SENEGAL-FRANCE-SCIENCES-COOPERATION
Dakar, 23 juil (APS) – Le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, Bruno Fuchs, a échangé avec des membres du bureau de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) sur le rôle potentiel que la science, à travers les académies et les institutions scientifiques, peut jouer dans le renforcement des relations entre le Sénégal et la France.
Cet échange s’est déroulé, mardi, au siège de l’ANSTS où Bruno Fuchs s’est entretenu avec le président de l’ANSTS, Moctar Touré, entouré de quelques membres du bureau de l’institution scientifique, a constaté l’APS.
M. Touré s’est dit ‘’heureux’’ de recevoir le président de la commission des Affaires étrangères en marge de sa mission au Sénégal dans le cadre des relations entre les institutions parlementaires des deux pays.
‘’Il nous fait l’honneur de nous rendre visite et d’échanger avec nous sur des questions qui peuvent contribuer au renforcement des relations entre le Sénégal et la France’’, a-t-il salué.
L’ANSTS représente la communauté scientifique sénégalaise, qui est large et riche d’institutions diverses, du monde universitaire comme du monde de la recherche publique et privée, a-t-il souligné.
En France, ‘’nous avons un écosystème d’institutions françaises qui comprend aussi plusieurs académies et plusieurs institutions d’enseignement supérieur et de recherche avec lesquels nous avons des relations très anciennes’’, a-t-il ajouté.
‘’Certains de nos collègues sont même membres de ces institutions, et en particulier des académies françaises’’, a-t-il indiqué.
Les membres du bureau de l’ANSTS sont donc ‘’très heureux’’ d’accueillir le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, ‘’qui, de par sa position, peut nous aider à renforcer davantage les liens avec ”l’écosystème sœur de la communauté scientifique” française, a dit Moctar Touré.
‘’C’est une porte d’entrée politique. Je pense que c’est là où la science et la politique se croisent, et c’est là où la communauté scientifique pourra avoir son effet sur l’ensemble de la population’’, a-t-il estimé.
Il a évoqué l’idée de créer ‘’un mécanisme de consultation et de travail en commun’’ pour que les communautés scientifiques des deux pays ‘’puissent venir en support pour alimenter les décisions des politiques’’.
‘’Je crois qu’il y a un mécanisme à mettre en place dans le cadre des consultations entre les deux pays (…)’’, a-t-il plaidé.
Pour le président de l’ANSTS, il y a beaucoup d’opportunités concrètes, de thématiques, d’ordre global sur lesquelles ‘’on peut définir des programmes co-construits, co-gérés et co-mis en œuvre’’.
A son tour, le président de la commission des Affaires étrangères a déclaré que c’était ‘’un honneur’’ pour lui d’être reçu ici à l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal.
Il a rappelé le travail qu’il faisait régulièrement pour ‘’renforcer les liens’’ entre le Sénégal et la France.
Le président Fuchs a rappelé aussi ‘’la mésaventure qui a choqué le public’’ et lui en particulier, allusion au refus par les services consulaires français d’accorder un visa au président de l’ANSTS.
En effet, Moctar Touré, s’est vu refuser le visa début juillet, une décision qui avait suscité une vague d’indignation. Dans un entretien avec Le Soleil, l’ambassadrice de France à Dakar, Christine Fages, avait évoqué ‘’une incompréhension’’. Le président Touré a pu finalement obtenir le visa.
‘’Cette mésaventure a fait prendre conscience qu’en réalité, il faut transformer toutes les difficultés en opportunités. C’est la raison pour laquelle on se retrouve aujourd’hui’’, a dit Bruno Fuchs.
Le Sénégal et la France sont liés historiquement, a-t-il relevé tout en notant la nécessité de tracer le ‘’chemin d’un nouveau partenariat’’ fondé sur ‘’une relation d’égalité et de souveraineté’’.
‘’C’est-à-dire que du côté français, il faut évoluer vers ça, vers la reconnaissance d’une égalité et d’une souveraineté’’, a-t-il dit.
‘’On sait que quand une relation est forte, elle peut apporter des bénéfices aux deux pays. Notre objectif, c’est de multiplier aussi les initiatives citoyennes, la diplomatie parlementaire, la diplomatie scientifique’’, selon Bruno Fuchs.
Il a déclaré avoir fait ‘’le tour, avec l’ensemble du Bureau de l’ANSTS, pour voir quels étaient les sujets scientifiques de coopération, au bénéfice du Sénégal et de la France, mais aussi de l’ensemble des citoyens du monde”.
Selon lui, il y a lieu de voir ‘’comment mieux utiliser les productions, les réflexions et les études scientifiques dans la décision politique’’.
Le monde scientifique et le monde politique sont ‘’deux univers qui ne fonctionnent pas suffisamment ensemble’’, a-t-il déploré.
Il y a les chercheurs d’un côté qui, souvent, ‘’manquent de moyens’’, et d’un autre, il y ‘’a les politiques qui prennent des décisions tous les jours très vite’’, a noté Bruno Fuchs.
Or, estime-t-il, ‘’travailler mieux ensemble, c’est aussi mieux connaître une situation et prendre des meilleures décisions’’.
Concernant la question de la mobilité, il a souligné qu’il ne peut pas y avoir de partenariat qui se développe rapidement et de façon solide dans la durée ‘’’s’il n’y a pas la question de la confiance’’.
‘’Et la confiance vient principalement, en relation bilatérale, de la mobilité. S’il n’y a pas de règles de mobilité très claires, il ne peut pas y avoir de confiance. Il n’y a même pas de partenariat qui se développe’’, a-t-il dit.
Selon lui, il faut fixer des règles de mobilité beaucoup plus fortes.
‘’Si vous arrivez dans un consulat et que vous n’êtes pas bien reçu, vous ne savez pas à l’avance si vous devez avoir votre visa ou pas, qu’il y a beaucoup d’aléas, ça ne renforce pas la confiance en vous ; ça ne renforce pas la capacité à avoir envie de travailler avec vos partenaires’’, a-t-il souligné.
OID/ADL/HK