SENEGAL-AFRIQUE-BIOTECHNOLOGIES
Saly (Mbour), 18 juil (APS) – Les pays africains sont obligés d’adopter les biotechnologies, particulièrement les Organismes génétiquement modifiés (OGM), afin de tirer profit de leurs avantages face au changement climatique et aux défis de développement, a estimé le Directeur exécutif de l’Autorité nationale de biosécurité (ANB), Pr Aliou Ndiaye.
”Nous sommes dans un village planétaire. Nous sommes obligés d’adopter les biotechnologies, les organismes génétiquement modifiés (OGM) afin de tirer profit de leurs avantages’’, a-t-il dit.
Pr Aliou Ndiaye s’exprimait, jeudi, lors d’un atelier de deux jours de formation et de sensibilisation de journalistes sur les biotechnologies modernes, notamment le cadre juridique de biosécurité.
‘’L’utilisation des OGM, au Sénégal comme dans d’autres Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a-t-il rappelé, est régie par une réglementation communautaire résultant de la transposition des dispositions du protocole de Cartagena (Colombie), sur la prévention des risques biotechnologiques’’.
”Donc, il faut qu’on puisse encadrer l’adoption des OGM et identifier les avantages que nos pays, en particulier le Sénégal, peuvent tirer des biotechnologies modernes”, a-t-il insisté.
Il a souligné qu’il y a beaucoup de débats dans le monde autour de l’utilisation ou non des OGM. ‘’Mais le plus important pour moi, c’est de voir les avantages des biotechnologies modernes pour nos pays, de voir comment utiliser les biotechnologies modernes pour répondre à nos défis de développement’’, a-t-il expliqué.
Pr Ndiaye a invité les pays africains à mettre en place, dans ce sillage, des structures scientifiques pour encadrer le processus d’adoption.
Evoquant les inconvénients supposés des biotechnologies modernes, il a assuré que ‘’sur le plan scientifique, il n’y a pas encore de preuve qui montre que la consommation des OGM peut avoir un impact négatif sur la santé humaine’’.
Le Directeur exécutif de l’Autorité nationale de biosécurité a cité en exemple les Etats-Unis, un pays qui a adopté depuis longtemps les OGM. ‘’Donc, si réellement cela avait des impacts négatifs sur la santé des hommes, on l’aurait su’’, a-t-il fait valoir.
Il a affirmé que sur le plan scientifique, ce n’est pas encore prouvé que la consommation des OGM puisse être à l’origine d’une maladie chez l’homme.
Pr Aliou Ndiaye a plaidé à cet effet pour l’adoption du décret fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement de l’ANB au Sénégal.
Selon lui, ”une fois signé, ce décret peut aider le Sénégal à faire des recherches sur les biotechnologies modernes pour apporter des réponses contre la salinité des sols et la sécheresse, en développant des espèces végétales adaptées aux sols salés”.
‘’Il faut ce décret pour qu’on puisse entrer à fond pour utiliser les biotechnologies modernes dans la résolution de nos problèmes environnementaux’’, a ajouté le spécialiste en biotechnologies modernes.
Le secrétaire permanent de l’Autorité nationale de biosécurité (ANB), le Colonel Lamine Kane, a indiqué à son tour que ‘’l’Europe dans sa majorité autorise l’utilisation des OGM dans l’alimentation humaine et animale’’.
Il y a donc un niveau important d’utilisation des OGM en Europe, a-t-il affirmé, ajoutant qu’aux Etats-Unis, également ‘’toute personne qui a séjourné dans ce pays a consommé des OGM, de même que dans d’autres pays comme la Colombie, le Canada, la Chine ou encore le Bangladesh, la Corée du Sud’’.
En Afrique, par contre, a-t-il relevé, à l’exception de quelques pays (Kenya, Nigéria, Afrique du Sud) on se pose encore des questions sur les résultats de la recherche sur les OGM ou encore sur leur acceptabilité sociale.
Le colonel Lamine Kane de la Direction des parcs nationaux (DPN) a assuré que l’évaluation des risques des OGM a montré ”que les risques sont négligeables”.
‘’Malheureusement, cette désinformation sur des probabilités de dommage ou de risque des OGM cause beaucoup d’inconvénients dans nos pays’’, a-t-il déploré.
Enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, Issa Diédhiou a indiqué que les recherches dans le monde sur les biotechnologies, notamment sur les OGM, ont pu mettre en place des variétés de riz tolérantes au stress salin, à la sécheresse par édition génomique.
Il a aussi indiqué que, de par les biotechnologies, il y a aujourd’hui des variétés agricoles de manioc qui résistent aux ravageurs, aux maladies, du riz enrichi en vitamine A, appelé ”Golden rice” ou encore dans la production d’insuline pour les diabétiques’’.
L’OGM est un organisme qui a une combinaison génétique inédite avec un apport en chaine extérieure pour améliorer la qualité des espèces végétales ou animales.
L’Autorité nationale de biosécurité a été créée en 2009. Elle est placée sous la tutelle technique du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique.
AB/ADL/HK/OID