Les systèmes de production actuels des pays africains ne permettent pas d’atteindre la souveraineté alimentaire (spécialiste)
Les systèmes de production actuels des pays africains ne permettent pas d’atteindre la souveraineté alimentaire (spécialiste)

SENEGAL-AGRICULTURE-ANALYSE

Dakar, 15 nov (APS) – Les systèmes de production existant dans la plupart des pays africains, basés sur les petites exploitations familiales, ne permettent pas d’arriver à une souveraineté alimentaire, a indiqué Modou Fall, consultant en stratégie et en industrialisation.

‘’On parle de souveraineté alimentaire mais le constat est que le système de production actuel ne permet pas d’avoir un changement réel. La production est basée sur les exploitations familiales dont la plupart ont besoin d’être accompagnées”, a-t-il déclaré dans un entretien avec l’APS.

Selon lui, pour atteindre cette ambition d’autonomisation, les producteurs doivent pouvoir satisfaire les besoins des milliers de populations.

‘’Dans les pays développés qui sont excédentaires sur des céréales industrialisées comme le riz, le blé ou même le maïs […], on voit 2% ou bien 3% de la population qui produisent pour tous les autres pays’’, a-t-il donné en guise d’exemple.

Modou Fall est convaincu que ce même modèle peut être appliqué au Sénégal si toutefois il est adapté aux réalités du pays.

Il a rappelé que les Etats africains réfléchissent toujours sur la manière de trouver les mécanismes pour mettre à la disposition des investisseurs les terres appartenant aux communautés sans créer des conflits ou favoriser les exploitations familiales sur moins d’un hectare ou deux.

M. Fall, également promoteur d’African grains industries (AGI), semble trouver une réponse à cette équation à travers un ‘’modèle hybride’’ qui permet de combiner les deux.

‘’On peut à la fois faire de l’agrobusiness qui s’appuie sur la petite exploitation. Pour pouvoir atteindre l’autosuffisance alimentaire, notre modèle d’industrialisation qu’on est en train de tester est basé sur le changement d’échelle’’, a-t-il indiqué.

Les systèmes de production actuels des pays africains ne permettent pas d’atteindre la souveraineté alimentaire (spécialiste)

La promotion du fonio par ‘’l’agrégation’’

 Le schéma actuel d’optimisation de la production des exploitations familiales va toujours déboucher sur des contraintes d’insuffisance et le pays va toujours dépendre des importations parce que le besoin n’est pas satisfait, a-t-il alerté.

Modou Fall soutient avoir testé, en collaboration avec ses partenaires, ce modèle hybride dans la région de Sédhiou sur le fonio qui repose sur ‘’l’agrégation’’.

‘’Les petites exploitations familiales, les propriétaires familiales des terres de deux hectares, trois hectares font l’objet d’un groupement. […] On regroupe les lopins de terres, les parcelles. Ces parcelles restent avec les communautés, il n’y a pas de transfert de propriété’’, a-t-il expliqué.

Pour ce modèle proposé par l’AGI, les communautés ne sont pas expropriées de leurs terres mais c’est plutôt un partenariat gagnant-gagnant.

‘’Elles amènent leurs terres, leur savoir-faire, nous amenons les équipements, l’expertise, et nous mettons ensemble nos moyens pour produire. […]. Chacun garde ce qui lui appartient. Cette année, on l’a testé sur plus de 130 hectares et il n’y a aucun hectare qui nous appartient’’, a avancé le spécialiste en finance et comptabilité.

Pour lui, il est bien possible de faire un ‘’agrobusiness inclusif’’ qui accompagne et intègre les communautés qui peuvent même devenir des actionnaires dans le capital de l’entreprise.

Modou Fall considère que le modèle le plus simple, c’est de démarrer par une campagne de mise à disposition, de location ou de coproduction sur des contrats de court terme.

Il souligne qu’on peut aller jusqu’à mettre en place une société coopérative de production de céréales pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.

FD/HK/ASB