SENEGAL-PRESSE-REVUE
Dakar, 16 avr (APS) – La proposition de résolution du député Guy Marius Sagna visant la mise en accusation de l’ancien président Macky Sall pour haute trahison est l’un des sujets en vue dans la livraison de mercredi de la presse quotidienne.
Selon plusieurs quotidiens, dont Vox Populi, le député Guy Marius Sagna Pastef-Les Patriotes, le parti au pouvoir, a transmis au président de l’Assemblée nationale, mardi, une proposition de résolution de mise en accusation de Macky Sall “pour haute trahison”.
La proposition vise notamment “la contraction, hors de tout cadre légal, d’une dette publique d’un montant de 2.517 milliards de francs CFA, sans autorisation parlementaire ni inscription dans la loi de finances”.
Elle pointe aussi “l’usage massif et irrégulier de comptes de dépôt du Trésor (SNPE) pour un montant de 2.562 milliards de francs CFA, en violation du principe de contrôle budgétaire”.
Il s’y ajoute d’autres griefs concernant “la dissimulation du déficit réel de l’Etat […] et de la dette publique globale […]”, ainsi que “la mise en œuvre d’un système de gouvernance financière opaque et dissimulatrice, contraire aux engagements constitutionnels de bonne gouvernance et de transparence dans la gestion des affaires publiques”.
“Pastef envoie Macky [Sall] à la guillotine”, peut-on lire à ce sujet à la une de Walfquotidien. Le journal prévient toutefois que le jugement devant la Haute cour de justice de l’ancien président de la République “ne sera pas chose aisée”.
“Il y a un océan à franchir, de la procédure d’extradition jusqu’à son attrait devant la juridiction, après l’adoption de la proposition de mise en accusation pour haute trahison”, écrit Walfquotidien.
Pas de définition précise de la “haute trahison”
Invité à donner un avis sur cette proposition de résolution, l’enseignant-chercheur en droit Serigne Thiam précise, dans des propos rapportés par Sud Quotidien, que “même s’il y a une loi qui protège un ancien président, ce n’est pas dans le sens qu’il ne puisse pas faire l’objet de poursuites”.
En outre, même si la loi ne propose pas de définition précise du concept de haute trahison, cela ne saurait être un obstacle pour poursuivre un ex-président, note de son côté le professeur de droit constitutionnel Oumar Sow, dans les colonnes du même journal.
En dépit de la complexité juridique et politique de la question, le pouvoir “accélère la marche de Macky Sall vers la Haute cour de justice”, affirme L’Observateur, selon lequel l’ancien président “pourrait bientôt être poursuivi pour haute trahison […]”, si la résolution de Guy Marius Sagna passe à l’Assemblée nationale.
Le journal Le Quotidien rapporte que le groupe parlementaire Takku Wallu Senegaal (opposition), présidée par l’ancien garde des Sceaux Me Aïssata Tall Sall, “désapprouve la démarche du député Pastef Guy Marius Sagna […]”.
“Déterminé à s’opposer à cette ‘forfaiture’, Takku Wallu appelle les Sénégalais à se mobiliser contre la ‘justice des vainqueurs’ que Pastef est en train d’ériger”. Le quotidien L’As relève également que le groupe Takku Wallu, “sur le pied de guerre”, dénonce une “basse manœuvre”.
Les quotidiens s’intéressent plus généralement à la question de la reddition des comptes, en lien avec les résultats des enquêtes portant sur les cas présumés de corruption et d’abus de fonction dans la gestion du Fonds de riposte contre les effets du Covid-19.
Dans cette affaire, le procureur “a émis 25 ordres d’arrestations”, selon le quotidien Libération. Source A évoque une “cascade d’arrestations dans l’affaire des fonds Covid-19, trois ans après la publication du rapport de la Cour des comptes”.
Le procureur Ibrahima Ndoye, “une digue contre l’arbitraire”
“Tous les responsables du ministère de la Santé mis en cause dans l’affaire sont gardées à vue à la DIC”, la Division des investigations criminelles, en attendant qu’ils soient déférés, ce mercredi, ajoute la même publication.
Le quotidien Enquête saisit cette opportunité pour mettre en exergue le parcours du procureur du Tribunal de grande instance de Dakar, Ibrahima Ndoye, en charge de cette affaire.
“Magistrat indépendant, rigoureux et très à cheval sur les principes, l’enfant de Yeumbeul”, une commune d’arrondissement de la banlieue dakaroise, “est aussi décrit comme un homme très pieux qui, pour rien au monde, ne va transgresser sur les principes”, écrit Enquête.
Ibrahima Ndoye “a marqué la justice par son refus de plier sous la pression politique”, poursuit le journal. “Il ne recule pas, même face aux symboles intouchables”, insiste Enquête, en rappelant certaines affaires qui ont coïncidé avec “un tournant dans sa carrière”.
“Face aux potentielles dérives craintes, il peut être une digue contre l’arbitraire”, semble se rassurer le journal, qui affiche, en allusion au u procureur du Tribunal de grande instance de Dakar : “Un magistrat droit dans ses bottes”.
La campagne agricole 2025 fait également la une de plusieurs quotidiens, comme Yoor-Yoor, qui annonce que le gouvernement ”prévoit 130 milliards pour booster l’agriculture”. ”Un budget sans précédent…”, se réjouit Le Soleil avant d’annoncer la distribution des intrants agricoles ”à partir du 25 avril”.
Le Quotidien 24 Heures laisse entendre que les pouvoirs publics nourrissent une ambition ”sans borne” pour le secteur de l’agriculture, avec la confirmation, par le Premier ministre, Ousmane Sonko, de l’inscription dans la loi de finances 2025 d’une subvention de 130 milliards dédiée à la campagne agricole.
Le quotidien L’As signale que des ”mesures phares” portant sur la campagne agricole 2025 ont été annoncées par le gouvernement à l’issue d’un conseil interministériel présidée mardi par le Premier ministre Ousmane Sonko.
Ces dernières concernent le paiement des arriérés dus aux opérateurs, le renforcement de l’accès aux infrastructures de stockage et aux équipements de collecte pour chaque filière, détaille le journal.
BK