SENEGAL-MEDIAS-APPUI
Dakar, 2 mai (APS) – Le mode de répartition du Fonds d’appui et de développement de la presse (FADP), censé aider sur le plan financier les entreprises de presse à se développer, n’était pas exécuté dans la transparence, a déclaré le directeur de la Communication, Habibou Dia, dans un entretien à l’APS, à la veille de la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée, samedi.
”La création du Fonds d’appui et de développement de la presse par les pouvoirs publics a été motivée par les difficultés que rencontrent les médias depuis l’avènement de la presse privée, mais le constat est que sa répartition n’a jamais été effectuée dans la transparence’’, a-t-il souligné.
Selon directeur de la Communication, cet argent public octroyé aux médias n’arrivait quasiment aux travailleurs des entreprises de presse, journalistes et techniciens, qui sont au début et à la fin de la chaîne de production de l’information.
C’est pourquoi, a dit Habibou Dia, les nouvelles autorités ont procédé à une entreprise de restructuration du secteur des médias, avec des conditions claires à remplir pour pouvoir désormais bénéficier de cet accompagnement financier de l’État.
Selon lui, ce travail est simple à effectuer, car, il s’agit juste de demander aux médias de soumettre des contrats de travail visés par l’Inspection du travail.
”Lors du premier contrôle, on avait 127 contrats auxquels se sont ajoutés 88. Donc on est à moins de 200 entreprises qui ont mis des contrats visés”, a t-il relevé.
Malgré ce toilettage légal, des entreprises de presse ou qui se présentent comme telles ont exprimé leur désaccord concernant le mode opératoire du ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique.
”En réalité, il y a des acteurs prétendent entreprise être des entrepreneurs médiatiques, des patron de presse qui, dans la pratique, n’emploient personne, et qui profitaient juste de l’aide à la presse, qui était octroyée selon des critères qui n’étaient pas transparents’’, clarifie le directeur de la Communication.
Cette situation explique, selon lui, la précarité dans laquelle se trouvent aujourd’hui les journalistes et les techniciens des médias.
”Pire, ces prétendus patrons de presse ne s’acquittaient pas des cotisations sociales régulières. Et lorsqu’on est confronté à une situation de précarité absolue, il peut être difficile de rester à cheval sur les principes éthiques et déontologiques qui régissent le secteur”, fait observer Habibou Dia.
Parmi les conséquences induites par cela, il cite : ”l’émergence de chroniqueurs qui ont tendance de plus en plus à prendre la place du journaliste formé, mais également le risque pour ce dernier qui est confronté à une situation sociale difficile, de virer petit à petit vers le +mercenariat+ au détriment du journalisme pur, en diffusant des informations, avérées ou pas, en contrepartie d’une rétribution”.
CMS/ABB/OID