Dakar, 13 jan (APS) – L’université Cheikh Anta Diop de Dakar accueille depuis lundi un séminaire international de cinq jours dont la préoccupation centrale porte sur la diversité épistémologique du monde, avec en toile de fond l’immense variété des savoirs, scientifiques, vernaculaires, ancestraux, religieux, profanes, indigènes, féministes, de modes d’habiter la terre.

« Les épistémologies du sud comme politique de connaissances », est le thème central de la rencontre scientifique qui sera introduite par l’universitaire et sociologue portugais, Boaventura De Sousa Santos. Les travaux académiques de ce dernier appellent à un dialogue interculturel et à l’intégration d’expériences et de formes de connaissances diverses pour renouveler les sciences sociales.

Il s’agira, selon les organisateurs, de s’inscrire dans une « approche pluridisciplinaire et pluri culturelle », en faisant dialoguer plusieurs domaines du savoir : anthropologie, sociologie, philosophie, histoire, droit, sciences de l’éducation, écologique politique, esthétique, médecine.

Les initiateurs insistent aussi sur l’enrichissement mutuel de différentes politiques de connaissances, à travers « la reconnaissance, la mise en résonance, l’hybridation et la créolisation des connaissances, à travers des processus de combinaison de coprésences et de transformation réciproque des écologies de savoirs ».

Les épistémologies du Sud renvoient essentiellement à la manière dont les savoirs et visions du monde des peuples du Sud sont restés « ignorés, invisibilisés et infériorisés », indique-t-on.

« Nous sommes ici dans une initiative que je pense innovatrice, c’est de nous solidariser et de participer comme nous pouvons dans un processus de rénovation qui se passe au Sénégal et qui va être aussi de renouveler et réformer les institutions d’éducation, de toute l’éducation, mais particulièrement de l’université », a fait savoir le professeur Boaventura De Sousa Santos, évoquant la nécessité d’une « certaine rupture avec le passé ».

Le sociologue s’est notamment attardé sur « les connaissances exclues de l’université et (des systèmes) d’éducation et d’autres langues exclues qui doivent être intégrées ».

La chercheure et agro-pédologue, Rokhaya Daba Fall, a invité à prendre en considération la notion de sociologie des différences et celle des similarités, notant que « (…) ce n’est pas pour diviser, mais pour tenir compte des différences afin de pouvoir bâtir, justement, des complémentarités ».

« C’est une initiative formidable d’avoir cette éminence (Boaventura De Sousa Santos) sur les épistémologies du Sud en face de nous, et nous parler de toute la théorie qui tourne autour de cette façon de voir qui est très importante face à ce qu’on a connu, là où on nous a moulés par l’éducation, c’est-à-dire tout ce qui est venu du Nord », s’est réjouie Mme Fall.

« Je ne dis pas qu’on doit rejeter le tout, mais il faut nécessairement qu’on se batte contre les oublis de l’histoire qui touchent beaucoup plus l’Afrique subsaharienne », a martelé l’ancienne directrice général de l’Institut national de pédologie.

AFD/SMD/ADL/ASG

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