelles autorités une volonté de régler des comptes.
‘’Nous voulons la vérité et je vous en donne notre parole. La seule différence avec vous c’est que nous voulons toute la vérité. Il ne faut pas manipuler les Sénégalais. Il y a des divergences, une incompréhension réelle à cause de l’absence de concertation et d’explication claire de cette proposition de loi’’, a fait valoir Anta Babacar Ngom
Elle n’a pas manqué de souligner que la mise en place d’une commission vérité et réconciliation permettra de faire la lumière sur ces évènements, ce qui permettra ensuite de parler de réconciliation et de pardon pour ceux qui veulent pardonner. ‘’On pourra par la suite parler d’indemnisation’’, a-t-elle précisé.
De nombreuses personnes ont perdu la vie entre 2021 et 2024 lors de manifestations durement réprimées par les forces de l’ordre. Des dizaines d’autres avaient été blessées tandis que d’importants dégâts matériels avaient été enregistrés.
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